DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 128

4 sep 1864 Lavagnac MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Vacances de religieuses. – Ce qu’on veut qu’il fasse et ne fasse pas en ce moment. – Propositions pour des nominations de religieuses. – Le scapulaire. – Mort de Marie Amalric. – Le Congrès de Malines. – Les exigences des médecins en ce qui le concerne.

Informations générales
  • DR05_128
  • 2300
  • DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 128
  • Orig.ms. ACR, AD 197; D'A., T.D. 23, n. 804, pp. 136-137.
Informations détaillées
  • 1 ART DE LA MEDECINE
    1 BATEAU
    1 CONSEIL DU GENERAL
    1 CURES D'EAUX
    1 EFFORT
    1 LIBERALISME CATHOLIQUE
    1 MAISONS DE CAMPAGNE
    1 MALADES
    1 MALADIES
    1 MORT
    1 NOMINATIONS
    1 PERFECTION
    1 PREDICATION DE RETRAITES
    1 PRIEURE DE NIMES
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 SCAPULAIRE
    1 SOINS AUX MALADES
    1 SUPERIEUR DE COMMUNAUTE
    1 VACANCES
    2 AMALRIC, MARIE
    2 AUBERT, ROGER
    2 BARRE, LOUIS
    2 COURCY, MARIE-GABRIELLE DE
    2 DUPANLOUP, FELIX
    2 ESGRIGNY, JEANNE D'
    2 ESGRIGNY, LUGLIEN de JOUENNE D'
    2 FELIX, CELESTIN
    2 GOUY, MARIE DU SAINT-SACREMENT DE
    2 LECANUET, EDOUARD
    2 MALBOSC, FRANCOISE-EUGENIE DE
    2 MONTALEMBERT, CHARLES DE
    2 O'NEILL, THERESE-EMMANUEL
    2 STERCKX, ENGELBERT
    3 GRAU-DU-ROI, LE
    3 LAMALOU-LES-BAINS
    3 MALINES
    3 MALINES, EGLISE SAINT-ROMBAUT
    3 MONTAUBAN
    3 NIMES
    3 SETE
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Lavagnac, le 4 septembre 1864.
  • 4 sep 1864
  • Lavagnac
La lettre

Ma chère fille,

Dans les conditions que vous m’indiquez pour vos filles(1), il eût été bien préférable d’attendre un peu et de les envoyer au Grau-du-Roi. Dans un mois, les fièvres n’eussent plus menacé, et ces braves filles eussent pu faire, comme Mlle d’Esgrigny(2), des promenades immenses au bord de la mer. En leur donnant un livre sur la conchiologie et [en] leur ordonnant de vous apporter une collection de coquilles ramassées par elles, vous leur auriez fait passer d’interminables journées au bord de la mer. C’est ce que M. d’Esgrigny avait combiné pour sa fille, qui était la personne la plus heureuse d’aller recueillir toutes les épaves, que les gros temps tiraient de la mer. A Cette, elles auront les Dominicaines au haut de la ville; au Grau, elles auraient eu au bord de la mer les Soeurs de Saint-Vincent de Paul. Je vous donne cette indication pour une autre année, et dans l’hypothèse où elles ne fussent pas bien à Cette.

Quant à moi, je n’ai pu les attendre. On veut que je reste ici trois semaines, puis que j’aille à Lamalou, que je ne prêche pas la retraite de Montauban, et d’autres choses peu amusantes. Je prévois bien que vous allez faire nommer Soeur Fr[ançoise]-Eug[énie] pour assistante. Dans ce cas, donnez-moi Soeur M.-Gabrielle pour supérieure. Le mieux serait de nommer cette dernière assistante de Nîmes et d’accoutumer peu à peu les Nîmois au départ de Soeur Fr[ançoise]-Eugénie. Je n’ose pas vous demander Soeur Marie du Saint-Sacrement. Je comprends que vous auriez besoin de deux assistantes, en dehors de Soeur Thérèse-Emmanuel, plutôt que d’une. Vous touchez à l’époque, où il faut accepter que les autres fassent même autrement que vous, du moins pour les détails.

Je vous promets de ne rien dire contre le scapulaire, pourvu que je ne sois pas contraint de rien dire ou faire pour cet habit, que je respecte, du reste, infiniment(3). Nous venons de perdre Mlle Marie Amalric; elle était à la campagne, je l’avais vue peu avant sa mort. Je cherche ce que l’on peut trouver de plus parfait dans sa position, et cela me semble impossible. Si l’on vous a dit quelque chose de bien précis sur le Congrès de Malines(4), vous me feriez grand plaisir de m’en faire savoir quelque chose. Vous ai-je écrit qu’on me trouvait bien malade? Je n’en sais rien. Pour ce qui me regarde, je me sens comme à l’ordinaire, mais M. Barre a tenu à ce que je passe par les mains de la Faculté.

Adieu, ma fille. Je vous écris trop long, au dire de ces Messieurs qui me recommandent force exercices physiques et de peu penser.

Tout vôtre en Notre-Seigneur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Deux jeunes religieuses qui par ordonnance du médecin doivent aller passer un mois au bord de la mer.
2. Jeanne d'Esgrigny, filleule du P. d'Alzon, née en 1845.
3. Comme Mère M.-Eugénie, le P. d'Alzon reste neutre dans cette affaire (voir *Lettre* 2290, n. 3). L'expérience fit d'ailleurs long feu. Déjà dans sa lettre du 31 août, Mère M.-Eugénie a noté que l'essai du scapulaire n'est pas brillant. Dans la suivante (9 septembre), elle écrit: "... à peine l'a-t-on porté que tout le monde s'en est petit à petit détaché, à cause de l'incommodité, du désordre et de la mauvaise tournure qui en résultaient pour la plupart des soeurs. Aussi en chapitre [...] la résolution a été contre à la presque unanimité", et elle ajoute: "Je suis contente d'être débarrassée de ce morceau d'étoffe qui demandait autant d'attention qu'il en faut à la présence de Dieu et de me sentir rétablie dans l'habit qu'ont emporté dans leur dernière demeure des soeurs mortes saintement. Enfin ai-je besoin de vous le dire, la seule volonté de Dieu pouvait me faire agréer une chose qui vous agréait si peu."
4. Pour éviter toute polémique autour du catholicisme libéral, comme cela avait été le cas l'année précédente après le discours de Montalembert, le cardinal Sterckx veilla à imprimer au deuxième Congrès de Malines une allure plus pratique et à le centrer sur le terrain des bonnes oeuvres (AUBERT, *Pie IX*, p. 171). Montalembert ne parut pas à Malines en 1864, mais Mgr Dupanloup était là et, dans un discours éloquent prononcé le 3 septembre en l'église métropolitaine de Saint-Rombaut, le P. Félix fit l'éloge de la liberté (LECANUET, *Montalembert*, III, pp. 378-389).