- DR05_230
- 2431
- DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 230
- Orig.ms. ACR, AD 1361 et 1309; D'A., T.D. 23, n. 819, pp. 149-151.
- 1 ADORATION
1 CAPITAUX
1 CHAPELLE
1 CHEMIN DE FER
1 CHOIX
1 CIMETIERE
1 CONGREGATION DES AUGUSTINS DE L'ASSOMPTION
1 DEPARTS DE RELIGIEUX
1 EMBARRAS FINANCIERS
1 FATIGUE
1 GRECS
1 JARDINS
1 MALADIES
1 MALADIES MENTALES
1 MORT
1 PRIERE DE DEMANDE
1 PRIEURE DE NIMES
1 REPOS
1 RESIDENCES
1 RESPONSABILITE
1 REVENUS DE PROPRIETES
1 SANTE
1 SCOLASTICATS
1 SUCCESSIONS
1 SUFFISANCE
1 TRISTESSE PSYCHOLOGIQUE
1 VENTES DE TERRAINS
1 VIN
1 VOCATION SACERDOTALE
1 VOLONTE DE DIEU
2 ALZON, HENRI D'
2 DEMETRIADES, JEROME
2 DEVEREUX, MARIE-AGNES
2 GIBERTON, MARIE-MARTHE
2 PAULINE, LAVAGNAC
2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
2 PLATON
2 PUYSEGUR, JEAN DE
3 FRANCE
3 LAVAGNAC
3 MALAGA
3 MARSEILLE
3 MONTMAU
3 MONTPELLIER
3 NIMES
3 NIMES, CITE BERANGER
3 PARIS
3 ROME
3 SAINT-PONS-DE-MAUCHIENS
3 TOULOUSE - A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
- MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
- Lavagnac, 2 janvier 1865.
- 2 jan 1865
- Lavagnac
Si vous croyez que l’on peut écrire ici toutes les fois qu’on le veut, ma chère fille, vous êtes dans une erreur très grande. D’abord les chemins de fer ont été interrompus pendant cinq jours; puis le jour de l’an et ses visites sinon à faire, au moins à recevoir; et les maux de tête qui s’ensuivent pour moi sont si fatigants que je ne suis pas même en état d’aller à la chapelle. Ne vous effrayez pourtant pas trop sur mon compte, mais seulement veuillez croire qu’il n’est pas même ici facile de trouver un moment où je puisse causer avec vous autrement que dire quatre mots.
Laissez-moi vous dire, en passant, sur les arbres(1) que vous ne voulez pas en ligne droite, que l’essentiel c’est de se mettre le plus tôt possible hors d’aspect. En avant de la ligne d’arbres verts, vous mettrez tout ce qui vous plaira. Seulement je voudrais que vous fussiez ici un peu mieux préservées que vous ne l’étiez, il y a deux ans, des habitants de la cité Béranger.
Quant à Soeur Marthe, je suis très embarrassé(2). Evidemment Soeur M.-Agnès me fait l’effet de [ne] pouvoir pas s’en tirer sans elle, et, d’autre part, je tremble pour cette pauvre tête que je ne puis croire aussi solide qu’elle est capable. Vraiment c’est à la croire toquée par moments. Peut-être aussi la préoccupation de tous les embarras qu’elle va avoir, si elle part pour Malaga, chassera-t-elle ses dragons; mais je ne suis pas assez sûr de mon fait pour prendre la responsabilité d’une décision.
Pauline est toujours parfaitement décidée. Cela me console un peu du départ brusque du P. Jérôme, qui a attendu mon excursion à Lavagnac pour m’annoncer qu’il décampait. Lorsque je ne sais plus quel prêtre égyptien disait à Platon: « O Grecs, vous n’êtes que des enfants », il disait plus vrai qu’il ne le pensait peut-être. Mais ce n’est pas là ce dont je veux vous entretenir.
Savez-vous ce qui me préoccupe depuis q[uel]q[ue] temps? C’est de savoir où j’irai, supposé que je survive à mon évêque, qui, selon moi, n’en a pas pour bien longtemps. Je ne pense pas que ma place soit à Nîmes. Dans les circonstances présentes sera-t-elle à Paris? Ne m’y exposerai-je pas à bien des ennuis? Sera-t-elle à Rome? Vraiment je suis embarrassé et quelque chose me dit que Dieu me veut ailleurs. Peut-être au cimetière. Remarquez bien que je n’ai en ce moment aucun ennui à Nîmes. Au contraire, ma position y est plus agréable que jamais. Si je voulais y faire mon nid, il pourrait être très bien disposé. Mais Dieu ne veut-il pas que, pour donner un peu plus d’extension à mon oeuvre, j’aille poser ma tente ailleurs? Comme cette idée m’est venue pendant que je faisais mon adoration à peu près comme ma vocation à l’état ecclésiastique(3), sans y donner plus de valeur qu’il ne faut, je crois devoir la recommander à vos prières. D’autre part, je parcourais ce soir ma petite propriété de Montmau(4). Il me semblait qu’il serait impossible de trouver pour une maison d’études rien de plus agréable comme point de vue, douceur du climat, salubrité, facilité de communications. On a un chemin de fer qui nous mettra en relation avec Toulouse, Marseille et le centre de la France.
Je n’ai pour le moment aucune inquiétude sur les idées de mon neveu relativement à ma succession. Ce qu’il y a de très curieux, c’est que mon père leur avait donné la peur, au contraire, que mes religieux ne réclamassent une part plus grande pour moi; mais on admettait que les miens n’auraient pas un sou de mon lot. Puis dois-je vendre tout de suite? C’est à y perdre la tête. Vous ne croirez pas que, l’an dernier, on a vendu à quelques lieues d’ici des vignes à 36.000 francs l’hectare, lesquelles ont rapporté moins que les miennes. Je me demande si en attendant que le chemin de fer me mette en communication avec Montpellier, je ne cours pas la chance de faire, non pas une vente sur ce pied, car je me contenterais du quart. Puis je reviens et je me dis: Mais si je viens à mourir, des capitaux ne seront-ils pas préférables pour les miens? D’autre part, ne puis-je pas compter sur deux ou trois ans de vie sans imprudence? Vous voyez si vous devez prier pour que je sache me dépêtrer de tout l’embarras où je me trouve.
Le point essentiel est que je puisse faire la volonté de Dieu. Il est 10 heures du soir, je vais faire adieu au salon et me coucher.
Mille fois vôtre à condition que vous n’aurez pas de diables bleus(5).
E.D'ALZON.2. Fallait-il prendre la responsabilité d'envoyer à Malaga Soeur M.-Marthe qui le désirait vivement?
3. Sauf erreur de notre part, c'est la première fois que le P. d'Alzon fait cette confidence. Par contre, ce n'est pas la première fois qu'il confie à Mère M.-Eugénie de Jésus ses problèmes de conscience en ce qui regarde son avenir (v. *Lettre* 2145).
4. Près de Lavagnac, commune de St-Pons de Mauchiens.
5. Voir *Lettre* 2409, n. 1.