DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 57

20 may 1864 Nîmes PITRA Cardinal

Doit-il rester grand vicaire?

Informations générales
  • DR05_057
  • 2209
  • DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 57
  • Cop. du P. E.Bailly ACR, AO 203; D'A., T.D. 40, n. 7, pp. 78-79.
Informations détaillées
  • 1 CARDINAL
    1 CLERGE SECULIER
    1 CONGREGATION DES AUGUSTINS DE L'ASSOMPTION
    1 CURES D'EAUX
    1 EVECHES
    1 EXAMEN DES JEUNES PRETRES
    1 LITURGIES PARTICULIERES
    1 NONCE
    1 REGULARITE
    1 SENTIMENTS
    1 VICAIRE GENERAL
    1 VOYAGES
    2 CHIGI, FLAVIO
    2 GOUSSET, THOMAS
    2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
    2 PIE IX
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 SACCONI, CARLO
    3 BULGARIE
    3 EAUX-BONNES
    3 FRANCE
    3 LYON
    3 NIMES
    3 ORIENT
    3 PARIS
    3 ROME
  • AU CARDINAL PITRA
  • PITRA Cardinal
  • Nîmes, le 20 mai 1864.
  • 20 may 1864
  • Nîmes
  • Evêché|de Nîmes
La lettre

(confidentielle)

Monseigneur,

La bonté, avec laquelle Votre Eminence me répond, m’encourage à lui demander un service personnel. Lorsque Mgr Plantier fut nommé évêque de Nîmes, j’étais résolu à ne plus être grand vicaire, afin de m’occuper exclusivement de ma petite Congrégation. Je répondis même une première fois par un refus à l’offre qu’il me fit d’être son collaborateur. Il insista par une seconde lettre. Je consultai. Le cardinal Gousset, le nonce surtout me firent une obligation de conscience d’accepter(1). J’acceptai donc, et je ne puis nier que j’ai pesé assez fortement sur la conduite extérieure de mon évêque.

Quant à ses sentiments personnels, ils sont inexplicables pour moi. Ainsi, tout dernièrement, dans une tournée pastorale, il s’est appliqué à justifier la conduite du clergé de Lyon à propos de la liturgie(2).

Cependant, j’ai quelques remords de conscience de rester grand vicaire. En effet, je ne puis faire bien souvent concorder l’exemple de la régularité religieuse avec mes devoirs à l’évêché. De plus, quelquefois, il y a incompatibilité absolue entre mes doubles obligations. Je me proposais, par exemple, de partir du 10 au 15 juin pour la Bulgarie, que j’aurais traversée en zig-zag, afin de mieux étudier ce pays, lorsque Monseigneur me dit qu’il renonçait à la saison des Eaux-Bonnes, dont il a le plus grand besoin, afin de rester aux examens des jeunes prêtres qui sont faits assez légèrement, quand lui ou moi n’y assistons pas. Je crus devoir l’assurer que je renonçais à mon voyage, afin qu’il pût aller prendre les eaux. Je n’ai aucune inquiétude sur cette résolution particulière, mais de pareils faits peuvent se renouveler, et, dans ce cas, je finirai par être fort embarrassé.

J’allai, vers le mois de février, à Paris. Je demandai au nonce(3) s’il persistait dans l’opinion de son prédécesseur, lequel, je dois le dire, me l’a encore exprimée très catégoriquement deux fois au moins depuis qu’il est cardinal. Le nonce m’a répondu qu’il préférait me voir adresser ma question au Pape directement. Si je fusse allé en Orient, j’aurais à mon retour fait une halte à Rome et posé ma question. Je reste en France, et je me tourne vers Votre Eminence pour lui demander s’il serait possible qu’elle sollicitât la décision dont j’aurais besoin. Je dois vous avouer que si l’on ne me dit pas formellement de rester à mon poste, je suis, avant quelques mois, résolu à me retirer et à n’être que religieux.

L’excès de confiance rend importun. Que Votre Eminence me pardonne et veuille bien agréer l’hommage de mes plus respectueux sentiments.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Voir *Lettre* 553 et n. A l'époque (1855), le nonce était Mgr Sacconi.
2. Voir *Lettre* 2173 et n. 2.
3. Mgr Flavio Chigi avait succédé comme nonce à Paris à Mgr Sacconi devenu cardinal en 1861. Avant de faire cette démarche, le P. d'Alzon avait consulté Mère M.-Eugénie (v. *Lettre* 2145 et n. 3).