DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 275

24 mar 1865 Nîmes CHAUDORDY_ANGELINA

J’approuve votre règlement. – Obéissance, travail et oraison. – Jésus vous aime beaucoup, faites-le grandir en vous chaque jour par la communion, la foi, l’amour.

Informations générales
  • DR05_275
  • 2479
  • DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 275
  • Orig.ms. ACR, AM 37; D'A., T.D. 37, n. 2, pp. 8-10.
Informations détaillées
  • 1 ACTION DE DIEU DANS L'AME
    1 ADORATION DU SAINT-SACREMENT
    1 AMITIE
    1 AMOUR DE DIEU POUR SA CREATURE
    1 AMOUR DU CHRIST
    1 CHARITE ENVERS DIEU
    1 CHOIX
    1 COMMUNION FREQUENTE
    1 CULPABILITE
    1 DIRECTION SPIRITUELLE
    1 ERREUR
    1 FIDELITE
    1 FOI BASE DE L'OBEISSANCE
    1 FORMATION DE JESUS CHRIST DANS L'AME
    1 HUMILITE
    1 INCARNATION DE JESUS-CHRIST
    1 LIBERTE
    1 MERE DE DIEU
    1 MORTIFICATION
    1 NOTRE-SEIGNEUR
    1 ORAISON
    1 PARESSE
    1 PERSEVERANCE
    1 PRATIQUE DE L'OBEISSANCE
    1 REGLEMENTS
    1 SAINTS
    1 TRAVAIL
    1 TRAVAIL DE L'ETUDE
    1 VERTU D'OBEISSANCE
    1 VERTU DE FORCE
    1 VERTU DE PENITENCE
    2 LEON X
    2 WISEMAN, NICOLAS
    3 NIMES
  • A MADEMOISELLE ANGELINA CHAUDORDY
  • CHAUDORDY_ANGELINA
  • Nîmes, le 24 mars 1865.
  • 24 mar 1865
  • Nîmes
  • Evêché de Nîmes
La lettre

Je veux vous prouver, mon enfant, par ma promptitude à vous répondre, que je suis désireux de vous aider à mettre sérieusement la main à l’oeuvre. J’approuve votre règlement. Je vous dirai ce que je pense de la mortification, mais je veux aujourd’hui aborder trois points, sur lesquels nous aurons à revenir plus d’une fois: l’obéissance, le travail et l’oraison.

L’obéissance. Je vous préviens que je la demanderai tous les jours plus grande. Si, comme je le pense, N.-S. veut que je vous fasse du bien, il faut que je trouve en vous une fille très obéissante. Cette obéissance doit reposer sur deux bases, la confiance et l’humilité. Cette confiance, vous seule en êtes l’arbitre. Suis-je vraiment le guide voulu de Dieu? Ce n’est pas à moi, mais à vous de le décider. C’est à vous que la grâce sera donnée pour faire votre choix, et si vous me dites: « Mon Père, je crois que je me suis trompée », je vous dirai: « Ma fille, je vous rends votre liberté ». L’affection que je vous porte et le désir que j’ai de vous faire du bien, cette sorte d’attrait que j’ai pour une nature comme la vôtre, ne suffisent pas, comprenez-le bien. C’est vous qui, devant Dieu, devez faire votre choix, mais une fois ce choix fait, votre confiance doit être entière, et j’ai le droit de l’exiger ainsi pour pouvoir vous faire du bien. L’humilité doit se joindre à l’obéissance et doit, d’une part, vous délier la langue et vous décadenasser les lèvres. Je vous promets, du reste, de vous aider dans la pratique de cette vertu, dès que vous m’aurez dit: « Je veux être une fille confiante, humble et obéissante ». Je vais faire comme si vous me l’aviez dit et je poursuis.

Le travail. Le travail vous est indispensable, et vous avez des reproches à vous faire à ce sujet. Je vous crois des moyens, mais je vous crois paresseuse et coupable, par conséquent. Le travail est une excellente pénitence, et, pour le moment, je ne voudrais pas vous en imposer une autre, ou du moins je voudrais que ce fût la principale. Un des hommes les plus remarquables du siècle de Léon X, au milieu d’un énorme tracas d’affaires, s’était imposé trois heures d’étude par jour. Je vous approuve donc de faire comme lui, quoique vous n’ayez peut-être pas tous ses dérangements. Nous verrons si vous aurez sa fidélité. Le secrétaire du card[inal] Wiseman me disait dimanche dernier(1) que, dans les derniers temps de sa vie, il n’avait pu rien faire qu’à bâtons rompus, prenant tantôt dix minutes, tantôt un quart d’heure. Vous n’en êtes pas là. Je veux que vous preniez du temps et que vous sachiez le trouver.

Que vous dirai-je de l’oraison? Ne vous découragez pas, si vous êtes sèche, aride, distraite. Que de saints en ont été là toute leur vie! Souvent, ces oraisons désolées produisent de merveilleux fruits de vertu. L’essentiel, c’est la persévérance; elle viendra, j’en suis sûr, si vous êtes humble et obéissante.

Demain matin, demandez à N.-S. de se former dans votre coeur, comme il se forma dans celui de la Sainte Vierge, en même temps qu’il s’incarnait dans ses chastes entrailles. Faites-le grandir tous les jours par la communion, par la foi, par l’amour. Aimez Jésus. J’ai la profonde conviction qu’il vous aime beaucoup. Mon bonheur serait de vous porter à lui. Vous êtes capable d’élan. Si Dieu vous pousse, avancez, courez. Ah! mon enfant, qui me donnera de vous voir des ailes, et de les voir s’ouvrir et vous élever au-dessus de tout ce qui est créé, pour vous perdre en Dieu seul

Bonne nuit. Je vais adorer le Saint-Sacrement et je vous poserai devant Notre-Seigneur, comme une petite victime d’amour.

Notes et post-scriptum
1. Le dimanche 19 mars, le P. d'Alzon était à Nîmes. En quelles circonstances a-t-il rencontré le secrétaire du cardinal Wiseman? Nous ne sommes pas en mesure de le dire. Le cardinal Wiseman était décédé le 15 février précédent.