DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 88

4 jul 1864 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Visite de M. Tourneur. – Soeur M.-Augustine. – Prochaine visite de l’abbé de Cabrières à Paris.

Informations générales
  • DR05_088
  • 2246
  • DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 88
  • Orig.ms. ACR, AD 1353; D'A., T.D. 23, n. 794, pp. 127-129.
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 ARCHITECTURE SACREE
    1 CHAPITRE GENERAL
    1 COLERE
    1 DISTINCTION
    1 MALADIES MENTALES
    1 NOMINATIONS
    1 PENSIONNATS
    1 PRIEURE DE NIMES
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 REPAS
    1 SUPERIEUR DE COMMUNAUTE
    1 TRANSPORTS
    1 VOYAGES
    2 BEVIER, MARIE-AUGUSTINE
    2 CABRIERES, ANATOLE DE
    2 HAY, MARIE-BERNARD
    2 O'NEILL, THERESE-EMMANUEL
    2 TOURNEUR, LOUIS-VICTOR
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 REIMS
    3 RETHEL
    3 SEDAN
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, le 4 juillet 1864.
  • 4 jul 1864
  • Nîmes
  • Evêché|de Nîmes
La lettre

Ma chère fille,

M. Tourneur(1) m’a fait demander hier, à midi, au moment où je venais de me mettre à table; je suis accouru. Il était à Nîmes de la veille, avait visité Nîmes, déjeuné. Je lui fis d’aimables reproches: trois chambres l’attendaient lui et ses amis; ils n’en ont pas voulu. Je fus aussi poli que possible. Je le conduisis en voiture au prieuré, je le ramenai à l’hôtel. Il partit à 2 heures, parla de Sedan en bons termes, parut accepter les changements, regrettant seulement les mutations, attendant avec joie Soeur M.-Bernard, admirant l’architecture du prieuré de Nîmes. J’ai fait semblant de ne pas me douter du motif qui avait empêché ses compagnons de venir ici(2).

Soeur M.-Aug[ustine] est en fureur. Je ne puis entrer dans les détails, sinon que comme elle revenait sur ce qu’on lui avait ôté le pensionnat, j’ai tenu à vous décharger et je lui ai dit que je distinguais ce que je dois à la maison comme supérieur et ce que je lui dois à elle comme ami. Comme supérieur j’avais pu provoquer son changement; comme ami, tant qu’elle désirerait être à Nîmes, je demanderais qu’on l’y laissât et je tâcherais d’être aussi bon pour elle que possible. Mais évidemment les chaleurs lui portent à la tête. J’aurais voulu vous épargner sa présence au Chapitre g[énér]al. Je lui ai dit qu’elle serait probablement nommée, mais que si elle partait et si elle ne revenait pas, elle pourrait s’en prendre à elle. Enfin, vous verrez, car je lui ai promis de taire certaines choses. Ce sont des absurdités, mais je serais gêné. Je ne pouvais pas l’assurer que son secret a été gardé. Somme toute, elle perd un peu plus la tête. La diminution des chaleurs lui rendra son [mot illisible], mais pas toute. La seule chance de lui faire du bien, c’est l’action de Soeur Thérèse-Em[manuel], à condition que celle-ci prendrait la résolution de ne vous rien répéter. Alors la pauvre fille en entendra de belles sur notre compte à tous deux, mais ses nerfs y résisteront-ils? En y réfléchissant, je n’oserais pas la mettre à cette épreuve, car, malgré toutes mes résolutions, je sors moulu de ces conversations.

Adieu, ma fille. Mille fois vôtre. L’abbé de Cabrières passera la semaine prochaine quelques jours à Paris. Si avec votre amabilité vous pouviez le faire un peu dégonfler, vous feriez du bien à ce pauvre garçon. Vous m’en avez fait un immense par vos dernières lettres et je ne prends pas la place(3) de vous le dire.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Curé de Sedan.
2. Hypothèses: les compagnons de M. Tourneur sont comme lui des prêtres du diocèse de Reims, et peut-être, cinq ans après l'affaire de Rethel (décembre 1859), éprouvent-ils encore une certaine gêne à rencontrer le supérieur général des Assomptionistes. Il se peut aussi que ce soit l'ultramontanisme du P. d'Alzon qui les gêne...
3. Ceci est écrit à l'extrémité du papier à lettre.