DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 291

26 apr 1865 Le Vigan REGIS Eulalie

Impossible de faire une retraite. – Le jubilé à Rogues. – Un pénitent de Pie VII. – L’installation des Oblates se fera le 27 ou le 28 mai, ou peut-être le 24.

Informations générales
  • DR05_291
  • 2497
  • DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 291
  • Orig.ms. ACR, AM 285; D'A., T.D. 37, n. 37, pp. 265-266.
Informations détaillées
  • 1 ASSOMPTIONNISTES
    1 CARDINAL
    1 CELEBRATION DE LA MESSE PAR LE RELIGIEUX
    1 CHAIRE
    1 CHAPELLE
    1 CONFESSEUR
    1 CONFESSION SACRAMENTELLE
    1 CONTRAT DE LOCATION
    1 CUISINIER
    1 CURE
    1 EDIFICE DU CULTE
    1 EVEQUE
    1 EXAMEN DE CONSCIENCE
    1 FETES DE MARIE
    1 NOTRE DAME AUXILIATRICE DES CHRETIENS
    1 OBLATES
    1 PAPE
    1 PAROISSE
    1 PIETE
    1 PRETRE
    1 PRIEURE DE NIMES
    1 PRISONNIER
    1 REPAS
    1 REPOS
    1 RETRAITE SPIRITUELLE
    1 SAINT-SACREMENT
    1 SERMONS
    1 VOLAILLES
    2 CORRENSON, EMMANUEL-MARIE
    2 GROUSSET, JEAN-BAPTISTE
    2 JOURDAN, RAPHAEL
    2 MERIGNARGUES, ISABELLE DE
    2 PIE VII
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    3 ROGUES
    3 SAVONE
    3 VIGAN, LE
  • A MADEMOISELLE EULALIE DE REGIS
  • REGIS Eulalie
  • Le Vigan, le 26 avril 1865.
  • 26 apr 1865
  • Le Vigan
  • *Mademoiselle*
    *Mademoiselle de Régis*
    *rue du Chapitre*
    *Nîmes*.
La lettre

Ma bien chère fille,

Impossible de faire une retraite; le P. Hippolyte me débauche. Aujourd’hui, il m’a mené à Rogues(1), village impossible. Représentez-vous, au milieu d’une plaine de rochers, une église grande comme la chapelle du prieuré, et encore! – un curé, sa cuisinière, 3 coqs, 8 poules et un petit chien, je crois avoir vu un chat -; puis, à deux cents pas, une maison; puis, à dix minutes, un hameau. Cela s’échelonne jusqu’à huit ou dix kilomètres. J’ai fait une promenade de près de deux heures, pour aller voir de trois quarts de lieue un hameau situé à une des extrémités de la paroisse. Le jubilé opère tout seul. Quand nos Pères arrivèrent, ils trouvèrent des hommes qui voulaient se confesser, même avant le sermon. Le travail commence à 6 heures du soir, dure jusqu’à 11. On se couche. Le matin, nouvelle séance de 5 à 10. On dit la messe quand on peut. Actuellement tous les hommes se sont confessés, mais il en vient des villages voisins qui ne rentrent chez eux qu’à 2 heures du matin. Et dire que la cuisinière de ce curé vient tous les huit jours, au moins tous les quinze jours, se confesser au P. Hippolyte, et pour cela fait, hiver et été, trois heures à pied pour venir et quatre heures pour s’en retourner! Le P. Raphaël a un don pour les hommes; ils vont à lui avec bonheur. Le P. Jean-Baptiste fait en chaire des examens de conscience qui font refaire bien des confessions.

Mais je vous donne en mille, en dix mille, à deviner quel a été avant le P. Raphaël le confesseur immédiat d’un de ses pénitents. Etait-ce un prêtre? Un peu plus qu’un prêtre. Un évêque? Un peu plus qu’un évêque. Un cardinal? Un peu plus qu’un cardinal? Un Pape? Oui, un pape et tandis qu’il était pape. C’est un Piémontais qui s’est confessé, il y a cinquante ans et plus, à Pie VII, lorsqu’il était prisonnier à Savone. Il paraît que ce saint homme, pendant sa captivité, a confessé beaucoup de gens du peuple, et mon Piémontais fut du nombre. Il a conservé, dit-il, toutes les pratiques de piété que le Pape lui avait données, mais il paraît qu’on ne lui avait pas indiqué la confession.

Et nos Oblates! Tout le monde me félicite du bon marché de notre bail. Ce sera le 27 ou le 28 mai que l’installation se fera et que je compte placer le Saint-Sacrement dans la chapelle. Il est possible que nous fassions la cérémonie le 24, qui est une des belles fêtes de la Sainte Vierge, Notre-Dame auxiliatrice des chrétiens. Enfin, ce sera à peu près à cette époque. Impossible avant, il faut commander douze lits. Le P. Hippolyte prétend que, sous très peu, on dépassera le chiffre, mais j’ai trouvé avec un peu d’industrie 36 places.

Adieu, ma fille. Tout vôtre. On veut que j’aille souper. Dites à M[arie] Correnson qu’elle est bien peu aimable de ne m’avoir pas écrit. Je n’ai rien reçu d’Isabelle.

Mille fois vôtre en N.-S.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Commune du canton du Vigan.