DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 114

10 aug 1864 Le Vigan CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Le Vigan. – Agitation protestante. – Le peuple catholique est excellent. – Je vis avec mes novices. – Une poupée qui dit « maman ». – Donnez-moi des nouvelles de votre âme et de son enveloppe. – Aurai-je le loisir de vous souhaiter votre fête? – La mort de Mgr Gerbet.

Informations générales
  • DR05_114
  • 2282
  • DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 114
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 401; D'A., T.D. 29, n. 19, pp. 20-21; QUENARD, pp. 16-17.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DE L'EGLISE A L'ASSOMPTION
    1 ANGLAIS
    1 CATHOLIQUE
    1 CHATAIGNIER
    1 COMBATS DE L'EGLISE
    1 DEFENSE DE L'EGLISE
    1 EDIFICE DU CULTE
    1 FETE DE L'ASSOMPTION
    1 INTEMPERIES
    1 JEUX
    1 MAISONS DE CAMPAGNE
    1 NOVICES ASSOMPTIONNISTES
    1 PERFECTION
    1 PRES ET PRAIRIES
    1 PROTESTANTISME ADVERSAIRE
    1 REFORME DU CLERGE
    1 REPOS
    1 SOUFFRANCE
    1 TOMBEAU
    1 TRISTESSE
    1 VIE DE PRIERE
    1 VIE HUMAINE
    1 VIE SPIRITUELLE
    2 COMBALOT, THEODORE
    2 CORRENSON, AUGUSTINE
    2 CORRENSON, LOUISE
    2 CORRENSON, MADAME CHARLES-LOUIS
    2 GERBET, PHILIPPE-OLYMPE
    2 LAMENNAIS, FELICITE DE
    3 CEVENNES
    3 FRANCE
    3 SUISSE
    3 VIGAN, LE
  • A MADEMOISELLE MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Le Vigan, 10 août 1864.
  • 10 aug 1864
  • Le Vigan
La lettre

Il sera donc dit, ma chère enfant, que je vous écrirai le premier; car voilà plus de huit jours que je ne vous ai vue, et vous ne voulez pas me donner de vos nouvelles. Pour moi, je ne suis pas très vaillant. Pourtant, j’aime à me persuader que les chaleurs sont finies. Il a dû faire un orage dans les montagnes, au-dessus du Vigan, et le temps est réellement rafraîchi; mais pas une goutte d’eau. Quand vous aurez bien établi que vous détestez la campagne, je me figure que vous viendrez prendre vos quartiers d’été au Vigan. Vous aurez de belles prairies, de belles eaux, de jolies collines et des châtaigniers, comme on n’en voit qu’en Suisse. Il n’y manque que vous à plusieurs égards. Ces pauvres Cévennes sont ruinées, vous le savez. Il y a agitation protestante; on vient de bâtir un second temple, payé avec l’or anglais; mais le peuple catholique est excellent. Ces braves gens ont la bonté de croire que je vais les aider à secouer le joug huguenot, qui pèse passablement sur eux. Moi, je vis avec mes novices; je prie un peu, pas assez; je me promène, je me repose et je reçois des visites, rares pourtant.

Voudriez-vous dire à Louise que, puisqu’elle aime les poupées, j’ai gagné à une loterie de charité un superbe poupard que je lui destine: il dit: « Maman« . Donnez-moi donc de vos nouvelles, mon enfant, et de votre gosier et de votre âme. Cette chère petite âme, je l’aime bien, je vous assure; mais je ne puis être indifférent à l’enveloppe qui la conserve en ce monde. Vous me donnerez des nouvelles de votre enveloppe. Aurai-je le loisir de vous souhaiter votre fête? Je l’espère, à moins que vous ne me voyiez arriver le 16 ou le 17 août, ce qui n’aurait rien d’impossible. Cela dépend du temps et de quelques lettres.

Mes hommages à Madame votre mère. Mille choses à mon autre fille. Adieu, ma chère enfant. Je prie pour vous et j’espère toujours votre perfection.

Tout vôtre, avec le coeur que vous savez.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
P.-S. - Priez pour Mgr Gerbet. Ce m'est une bien grande douleur de n'avoir pu le revoir; elle s'augmente par la réflexion qu'il ne reste plus ici-bas que l'abbé Combalot de cette pléiade sacerdotale(1), qui a réveillé en France le mouvement catholique à une époque bien endormie, hélas! il y a quarante ans. Je ne puis vous exprimer quelle tristesse ces pensées me mettent au coeur. Demandez aussi à Dieu d'envoyer à son Eglise de grands et saints défenseurs, comme ceux qui se couchent dans la tombe avant la fin des combats. Et pourtant que d'assauts encore à soutenir!|Ma fille, aimons bien l'Eglise de Jésus-Christ et faisons-la bien aimer.1. L'abbé Combalot mourut en 1873. Né en 1797, il était d'un an l'aîné de Mgr Gerbet. Le P. d'Alzon pense certainement avant tout à la pléiade sacerdotale qui s'était groupée autour de Lamennais. Etudiant à Paris de 1824 à 1830, Emmanuel d'Alzon fut le témoin actif de ce renouveau catholique.