DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 159

4 oct 1864 Lamalou CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Voulez-vous m’aider à fonder une oeuvre destinée à réparer en Orient les insultes faites à Notre-Seigneur dans l’eucharistie? – Conditions requises des personnes qui se dévoueront à fonder cette oeuvre. – Moyens pour réparer les insultes commises contre N.-S. – Ce qu’elle-même peut faire dès maintenant et ce qu’elle pourra faire quand elle se sera donnée.

Informations générales
  • DR05_159
  • 2342
  • DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 159
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 402; D'A., T.D. 29, n. 26, pp. 26-30; QUENARD, pp. 20-23.
Informations détaillées
  • 1 ADORATION DU SAINT-SACREMENT
    1 ADORATION PERPETUELLE
    1 AMOUR DU CHRIST
    1 APOSTOLAT
    1 APOSTOLAT EUCHARISTIQUE
    1 ARMEE
    1 ASSOCIATION
    1 ATHEISME
    1 AUMONE
    1 AUSTERITE
    1 COMMUNION FREQUENTE
    1 CONVERSION SPIRITUELLE
    1 CORPS DE JESUS-CHRIST
    1 CULTE DE LA SAINTE VIERGE
    1 DEFENSE DE L'EGLISE
    1 DEVOTION
    1 DEVOTION EUCHARISTIQUE
    1 DIVIN MAITRE
    1 DON DE SOI A DIEU
    1 ECOLES ASSOMPTIONNISTES D'ORIENT
    1 EDIFICE DU CULTE
    1 EPREUVES
    1 FAMILLE
    1 FONDATRICE
    1 GLOIRE DE DIEU
    1 HISTOIRE DE L'EGLISE
    1 INSTRUCTION RELIGIEUSE
    1 LIBERTE
    1 LIVRES DE CLASSE
    1 MAITRES
    1 MAITRESSES
    1 MALADES
    1 MORT
    1 NOTRE-SEIGNEUR
    1 ORNEMENTS
    1 PAQUES
    1 PECHEUR
    1 PENITENCES
    1 PENSIONNAIRES
    1 PIETE
    1 PREMIERE COMMUNION
    1 PROTESTANTISME ADVERSAIRE
    1 PROVIDENCE
    1 REFORME DU CLERGE
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 RESSOURCES FINANCIERES
    1 RETOUR A L'UNITE
    1 REVELATION
    1 SACRILEGE
    1 SAINT-ESPRIT
    1 SAINTE COMMUNION
    1 SANTE
    1 SCHISME ORIENTAL
    1 THEOLOGIE
    1 VERTU DE FORCE
    1 VIE CONTEMPLATIVE
    1 VIE DE PRIERE
    1 VOCATION
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    1 VOLONTE DE DIEU
    2 CORNEILLE, CENTURION
    2 CORRENSON, AUGUSTINE
    2 CORRENSON, EMMANUEL-MARIE
    2 CORRENSON, JEANNE
    2 CORRENSON, MADAME CHARLES-LOUIS
    2 CRISENOY, MARIA DE
    2 FRANCOIS D'ASSISE, SAINT
    2 JARICOT, PAULINE
    2 MANSE, JOSEPHINE
    2 MARTIN, VALENTINE
    2 MERIGNARGUES, ISABELLE DE
    2 MERIGNARGUES, MADAME DE
    2 PIERRE, SAINT
    2 VAILHE, SIMEON
    2 VALAT, LOUISE
    3 ANDRINOPLE
    3 BULGARIE
    3 FRANCE
    3 LAMALOU-LES-BAINS
    3 LAVAGNAC
    3 LYON
    3 MONTAGNAC
    3 NIMES
    3 OCCIDENT
    3 ORIENT
  • A MADEMOISELLE MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Lamalou, 4 octobre 1864.
  • 4 oct 1864
  • Lamalou
La lettre

Ma chère enfant,

Je veux essayer de vous dire aujourd’hui ce que je me propose de vous demander. Voulez-vous m’aider à fonder une oeuvre qui soit destinée à réparer en Orient les insultes faites à Notre-Seigneur dans l’eucharistie et à développer son culte et son amour? Que la grande dévotion des temps modernes, en face des négations protestantes, soit l’exaltation de l’Eglise, le culte de la Sainte Vierge et l’amour envers le Saint-Sacrement, c’est ce qui me paraît plus évident que le jour. Or, tandis que l’incrédulité, fille du protestantisme, repousse en Occident cette triple manifestation de la piété catholique, ne serait-il pas utile, ou plutôt n’entrerait-il pas dans la pensée de Notre-Seigneur qu’on lui offrît, comme dédommagement de tant d’injures et de sacrilèges, une association qui se proposerait de propager la gloire de ce divin Maître présent à l’eucharistie, dans tout l’Orient schismatique? Ne serait-ce pas le moyen de préparer l’unité?

Les personnes, qui se dévoueraient à fonder une association dans un pareil but, devraient avoir:

1° Un ardent amour pour Notre-Seigneur immolé sur l’autel.

2° Le désir de réparer les insultes, dont il est l’objet, par la prière, la pénitence, les oeuvres de zèle.

Les personnes, qui ne pourraient s’occuper que de la prière et de la pénitence, pourraient s’unir d’une manière plus stricte. Les personnes, qui s’occuperaient des oeuvres de zèle, pourraient étendre leurs ramifications ou s’associer à d’autres oeuvres existantes déjà.

Les moyens pour réparer les insultes commises contre Notre-Seigneur sont, en dehors de la prière et de la pénitence:

1° La construction des églises en Orient;

2° Le soin des ornements;

3° L’instruction donnée aux enfants pour les préparer à la première communion et les attirer à la communion fréquente;

4° La formation d’écoles dans ce but;

5° La rénovation du clergé;

6° L’adoration perpétuelle à établir dans ces pays;

7° La préparation des vocations religieuses dans ces pays(1).

Je n’ai pas besoin, ma chère enfant, de vous développer cette pensée. Il me semble qu’elle porte avec elle ses développements. Mais, me direz-vous: « Que puis-je faire? » – D’abord penser sans cesse à cette idée, la mûrir aux pieds de Notre-Seigneur, offrir vos communions, vos austérités, vos aumônes, pendant quelque temps, pour savoir si Dieu vous veut là. Quand vous sentirez quelque chose, au fond du coeur, qui vous dira de vouer votre vie à J.-C. dans l’eucharistie, pour réparer les injures qui lui sont faites et pour aider l’épanouissement de son culte en Orient, vous aurez à mettre la main à l’oeuvre.

Et vous vous direz: « Comment puis-je m’occuper de choses pareilles? ». Je vous répondrai: « Comment Mlle Jaricot(2), une pauvre fille toujours malade, a-t- elle fondé l’oeuvre de la Propagation de la foi? Comment une pauvre femme de Lyon a-t-elle, sans ressources, fondé l’oeuvre des militaires, qui, sur plusieurs points de la France, a, pendant vingt-cinq ans, aidé des milliers de soldats à faire leurs pâques? Comment trois pensionnaires de Saint-Maur(3), à Nîmes, ont-elles fondé l’oeuvre de Saint-François de Sales? ». Quand Notre- Seigneur voulut établir son Eglise, il dit à un pauvre pêcheur: « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu plus que ceux-ci? ». Moi, je me permets de dire à deux filles de bonne volonté: « Marie et Isabelle, aimez-vous Jésus-Christ? ». Tout est là.

Je sais bien que tout le monde n’a pas la même vocation, mais je crois qu’il y a des positions providentielles et je crois, de plus, que vous avez une de ces positions(4).

Peut-être voudrez-vous aller plus loin et me demander: « Eh bien! que ferons- nous, quand nous nous serons données? ». Je pourrais d’abord vous répondre: « Pensez-vous que, quand Notre-Seigneur eut dit à saint Pierre: « Pais mes agneaux, pais mes brebis », celui-ci fut tout à coup beaucoup plus savant? Pour moi, je ne le crois pas: d’abord, parce qu’il n’avait pas reçu le Saint-Esprit; ensuite, parce que probablement les pensées de Dieu ne se révélèrent à lui que peu à peu, et nous en avons un exemple dans la conversion du centurion Corneille.

Mais je vais plus loin encore. A mon retour, du moment que vous m’aurez dit: « Mon Père, ma vie est à Notre-Seigneur pour l’oeuvre que vous me proposez », nous aurons à combiner toutes choses selon les circonstances, les obstacles qui seront nombreux et les facilités qui seront, elles aussi, peut-être plus grandes qu’on ne le pense. Ainsi, voyez quelques idées auxquelles je songe:

1° Etablir à Andrinople une maison de Soeurs de l’Assomption, avec l’adoration perpétuelle du Saint-Sacrement par elles ou par les filles catholiques du pays;

2° M’occuper d’une Ecole normale pour les garçons et les filles, afin de former des instituteurs et des institutrices pour la Bulgarie(5);

3° Constituer l’oeuvre des ornements;

4° Chercher des fonds pour envoyer des livres.

Et vous dites que vous n’aurez rien à faire! Eh! mon Dieu, vous ourlerez des torchons, quand vous n’aurez pas autre chose en train. Par exemple, pourquoi ne pas conquérir votre liberté, pour passer un peu plus de temps devant le Saint-Sacrement et le prier dans cette intention? Si l’idée de travailler de concert avec Isabelle de Mérignargues vous va et lui va, pourquoi ne pas faire quelquefois dans ce but la communion ensemble, et pourquoi ne pas aller quelquefois ensemble adorer le Saint-Sacrement et lui demander conseil, lumière et force? Si ce que je vous propose vous va, vous pouvez communiquer cette lettre à Isabelle. Quoique plus âgée que vous, elle aura pendant quelque temps moins de liberté que vous. La santé de sa mère, ses affaires de famille doivent l’absorber. Cependant, après avoir bien prié, c’est sur elle et sur vous que l’oeuvre me semble devoir être édifiée, sauf à nous adjoindre plus tard d’autres aides.

Ce ne sera pas le 6, mais le 7, que je dirai la messe pour Jeanne et Madame votre mère.

Adieu, bien chère enfant. Il me semble impossible que l’oeuvre que je vous propose ne se fasse pas, mais il me serait bien doux et bien bon que ce fût par vous et la sainte petite associée que je vous propose.

Tout vôtre en Notre-Seigneur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Quand on est en train, il n'y a pas de raison pour s'arrêter. Mais ceci est pour vous. Vous êtes entièrement libre de montrer à Isabelle ce que je vous écris; puis, gardez ma lettre, et, si vous avez le temps d'en faire une copie pour moi, j'en serais bien aise. Je crois que saint François d'Assise, dont nous célébrons aujourd'hui la fête et qui a tant fait pour l'Orient, bénit mon idée. Seulement, il faut prendre ce que je vous dis en réfutant vous-même les objections.|Adieu, encore une fois. Si sainte Augustine n'était pas pour la contemplation, comme elle pourrait nous aider! Vous ne m'avez pas dit de qui vous étiez en deuil. Ce n'est pas bien. Je ne sais pourquoi je suis préoccupé de votre petite filleule; parlez-m'en et écrivez-moi bientôt. Jusqu'à samedi midi, vous pouvez m'écrire à Lamalou, puis à Lavagnac par Montagnac.|J'espère être à Nîmes jeudi 13, une heure après midi.1. A propos de cette lettre, Maria de CRISENOY (o.c., p. 52) remarque: "les développements qu'il indique ne concernent pas les Oblates". Dans les moyens qu'indique le P. d'Alzon, il y en a en effet pour toutes les compétences: prêtres, religieux, religieuses, laïcs.
2. La fondatrice de l'*Association de la Propagation de la foi*, née en 1799, venait de mourir en 1862.
3. Valentine Martin, Joséphine Manse et Louise Valat. Sur cette fondation, voir *Lettre* 473, n. 3 et VAILHE, *Vie* II, pp. 200-204.
4. "Je dois vous déclarer avant tout que je ne songe pas à vous envoyer là- bas; c'est ici que vous devez vous travailler". *Note de l'auteur*.
5. Il ne mentionne pas explicitement ici le projet d'Oblates-tertiaires lié à celui d'une école normale pour filles (v. *Lettre* 2387).