DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 81

27 jun 1864 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Il approuve l’établissement de Malaga. – Qu’elle envoie le jeune homme en question. – Le Crédit foncier. – Dieu a permis que nous nous fassions souffrir pour purifier ce qui était humain. – Mon grand tort a été de manquer, non pas d’affection, mais de patience.

Informations générales
  • DR05_081
  • 2238
  • DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 81
  • Orig.ms. ACR, AD 1352; D'A., T.D. 23, n. 792, pp. 126-127.
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 CREDIT FONCIER
    1 DOT
    1 PARDON
    1 PATIENCE
    1 PURIFICATION
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 RESIDENCES
    1 SAINTETE
    1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
    1 TRISTESSE
    1 VERTUS
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    1 VOLONTE DE DIEU
    2 ROBERNIER, MARIE-CHARLOTTE DE
    3 ESPAGNE
    3 MALAGA
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, 27 juin [18]64.
  • 27 jun 1864
  • Nîmes
La lettre

Ma chère fille,

J’approuve autant que possible l’établissement de Malaga(1). Ma conviction profonde est qu’on peut tirer d’immenses ressources de l’Espagne. Envoyez-moi le jeune homme en question, s’il a une vocation solide. Il doit savoir le français et avoir des connaissances que nous utiliserons(2).

J’ai reçu 2.000 francs pour Soeur M.-Charlotte: ils sont à votre disposition. Pouvez-vous me les laisser jusqu’à ce que le bienheureux Crédit foncier ait donné ce que j’attends? 2.500 fr. seront donnés par M. de Robernier le 30 septembre, et 3.000 le 31 décembre.

Je veux vous dire, ma bien chère fille, que je m’attendais à la teinte de tristesse que porte votre post-scriptum(3): ce n’est pour ainsi dire qu’un reflet de la mienne. Si je vous ai fait souffrir, croyez que vous me l’avez rendu sans le vouloir sans doute. Si vous avez souffert précisément à cause de votre coeur, n’est-ce pas pour le même motif que j’ai souffert aussi? Dans ce cas pourquoi ne pas admettre que Dieu a tout permis pour purifier ce qui était humain, et pourquoi ne pas partir de ce point que Dieu nous veut plus saints en toute chose et plus paisibles par vertu? Vous me pardonnerez mes blessures, je vous pardonnerai les vôtres, que vous ne comprenez peut-être pas, comme j’ai été quelque temps sans comprendre celles que j’ai pu vous faire. Vous me direz que vous les avez faites sans intention, mais c’est précisément ce que je vous avais dit pour ce qui vous concernait. Je crois que mon grand tort a été de manquer, non pas d’affection, mais de patience. Je comprends comment le meilleur ami, s’il est impatient, est insupportable.

Adieu, ma fille. Je veux que cette lettre parte ce soir.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Dont Mère M.-Eugénie lui a parlé dans sa lettre du 24 juin. Sur cette première fondation des R.A. en Espagne, voir *Origines de l'Assomption* IV, pp. 62-72.
2. Ce jeune homme est le frère d'une postulante R.A. Mère M.-Eugénie a écrit qu'il désire être prêtre, mais n'a pas fait d'études de latin.
3. "25 juin. Je rouvre ma lettre en recevant la vôtre, presque à l'heure du courrier, d'un côté, elle me soulage, si vous n'aviez pas pris les choses de ce côté, j'ai bien senti ces jours-ci, mon bien cher père, combien j'en eusse été triste. Mais d'autre part, je ne suis pas sans appréhension; si votre nature est si soulevée, pourrez-vous toujours ce que vous me dites aujourd'hui? Enfin je l'espère et je vous assure que j'y veux de mon côté mettre tout ce que je pourrai." (*Post-scriptum* du 25 juin à la lettre de Mère M.-Eugénie du 24).