DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 112

9 aug 1864 PETETOT de l'Oratoire

Vous séparez-vous de M. l’abbé Soubiranne? – La situation et les perspectives de l’oeuvre de Bulgarie. – C’est à vous que je tiens à avoir directement recours.

Informations générales
  • DR05_112
  • 2281
  • DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 112
  • Cop.ms. ACR, AO 193; D'A., T.D. 40, pp. 69-70.
Informations détaillées
  • 1 ADOLESCENTS
    1 BULGARES
    1 CONGREGATION DES AUGUSTINS DE L'ASSOMPTION
    1 ECOLES
    1 ECOLES ASSOMPTIONNISTES D'ORIENT
    1 FONCTIONNAIRES
    1 GRECS
    1 MAITRES
    1 MAITRESSES
    1 PAROISSE
    1 PRESSE
    1 PRETRE SECULIER
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 RESIDENCES
    1 RESSOURCES FINANCIERES
    1 RITE GREC
    1 SANTE
    1 TRAITEMENTS
    1 VETURE RELIGIEUSE
    1 VOCATION SACERDOTALE
    1 VOYAGES
    2 ABDOU, JOSEPH
    2 BANNEVILLE, GASTON MORIN DE
    2 DEMETRIADES, JEROME
    2 HANNA, ELI
    2 MASSABKI, MICHEL
    2 PIE IX
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 SOUBIRANNE, PIERRE
    3 ANDRINOPLE
    3 BULGARIE
    3 CONSTANTINOPLE
    3 FRANCE
    3 LEVANT
    3 ORIENT
    3 PARIS
    3 PHILIPPOPOLI, ECOLE SAINT-ANDRE
  • AU PERE PETETOT, SUPERIEUR DE L'ORATOIRE
  • PETETOT de l'Oratoire
  • [vers le 9 août 1864](1).
  • 9 aug 1864
La lettre

Confidentielle

Mon très Révérend Père,

Permettez-moi de venir vous demander quelques explications sur un article que je viens de lire dans le Monde au sujet des Oeuvres d’Orient. Vous séparez-vous de M. l’abbé Soubiranne? Est-ce de concert avec lui que vous avez fait publier la note, au sujet de laquelle j’ai l’honneur de vous écrire? Vous vous rappelez, mon Révérend Père, la conversation que j’ai eu l’honneur d’avoir avec vous,l’année dernière, chez les Dames de l’Assomption. La santé de mon évêque m’a empêché de faire, cette année du moins, mon voyage en Bulgarie; mais notre petite oeuvre ne s’en développe pas moins, notre école de Philippopoli prend tous les jours un plus grand développement. On va m’envoyer quatre jeunes Bulgares se destinant au sacerdoce et peut-être un plus grand nombre. J’ai déjà, avec l’autorisation du Pape, dans ma Congrégation un prêtre du rite grec et j’y ai également donné l’habit à trois jeunes Syriens(2). J’ai pu jusqu’à présent supporter les frais de leur entretien, mais je devrais mettre un terme au développement de mon oeuvre, si je n’ai pas l’espoir d’être secouru. Mon plan est bien simple: chercher en Orient des jeunes gens qui aient la vocation sacerdotale, les élever en France, leur donner ce que je me permets d’appeler le zèle occidental, et, plus tard, les renvoyer soit comme religieux pour former des écoles, soit comme prêtres séculiers à la tête des paroisses.

Vous savez, mon Révérend Père, que je serai enchanté de marcher avec M. l’abbé Soubiranne, s’il s’entend avec vous, mais que si une scission avait lieu entre vous et lui, c’est à vous que je tiens à avoir directement recours, à moins que vous ne vouliez pas me le permettre.

A mon dernier voyage à Paris, M. de Banneville, directeur général des Affaires étrangères, me fit les plus empressées promesses de protection, et, de fait, je crois que l’intérêt de la France se trouve d’une manière si évidente au fond de tous nos projets qu’il faudrait être bien aveugle pour ne pas le voir et bien anticatholique pour ne pas y concourir.

Quand le moment sera venu, il sera facile de former à Constantinople ou ailleurs une école dirigée par des Grecs. Je crois que nous entrons aujourd’hui dans la bonne voie, qui sera peut-être plus lente mais incontestablement plus sûre, en préparant un clergé, des instituteurs et des institutrices pour le Levant.

Vers le printemps au plus tard, une colonie de Dames de l’Assomption doit aller former une école de filles à Andrinople, où on leur donnera une maison et une allocation de 2.000 francs; voilà ce que leur promettent déjà les catholiques du pays.

Je regrette vivement que mes affaires ne me permettent pas d’aller cette année à Paris, pour m’entendre directement avec vous; mais, mon Révérend Père, la confiance que vous m’inspirez depuis si longtemps me pousse à vous demander la permission de ne rien faire que de concert avec vous, dans cette belle oeuvre d’Orient.

Je suis avec un profond respect, mon Révérend Père, votre très h[um]ble et très obéissant serviteur.£$

P.-S. – Quoique cette lettre soit confidentielle, l’état nerveux de ma main me force à me servir d’un secrétaire parfaitement sûr(3).

Notes et post-scriptum
1. Voir la lettre du 9 août au P. Galabert.
2. Le prêtre grec est le P. Jérôme Démétriades, novice depuis janvier. Les trois jeunes Syriens sont un profès, le Fr. Joseph Abdou, et deux novices, les Frères Eli Hanna et Michel Massabki.
3. Le P. Petétot répondit en substance le 16 août: Nous ne nous séparons pas des *Ecoles d'Orient* mais, il y a un an, j'avais proposé de modifier le nom de l'oeuvre et d'étendre son action. Je proposais *Union catholique d'Orient*. Le Conseil n'ayant pas accepté j'ai proposé de donner ce nom à l'*Union Bulgare*. C'est ce que nous avons fait. Le P. Petétot, on s'en souvient, était le président du *Conseil de l'Union de la Bulgarie* (voir *Lettre* 1791, n. 3).