- DR05_197
- 2396
- DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 197
- Orig.ms. A.C.O., Scritture referite nei Congressi bulgari, vol I, f.220-221v; Photoc. ACR, 2 CK 177. La date et la signature seules sont de l'écriture du P. d'Alzon.
- 1 AMITIE
1 APOSTOLAT
1 ASSOMPTIONNISTES
1 BULGARES
1 CATHOLICISME
1 CONGREGATION DE LA PROPAGANDE
1 CONGREGATION DES AUGUSTINS DE L'ASSOMPTION
1 CONGREGATIONS DE FEMMES
1 DESIR
1 DIPLOMATIE
1 DROIT COUTUMIER
1 ECOLES
1 ECOLES ASSOMPTIONNISTES D'ORIENT
1 EDUCATION
1 EDUCATION HUMAINE
1 EDUCATION RELIGIEUSE
1 ENFANTS
1 ENSEIGNEMENT PRIMAIRE
1 ETAT ECCLESIASTIQUE
1 ETRANGER
1 ETUDES ECCLESIASTIQUES
1 EVECHES
1 FAMILLE
1 FONDATION D'UN INSTITUT RELIGIEUX
1 FORMATION A LA VIE RELIGIEUSE
1 GRECS
1 INSTITUTIONS POLITIQUES
1 INSTITUTRICES
1 JEUNESSE
1 JURIDICTION EPISCOPALE
1 LITURGIE ROMAINE
1 LITURGIES ORIENTALES
1 LUXURE
1 MAITRES
1 MARTYRS
1 MISSIONNAIRES
1 OBLATES
1 PATIENCE
1 PAUVRE
1 PERSEVERANCE
1 POLITIQUE
1 POPULATION
1 PRETRE SECULIER
1 PRUDENCE
1 REFORME DU COEUR
1 RELIGIEUSES
1 RESPONSABILITE
1 RESSOURCES FINANCIERES
1 RESSOURCES MATERIELLES
1 RETOUR A L'UNITE
1 SAINTS
1 SALUT DES AMES
1 SCHISME SLAVE
1 SEMINAIRES
1 SUSCEPTIBILITE
1 VERTU D'OBEISSANCE
1 VICAIRE APOSTOLIQUE
1 VOCATION RELIGIEUSE
1 VOCATION SACERDOTALE
1 VOYAGES
2 ALZON, EMMANUEL D'
2 BARNABO, ALESSANDRO
2 BRUNONI, PAOLO
2 CANOVA, ANDREA
2 PIE IX
3 BULGARIE
3 CONSTANTINOPLE
3 FRANCE
3 JAPON
3 PHILIPPOPOLI - AU CARDINAL PITRA
- PITRA Cardinal
- [Nîmes, le 30 novembre 1864].
- 30 nov 1864
- Nîmes
Mémoire sur les Bulgares(1).
A l’époque de la canonisation des martyrs du Japon, Sa Sainteté Pie IX voulut bien témoigner de vive voix au Père d’Alzon des Augustins de l’Assomption son désir de voir fonder un séminaire pour les jeunes Bulgares qui se destineraient au sacerdoce.
Pour entrer avec une obéissance plus intelligente dans les intentions du S[ain]t Père, le Père d’Alzon se rendit à Constantinople et y chercha à étudier sur les lieux l’état des esprits et le meilleur moyen d’exécuter le projet qu’il [sic] lui était confié. Il arriva à constater:
1° Qu’il serait facile d’attirer un très grand nombre de Bulgares à l’union, mais leur conversion serait de peu de durée soit à cause des motifs politiques qu’ils cacheraient sous un apparent retour à la foi; soit à cause de leur profonde immoralité dont ils semblent n’avoir pas le sentiment.
2° Que le meilleur système pour arriver à faire du bien était de procéder avec plus de lenteur et de s’adresser aux jeunes générations.
3° Que la méthode des Lazaristes et des S[oeu]rs de S[ain]t V[incen]t de Paul était à coup sûr la meilleure pour ramener les populations à la véritable foi.
En effet, commencer par offrir des secours matériels dans leurs infirmités à des populations généralement très pauvres; s’emparer des enfants par l’éducation et de l’affection des familles; faire marcher le missionnaire derrière la religieuse qui a ouvert la tranchée; c’est, il me semble du moins, un des moyens les plus puissants de dissiper les préjugés et de permettre à la parole de Dieu d’être entendue sans préventions.
Rentré en France, le P. d’Alzon s’est adressé à plusieurs congrégations religieuses de femmes pour les engager à donner des sujets pour la Bulgarie, il ne sait si ces instances seront entendues plus tard, mais en attendant il a envoyé trois religieux à Philippopoli qui, sous le patronage admirablement charitable de Mgr Canova, ont commencé à former une école de 100 à 120 garçons catholiques. Les schismatiques se mettent à y envoyer leurs enfants. Le Consul grec leur a confié ses neveux, et tout fait espérer, pourvu qu’on procède avec prudence, que l’école sera la pépinière du séminaire. Déjà cinq ou six jeunes gens ont témoigné le désir d’entrer dans l’état ecclésiastique et le Père d’Alzon, qui avait donné l’autorisation de les faire venir en France, leur aurait fait commencer des études plus sérieuses, si la prudence parfaite de Mgr Canova n’avait soulevé des objections devant lesquelles le Père d’Alzon a cru devoir ajourner son dessein.
Ces objections, les voici:
1° Les enfants qu’on enverrait en France persévéreront-ils dans la vocation religieuse? S’ils ne persévèrent pas, que deviendront-ils?
2° Supposé qu’ils ne soient [que] des prêtres séculiers et qu’ils reviennent en Bulgarie, évidemment ils seront placés sous la juridiction de l’évêque de Philippopoli, mais ne seront-ils pas une bien lourde charge pour les ressources diocésaines si limitées déjà?
3° Si ces jeunes gens une fois élevés ne persévèrent pas, ne sont-ils pas exposés à tourner contre l’union l’instruction qu’ils auront reçue?
Ces objections, partant d’un évêque aussi expérimenté et aussi bienveillant que Mgr Canova, ont une bien grande force. Mais il me semble qu’on peut répondre:
1° Que si, selon le désir de Mgr Canova, le Père d’Alzon lui écrivait une lettre où il déclarerait positivement qu’en se chargeant de l’éducation de quelques jeunes Bulgares, il n’entend point prendre la responsabilité et en charger le vicariat apostolique de Philippopoli, bien des difficultés seraient aplanies.
2° Que les Bulgares qui entreraient dans sa congrégation seraient évidemment entretenus à ses frais.
3° Reste la question des Bulgares pauliciens ou de leur rite propre qui resteraient dans le clergé séculier. C’est à la sagesse de la Congrégation de la Propagande de trancher la difficulté que présente l’avenir de ces jeunes gens. Mais il est évident que si Pie IX veut un séminaire bulgare, c’est qu’il veut des prêtres de cette nation. Sa Sainteté indiquera quelle mission on doit leur confier et par quel moyen on les fera vivre.
4° Quant aux jeunes gens qui ne sentiraient point la vocation au sacerdoce, ne peut-on pas espérer qu’ayant reçu de bons principes, ils en rapporteront toujours l’influence dans leur pays?
On pourrait donner après tout à ceux qui formeraient cette dernière catégorie une direction salutaire en leur inspirant l’idée de se faire maîtres d’école.
Pour se résumer, le Père d’Alzon demande si dans ce but la Congrégation de la Propagande approuve qu’il prépare de loin une école normale d’instituteurs Bulgares. Il demande en même temps s’il peut former une petite congrégation de filles qui, après s’être quelque temps exercées en France à l’enseignement primaire, se transporteraient en Bulgarie afin de former à la vie religieuse et à l’enseignement des écoles des jeunes filles indigènes qui voudraient devenir institutrices(2)?
Ainsi, par le triple moyen du séminaire, de l’école normale de garçons et de l’école normale de filles, on mettrait, d’ici à un temps plus ou moins rapproché, les Bulgares en état de se suffire à eux-mêmes; on ménagerait leur susceptibilité nationale toujours froissée d’avoir recours à des maîtres étrangers; on leur donnerait une preuve de plus de l’intention où l’on est de respecter leurs institutions et leur liturgie; et l’on entrerait, ce semble, davantage dans celui de tous les systèmes qui a paru donner les meilleurs résultats.
Nîmes, 30 novembre 1864.
E.D'ALZON.La portée de ce "Mémoire sur les Bulgares" est beaucoup plus restreinte que celle du mémoire que le P. d'Alzon adressa à Pie IX le 25 avril 1863 et qui fut si mal accueilli par lui (v. *Lettre* 1979).
2. Le 28 février 1865, le card. Pitra écrivit au P. d'Alzon: "Vous aurez reçu ou ne pouvez beaucoup tarder de recevoir un mot sur les mesures adoptées pour la mission des Bulgares. Nous ne pouvons guère que dire aux travailleurs: *crescite et multiplicamini*."
Le mot annoncé par le card. Pitra est daté du 15 mars. Au nom de la S.C. pour les affaires du rite oriental, le card. Barnabo y invite le P. d'Alzon à accroître le nombre de ses religieux, spécialement aux endroits où, au jugement de Mgr Brunoni, leur présence s'avérerait la plus nécessaire (*Collectanea*, n° 18). Aux questions posées par le P. d'Alzon, pas la moindre réponse... On en reparlera quand vous serez plus nombreux...