DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 119

22 aug 1864 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Les affaires du diocèse. – Le personnel des maisons de Nîmes et du Vigan l’an prochain. – Quand aurons-nous quatre ou cinq hommes capables de plus? – Le scapulaire et le caractère apostolique de la congrégation des Religieuses de l’Assomption. – Une petite malice faite aux Balincourt.

Informations générales
  • DR05_119
  • 2290
  • DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 119
  • Orig.ms. ACR, AD 1356; D'A., T.D. 23, n. 803, pp. 135-136.
Informations détaillées
  • 1 ANGOISSE
    1 ASSOMPTIONNISTES
    1 CHAPITRE GENERAL
    1 COUVENT D'AUTEUIL
    1 DEVOTION
    1 DOT
    1 EMBARRAS FINANCIERS
    1 ESPRIT APOSTOLIQUE DE L'ASSOMPTION
    1 MAL MORAL
    1 MORT
    1 NOMINATIONS
    1 NOVICES ASSOMPTIONNISTES
    1 NOVICIAT DES ASSOMPTIONNISTES
    1 PEUR
    1 PRETRE
    1 PRIERE AU SAINT-ESPRIT
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 RETRAITE SPIRITUELLE
    1 RITE GREC
    1 SCAPULAIRE
    1 VICAIRE GENERAL
    1 VIE RELIGIEUSE
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 BALINCOURT, LES
    2 BALINCOURT, MADAME CHARLES DE
    2 BALINCOURT, MARIE-ELISABETH DE
    2 BOUDET, EMMANUEL
    2 DEMETRIADES, JEROME
    2 JOURDAN, RAPHAEL
    2 LILLEROY, BARONNE DE
    2 PERNET, ETIENNE
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 PIE IX
    2 PITRA, JEAN-BAPTISTE
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    3 BARINQUERS, LES
    3 MONTMAU
    3 NIMES
    3 NIMES, DIOCESE
    3 VIGAN, LE
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, 22 août [18]64.
  • 22 aug 1864
  • Nîmes
La lettre

Il me serait bien agréable, ma chère fille, de venir là où vous êtes(1), mais je crois la chose absolument impossible. J’avais compté rester au Vigan jusqu’au 11 sept[embre]. Le Pape m’ayant fait dire(2) qu’il désirait que je ne donne pas ma démission de grand-vicaire, je dois quitter le noviciat quand consciencieusement et rigoureusement les affaires du diocèse m’y obligent. D’autre part, le P. Picard et le P.Pernet ont montré un tel désespoir que je rappelasse ce dernier, que je l’ai laissé là où il est, mais la conséquence est qu’il me faut venir en aide au P. Hippolyte. L’an prochain, nous ne serons ici de religieux profès et prêtres que le P. V[incent] de Paul et moi. Nous aurons bien le P. Jérôme, mais il dit la messe en grec, et c’est un novice. Le P. Raphaël ira au Vigan; c’est utile à divers points de vue. En attendant le P. Hippolyte est seul. Je retournerai demain soir au Vigan, j’y arriverai mercredi matin. Dans la journée, le P. Hippolyte partira pour chez moi ou plutôt pour Montmau, où la mort de mon homme d’affaires laisse quelques embarras. Le P. Hippolyte absent, qui gardera si ce n’est moi le noviciat?

J’entre dans ces détails pour bien vous montrer ma bonne volonté et mon impossibilité de faire ce que vous désirez. Quand donc aurai-je quatre ou cinq hommes capables de plus? Voilà ce que vous devez demander, et j’en veux à nos Parisiens qui ne les trouvent pas.

Je ne suis pas précisément fâché de n’avoir pas eu à vous donner le scapulaire(3). Vous savez qu’il ne fait pas mon admiration, mais enfin il faut passer cette dévotion à certaines Soeurs. Peut-être pendant la retraite ou le Chapitre aurez-vous à insister sur le caractère apostolique de la Congrégation. Je crains qu’on ne se recoquille. Ce qui est bon pour une Carmélite contemplative va moins à une Assomptiade apôtre; je vous en dirai un peu plus long une autre fois.

Il faut que je vous confesse une petite malice que je fais aux Balincourt, dont les procédés m’ont paru peu convenables. Soeur M.-Elisabeth est venue me porter hier ses jérémiades. Au lieu de les écouter, je lui ai dit avec le plus grand calme que si la vie religieuse lui était insupportable, il fallait qu’elle allât aux Barinquers ou chez sa grand-mère. Elle a ouvert des yeux comme des portes cochères, et je suis sûr qu’à la première visite de sa mère elle lui dira tout mon discours. Je me figure l’effet qu’il va produire et la terreur que l’on va éprouver, à la pensée que cette bonne fille retomberait parmi les siens. C’est une petite leçon que je leur mitonne. Je vous préviens de tout, afin que [si] M.-Elisabeth employait sa sottise à vous conter l’affaire, vous sachiez ce que j’ai voulu faire. Peut-être la dot en sera-t- elle un peu plus tôt payée; ce ne sera pas un mal.

Adieu, ma fille. Je vais prier le Saint-Esprit qui fera vos affaires et vous donnera des conseils encore meilleurs que les miens.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Mère M.-Eugénie souhaitait vivement la présence du P. d'Alzon à Auteuil au moment où, au début de septembre, s'y ouvrirait le Chapitre général des Religieuses de l'Assomption. "Si dans ces six ans, je m'en allais de ce monde, écrit-elle le 19 août, bien des embarras pourraient ressortir de tout ce qui rendrait ce chapitre incomplet, et il le sera certainement sans vous, car il y a bien des décisions que nous ne pourrons prendre sans vous."
2. Peut-être par le cardinal Pitra, lors du passage de ce dernier à Nîmes en juin. C'est au cardinal Pitra, en effet, que le P. d'Alzon avait soumis son cas de conscience pour qu'il le présente au pape (*Lettre* 2209).
3. Le scapulaire, que désirait la majorité des Soeurs, leur avait été donné le jour de l'Assomption. Dans cette affaire, Mère M.-Eugénie était restée strictement neutre.