DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 75

20 jun 1864 Nîmes PICARD François aa

Sa santé ne lui a pas permis d’écrire à Mgr de Ségur ni de faire le Mémoire sur la crise protestante de Nîmes qu’il préparait pour le pape. – L’évêque perd un oeil. – Des livres anglais à lui procurer. – Vacances pour le P. Pernet. – Qu’on lui envoie ce que publient les protestants: il prépare vingt conférences *ad hoc* pour l’année prochaine.

Informations générales
  • DR05_075
  • 2232
  • DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 75
  • Orig.ms. ACR, AE 179; D'A., T.D. 25, n. 179, p. 143.
Informations détaillées
  • 1 ANGLAIS
    1 ANGLICANISME
    1 COURS PUBLICS
    1 LIVRES
    1 MALADIES
    1 MINISTRES PROTESTANTS
    1 POLEMIQUE
    1 PRESSE
    1 PROTESTANTISME ADVERSAIRE
    1 RATIONALISME
    1 VACANCES
    2 BOSC, FRANCOIS DE SALES
    2 KINGSLEY, CHARLES
    2 MAC NAMARA, MARIE-MARGUERITE
    2 MARCHAL, LEON
    2 NEWMAN, JOHN-HENRY
    2 OLIVIER, DANIEL
    2 PERNET, ETIENNE
    2 PIE IX
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 PUAUX, FRANCOIS
    2 PUSEY, EDWARD BOUVERIE
    2 SEGUR, GASTON DE
    2 TEMPLE, FREDERICK
    2 VARIN D'AINVELLE, AMEDEE
    3 ANGLETERRE
    3 CANTERBURY
    3 EXETER
    3 FRANCHE-COMTE
    3 NIMES
    3 ROME
  • AU PERE FRANCOIS PICARD
  • PICARD François aa
  • Nîmes, le 20 juin 1864.
  • 20 jun 1864
  • Nîmes
  • Evêché|de Nîmes
La lettre

Mon cher ami,

Mgr de Ségur sera parti sans moi et sans une lettre de moi. J’ai été souffrant ces jours-ci, et je n’ai pu faire un Mémoire sur la crise protestante à Nîmes que je préparais pour le Pape. Mgr de Nîmes prépare une lettre en réponse à la brochure que vient de publier M. Puaux et où celui-ci attaque les rationalistes(1). Le désordre est au fond de tout cela. Si vous savez l’adresse de Mgr de Ségur, à Rome, envoyez-la moi; mais l’évêque perd un oeil.

Voici une commission très sérieuse que je vous donne. Un livre anglais, intitulé Essais et revues, livre que j’ai(2), a donné lieu à un mouvement en Angleterre qui a montré le rationalisme dans la Haute-Eglise, mais qui a aussi provoqué une réaction. Ayez la bonté de faire demander les publications les plus intéressantes qui ont paru en Angleterre, depuis cette époque, et priez que l’on tire sur moi un mandat pour le 16 août. Je voudrais bien avoir aussi les brochures de Newman contre je ne sais plus quel ministre qui l’a attaqué(3). Nous verrons si vous pourrez faire cette commission. Vous pourriez en charger Soeur M.-Marguerite.

Le Père Pernet est prié de se préparer pour aller passer une partie de ses vacances en Franche-Comté avec le petit Varin.

Adieu. Tout à vous en N.-S.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Si les protestants viennent à publier ou ont publié q[uel]q[ue] chose, veuillez m'en prévenir et me le faire envoyer par Soeur François de Sales. Je prépare 20 conférences *ad hoc* pour l'année prochaine(4).1. En 1859, le P. d'Alzon avait été le porte-parole de son évêque dans une controverse avec le pasteur Puaux (v. *Lettre* 1247, n. 4).
2. Et que nous avons encore: *Essays and Reviews*, ouvrage collectif paru en 1860 et dont le P. d'Alzon possédait la 9e édition, London, 1861. L'ouvrage contenait sept études dues à des auteurs différents presque tous clergymen. Ses conclusions aboutissaient à la ruine des fondements scripturaires et théologiques du christianisme. L'émotion fut grande dans l'Eglise d'Angleterre. *Highchurchmen* et *lowchurchmen* oublièrent leurs divisions pour défendre la foi commune contre le latidunarisme libéral et antidogmatique du *Broad Church*. Une lettre de reproche fut adressée aux "essayistes" - les *septem contra Christum* - par 26 évêques, certains furent même frappés de suspension, mais ces mesures furent rapportées par le Conseil privé. Une brochure de Pusey, conservée également parmi les livres du P. d'Alzon, s'éleva contre cet acquittement et une campagne de protestation recueillit les signatures de la moitié des ecclésiastiques du royaume et de 137.000 laïques. Aussi, en 1864, les deux Chambres condamnèrent-elles les *Essays and Reviews* comme "contenant une doctrine contraire à celle qui est reçue par l'Eglise d'Angleterre en commun avec l'Eglise catholique tout entière". Ceci n'empêcha pas un des auteurs des *Essays*, Fr. Temple, d'être nommé évêque d'Exeter en 1869 et de devenir archevêque de Canterbury (L. MARCHAL, art. *Puséyisme*, col. 1379 dans DTC, XIII, 1365-1425).
3. Controverse entre Newman et le Rev. Charles Kingsley (DTC, XI, art. *Newman*, col. 345-346 et 378). Le point de départ en fut l'affirmation par Ch. Kingsley dans le *Macmillan's Magazine* de janvier 1864, affirmation appuyée par une citation de Newman, que le clergé catholique ne brillait pas par son amour de la vérité. Plusieurs brochures furent publiées de part et d'autre entre janvier et juin 1864. Dans la bibliothèque du P. d'Alzon figure encore la brochure de Kingsley *What then does Dr Newman mean?* (4e éd., Macmillan and Co, 1864). La controverse aboutit à la publication par Newman en huit fascicules hebdomadaires, du 6 mai au 2 juin 1864, de sa célèbre *Apologia pro vita sua*.
Le P. d'Alzon lui-même traite de l'épisode des "Essayistes" (v. ci-dessus note 2) et de la controverse Newman-Kingsley dans les deux derniers articles de la série intitulée *Du mouvement religieux en Angleterre* qu'il donna en 1866-1867 au *Bulletin de l'Association de Saint-François de Sales* (1867, pp. 15-21 et 46-53).
4. Sur ces controverses voir D. OLIVIER, *Le P. d'Alzon et la crise du protestantisme au 19e siècle*, dans *Colloque*, p. 172.