DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 209

26 dec 1864 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Diables bleus. – Bonheur qu’il a reçu d’elle. – Fatigue et préoccupations. – Les 80 propositions condamnées par le pape. – Il va se faire ermite pour donner à sa congrégation tout le développement possible. – Le départ des Religieuses de l’Assomption pour Malaga.

Informations générales
  • DR05_209
  • 2409
  • DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 209
  • Orig.ms. ACR, AD 1360; D'A., T.D. 23, n. 818, pp. 148-149.
Informations détaillées
  • 1 ACTES PONTIFICAUX
    1 AUTORITE PAPALE
    1 BATEAU
    1 BONHEUR
    1 CELEBRATION DE LA MESSE PAR LE PRETRE
    1 CONGREGATION DES AUGUSTINS DE L'ASSOMPTION
    1 DESPOTISME
    1 ENCYCLIQUE
    1 ENNUI SPIRITUEL
    1 ERMITES
    1 ESPAGNOLS
    1 GALLICANISME
    1 LIBERTE DE CONSCIENCE
    1 MAISONS DE CAMPAGNE
    1 NOEL
    1 PARLOIR
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 SANTE
    1 SCHISME
    1 SEPARATION DE L'EGLISE ET DE L'ETAT
    1 USURPATIONS
    1 VOLONTE
    1 VOYAGES
    2 GIBERTON, MARIE-MARTHE
    2 PIE IX
    3 ESPAGNE
    3 FRANCE
    3 MALAGA
    3 MARSEILLE
    3 NIMES
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, le 26 décembre 1864.
  • 26 dec 1864
  • Nîmes
  • Evêché|de Nîmes
La lettre

Vous avez tort, ma chère fille, d’avoir des diables bleus(1). J’ai été si heureux de votre visite que je serais désolé qu’elle ne vous eût pas donné un peu du bonheur que j’ai reçu de vous. Mais: 1° Le temps que je vous ai donné m’a mis en retard;

2° Je ne puis pas tout ce que je veux. Ainsi hier après votre lettre reçue je suis resté une heure au coin de mon feu sans rien faire. On me demanda, je refusai d’aller au parloir(2).

3° J’ai de bien tristes préoccupations: un prêtre à [qui l’on a dû] interdire [la messe] le jour de Noël dans les plus douloureuses circonstances. Tyrannie d’un côté, maladresse de l’autre(3), c’est bien le résumé de l’affaire en question.

Les correspondances espagnoles annoncent le schisme pour le printemps(4), et les 80 propositions que le Pape vient de condamner semblent un ouvrage avancé pour repousser des attaques prévues. La séparation de l’Eglise et de l’Etat, la prétendue liberté de conscience, l’ingérence des gouvernements dans les actes pontificaux, les usurpations du temporel sur le spirituel, les accusations contre les droits du Pape, tout cela est condamné avec une précision qui ne laisse plus aucun refuge à la chicane. Quant à moi, j’arrive à cette conclusion que je vais me faire ermite le plus possible, et si après avoir passé dix jours à la campagne, je sens ma santé un peu fortifiée, je me renfermerai pour aviser à donner à notre petite Congrégation tout le développement possible.

Je pense que vos filles partiront pour Malaga le lundi 17 de Nîmes et le 18 de Marseille; elles seront aux premières payant le prix des secondes. Soeur M.-Marthe a bien besoin d’être tenue. Je n’ose rien dire sur son compte, sauf qu’elle est bien disposée. Mais ce que ce sera plus tard, je n’en sais rien.

Adieu, ma fille. Dix personnes viennent d’entrer et de sortir depuis que j’ai pris la plume. Excusez-moi, mais n’ayez pas de diable bleu jusqu’à ce que je sois un peu à mon courant. Mille fois vôtre.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. "Pourquoi donc ne m'écrivez-vous pas, mon cher père? Cela fait venir des diables bleus dans mon esprit. Je me demande si vous êtes réellement aussi content de moi que vous me l'aviez dit, et j'y perds la joie de mon voyage à Nîmes." (24 décembre). - Diables bleus (blue devils): cafard, spleen.
2. La santé du P. d'Alzon laisse donc toujours à désirer.
3. Le P. d'Alzon reprend les termes de Mère M.-Eugénie dans sa lettre du 24: "Je ne trouve pas le monde beau... D'un côté la violence et le despotisme, de l'autre, bien de la maladresse."
4. Où ces correspondances annoncent-elles un schisme? En Espagne? En France?