DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 125

29 aug 1864 Le Vigan AMALRIC Marie

Dieu qui vous éprouve vous fournit le moyen de voir combien l’on vous aime. – Si je ne me soigne pas, je suis averti que je risque de partir avant vous. – Mais ne devrions-nous pas ne nous préoccuper de ces choses qu’au point de vue de la foi?

Informations générales
  • DR05_125
  • 2297
  • DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 125
  • Orig.ms. ACR, AM 304; D'A., T.D. 38, n. 4, pp. 3-4.
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 ANGES
    1 BENEDICTION
    1 CARACTERE
    1 CHARITE ENVERS LE PROCHAIN
    1 CONVERSION SPIRITUELLE
    1 EGOISME
    1 EPREUVES
    1 ETERNITE
    1 FLEURS
    1 LACHETE
    1 MALADES
    1 MALADIES
    1 NOTRE-SEIGNEUR
    1 PATERNITE SPIRITUELLE
    1 PURGATOIRE
    1 SOINS AUX MALADES
    1 VIE DE PRIERE
    2 REGIS, EULALIE DE
    2 VALAT, MADAME ANSELME
    3 MONTPELLIER
  • A MADEMOISELLE MARIE AMALRIC
  • AMALRIC Marie
  • Le Vigan, 29 août 1864.
  • 29 aug 1864
  • Le Vigan
  • *Mlle Marie*(2)
La lettre

Mme Valat a la bonté de m’écrire, ma bien chère fille, et je ne veux pas fermer cette lettre sans vous dire un petit mot. Ah! mon enfant, combien nous pensons à vous et combien nous prions pour vous! Dieu qui vous éprouve vous fournit le moyen de voir combien l’on vous aime. Quand vous serez là-haut, vous aurez une fameuse dette d’amitié à acquitter. Heureusement que ces dettes-là ne retiennent pas en purgatoire, sans quoi vous risqueriez d’y séjourner longtemps.

Il faut que je vous confesse mon mauvais caractère. J’ai été mandé à Montpellier pour m’entendre dire que j’étais très malade. Croiriez-vous que cela a augmenté ma gaieté? A vrai dire, on ne m’a pas menacé de partir la semaine prochaine; aussi je pris la chose au sérieux. Mais si je ne me soigne pas, je suis averti que je risque de partir avant vous. Faites-y bien attention. Ah! mon enfant, que nous sommes peu chrétiens! N’est-il pas vrai qu’avec une ombre de foi ces choses ne devraient nous préoccuper qu’au point de vue de notre âme? Vous en êtes là, vous; mais moi, je suis un misérable. Priez bien pour moi. Croyez bien, chère enfant, que, moi aussi, je prie bien pour vous, mais je vous préviens que c’est pur égoïsme. Quand Notre-Seigneur aura mis sur votre tête cette belle couronne de roses blanches et de lys, il me semble qu’il ne pourra rien vous refuser, et alors je vous crierai bien fort: « Ma fille Jeanne-Marie(1), priez pour la conversion de votre père »; et, comme je n’aurai pas peur que vous voyiez toutes mes misères de là-haut, vous comprendrez l’urgence de faire droit à ma demande.

Adieu, ma fille. Songez que je suis né le 30 août et que, quand vous recevrez ces quelques lignes, j’aurai cinquante-quatre ans. Votre père de cinquante-quatre [ans] se recommande à vos prières sur la terre, comme au ciel, et vous envoie sa bénédiction du fond du coeur, pour que vous deveniez vite un séraphin sur terre, pour l’être là-haut pendant toute l’éternité.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Un des caractères de ma maladie est de me rendre illisible.2. Sur l'enveloppe qui renferme cette lettre, une main de femme, sans doute celle de Mlle de Régis, a écrit ces mots: *Dernière lettre du Père à Mlle Amalric*.
1. Son nom de tertiaire.