DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 308

15 may 1865 Nîmes CHAUDORDY_ANGELINA

N.-S. veut que je vous pousse vers lui. – Je vous soutiendrai, mais vous devez faire preuve d’énergie. – Le sentiment de l’amour de N.-S. est un puissant moyen de vous transformer. – Mais l’amour de Dieu est exigeant. – Quand vous croirez avoir tout donné, il vous faudra donner plus encore. – Ce que l’amour donne à Dieu n’est rien en comparaison de ce qu’il reçoit. – Une relique de la vraie croix, pour vous.

Informations générales
  • DR05_308
  • 2516
  • DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 308
  • Orig.ms. ACR, AM 39; D'A., T.D. 37, n. 4, pp. 12-13.
Informations détaillées
  • 1 ACTION DE DIEU DANS L'AME
    1 AMOUR DIVIN
    1 CAPRICE
    1 CROIX DE JESUS-CHRIST
    1 DIVIN MAITRE
    1 DON DE SOI A DIEU
    1 DOUCEUR
    1 EFFORT
    1 EUCHARISTIE
    1 JESUS-CHRIST
    1 LACHETE
    1 MALADES
    1 MORT DE JESUS-CHRIST
    1 NOTRE-SEIGNEUR
    1 PRIERE A LA SAINTE VIERGE
    1 REFORME DE LA VOLONTE
    1 SANG DE JESUS-CHRIST
    1 VERTU DE FORCE
    1 VERTU DE PAUVRETE
    1 VOIE UNITIVE
    1 VOLONTE
    2 JEAN, SAINT
    3 NIMES
  • A MADEMOISELLE ANGELINA CHAUDORDY
  • CHAUDORDY_ANGELINA
  • Nîmes, le 15 mai 1865.
  • 15 may 1865
  • Nîmes
  • Evêché de Nîmes
La lettre

Il me semble, mon enfant, que N.-S. veut que je vous pousse vers lui. Vous me faites l’effet d’un convalescent, à qui le grand air est utile pour se fortifier, qui voudrait se promener, mais qui n’a point de jambes: elles lui reviendront par l’exercice, mais pour le moment elles sont engourdies. Il faut donc vous soutenir un peu, et c’est ce que je ferai avec bonheur. Laissez-moi vous parler de votre faiblesse. Je la crois moins dans le fond de votre volonté que dans l’absence d’effort pour pratiquer l’énergie. Aussi, suis-je moins tenté de vous prescrire telle ou telle chose, que de vous recommander de faire chaque jour un certain nombre d’efforts, n’importe lesquels, pourvu qu’ils aient pour résultat de vous vaincre. Souvenez-vous que nous sommes au siècle des gens qui ne savent pas vouloir ou qui ne veulent que par caprice. Je n’ai encore vu rien(1) qui ressemble au caprice, chez vous, mais j’ai constaté souvent de la faiblesse de volonté.

N.-S. semble vous donner un puissant moyen de faire en vous les transformations nécessaires, c’est le sentiment de son amour. Je tiens à vous prévenir tout d’abord, en vous rappelant ce que je vous disais ce soir, que, quand on donne au fond de son coeur accès à l’amour de Dieu, il faut s’attendre à ce qu’il ait de grandes exigences. Aussi, faites-y bien attention. Si Dieu vous attire sur son coeur, attendez-vous à ce qu’il ait un amour jaloux, et que la voie des sacrifices sera rude. Un jour, ce sera un rien; un autre jour, ce sera quelque chose; puis, ce sera beaucoup; enfin, ce sera tout, et quand vous croirez avoir tout donné, vous verrez qu’il vous faudra donner plus encore. Ce que ce sera, je n’en sais rien; mais ce que je sais bien, c’est qu’il n’y a pas une âme un peu fervente qui n’ait subi ce martyre.

Toutefois, il a ses douceurs; car l’amour qui s’entretient par les sacrifices augmente sans cesse, et sans cesse demande, en même temps qu’il reçoit. Il demande à Dieu et il reçoit de Dieu, et ce qu’il donne n’est rien en comparaison de ce qu’il reçoit. Je me figure que le temps vient où vous voudrez donner beaucoup, parce que vous aurez reçu beaucoup. Vivez de ce commencement d’amour de Jésus-Christ qui cherche à s’allumer dans votre âme. Laissez notre bon Maître vous demander souvent et donnez-lui tout ce qu’il exigera. Quand vous allez à la messe, montez au Calvaire et demandez à la Sainte Vierge de vous tenir, quoique indigne, près d’elle et de saint Jean sous le sang de Jésus-Christ.

J’ai fait arranger une relique de la vraie croix, mais je ne vous la donnerai que quand vous viendrez la chercher, avec les dispositions dont nous sommes convenus. J’ai encore bien des choses à vous dire, mais il faut vous donner le temps de réfléchir sur ce qui précède.

Adieu, mon enfant. Tout vôtre en N.-S.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Le manuscrit porte: "Je n'ai pas encore vu rien...".