DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 126

31 aug 1864 Le Vigan CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Pour prendre plus sérieusement la vie : donner plus de temps à la prière, modérer certaines émotions, entrer en lutte avec soi-même.

Informations générales
  • DR05_126
  • 2298
  • DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 126
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 402; D'A., T.D. 29, n. 21, pp. 22-23.
Informations détaillées
  • 1 BAPTEME
    1 CARACTERE
    1 CHAPELLE
    1 EMOTIONS
    1 FAMILLE
    1 JOIE
    1 LUTTE CONTRE SOI-MEME
    1 MAITRISE DE SOI
    1 PERFECTION
    1 REFORME DU COEUR
    1 SAINTE COMMUNION
    1 VIE DE PRIERE
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    2 CORRENSON, AUGUSTINE
    2 CORRENSON, MADAME CHARLES-LOUIS
    2 PLEINDOUX, AUGUSTIN
  • A MADEMOISELLE MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Le Vigan, 31 août [18]64.
  • 31 aug 1864
  • Le Vigan
La lettre

Puisque Monsieur votre grand-père n’a rien entendu, Madame votre mère lui dira ce qu’elle jugera à propos. Ma bien chère enfant, tout s’arrangera pour le mieux. Madame Correnson, en effet, était d’avis qu’on ne lui parlât de rien. Puisqu’il n’a pas entendu, c’est tout comme si on ne lui avait pas parlé, et c’est très heureux, quoique pourtant il soit très vrai que je croyais lui avoir fait la confidence de ma proposition. Vous êtes donc résolue, ma fille, à prendre plus sérieusement votre vie(1). Certes, je vous y aiderai avec bonheur. Mais comment entendez-vous la chose? Est-ce au-dedans de vous-même, est-ce même au-dehors que vous voulez mettre votre application? Il me semble que c’est surtout le coeur qu’il faut d’abord renouveler; le reste viendra ensuite. C’est pour cela que je vous engage à prendre un peu plus de temps pour la prière. Rien ne fait du bien comme la prière à une âme qui veut s’élever au-dessus d’elle-même.

Vous avez aussi à modérer certaines émotions de votre caractère. Je sais bien que c’est chose difficile, mais non pas impossible bien certainement. Enfin, il faut entrer en lutte avec vous-même, combattre toujours et sur tous les points, jusqu’à ce que vous soyez assez maîtresse de vous pour ne pas vous reprendre, quand une fois vous vous serez donnée.

Après-demain, il y aura cinquante-quatre ans que je suis baptisé. Si vous étiez une vraie fille, vous viendriez faire la communion à ma messe que je dirai dans la petite chapelle; cependant, je ne veux pas vous obliger à un effort trop surhumain.

Adieu, chère enfant. A revoir bientôt, car peut-être ferez-vous tout aussi bien de ne venir qu’à 9 heures, comme je vous le disais, je crois, dans ma lettre d’avant-hier. Mille choses à sainte Augustine.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. "Je suis obligée à présent, a écrit Marie Correnson le 29 août, de prendre la vie au sérieux pour prouver à ma famille que l'indépendance n'est pas le seul mobile qui m'empêche de m'établir. Il faut donc que je marche rapidement du côté de la perfection. Je serais très heureuse de pouvoir faire quelque bien en ce monde et de vous être utile en quelque chose."