DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 317

28 may 1865 Le Vigan REGIS Eulalie

Je vous remercie de votre ardeur pour nos Oblates. – Sous le rapport temporel, les choses vont mieux que vous ne pensez. – Qui est le numéro 1? – Vocations possibles. – Le bon Dieu ne veut pas que nous nous pressions. – Le P. Hippolyte explique le règlement matériel et moi le côté spirituel. – Mme Durand, qui vous apprécie mieux, compte elle aussi mourir en Bulgarie.

Informations générales
  • DR05_317
  • 2525
  • DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 317
  • Orig.ms. ACR, AM 286; D'A., T.D. 37, n. 38, pp. 266-268.
Informations détaillées
  • 1 ANIMAUX
    1 APOTRES
    1 ASCENSION
    1 COLERE
    1 CUISINIER
    1 DOT
    1 ECONOMAT
    1 EFFORT
    1 FORMATION A LA VIE RELIGIEUSE
    1 FRUITS
    1 INTELLIGENCE
    1 OBLATES
    1 PENTECOTE
    1 PROPRETE
    1 RECONNAISSANCE
    1 REGLEMENTS
    1 RESSOURCES MATERIELLES
    1 SUPERIEURE
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    2 ARNAL DU CUREL, MADAME
    2 DURAND, MADELEINE
    2 DURAND, MARIE DE L'ANNONCIATION
    2 DURAND, MESDEMOISELLES
    2 GERMER-DURAND, JOSEPH
    2 GERMER-DURAND, MADAME EUGENE
    2 JORDAN, MARIE DE
    2 MERIGNARGUES, ISABELLE DE
    2 ROCHE, MADEMOISELLE DE
    2 SALZE, THERESE
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    2 SERRES, MADEMOISELLE DE
    2 VAILHE, SIMEON
    3 BULGARIE
    3 SEVRES
    3 VIGAN, LE
  • A MADEMOISELLE EULALIE DE REGIS
  • REGIS Eulalie
  • Le Vigan, 28 mai 1865.
  • 28 may 1865
  • Le Vigan
  • *Mademoiselle*
    *Eulalie de Régis*
    *rue du Chapitre*
    *Nîmes*.
La lettre

Ma chère fille,

Je vous remercie de votre bonne lettre et de votre ardeur pour nos Oblates. Je crois, comme vous, que le bon Dieu les bénira. Il faut les former peu à peu sous le rapport spirituel, mais croyez que sous le rapport temporel les choses vont mieux que vous ne le pensez. J’y vais tous les soirs, le P. Hippolyte tous les matins. Cela a déjà changé à vue depuis votre départ. Le P. Hippolyte est un vieil économe qui tient la bourse et ne jette pas son lard aux chiens. Mme Arnal est là aussi; le P. Hippolyte lui a fait faire un lit dans la chambre de la supérieure. Et maintenant que vous êtes à vingt-cinq lieues, est-ce que vous ne voyez pas que le numéro 1 est ou Mme Arnal ou le P. Hippolyte? Si M[arie] de J[ordan](1) vient, nous la prendrons, mais je doute que le numéro 1 soit changé pour cela. Si Mlle de Roche avait envie de se consacrer à notre oeuvre, il ne le serait guère plus. Croyez que nous voulons aller doucement, mais sûrement. S’il en fallait un absolument, nous prendrions une fille de trente-deux ans, pétrie de moyens et de savoir-faire. Elle est la deuxième de quatre soeurs(2), qui vont entrer avec une douzaine de mille francs, à elles quatre. L’aînée a quarante et un ans. La cadette dit: « Ma soeur n’ira jamais en Bulgarie, moi j’irai. Que ma soeur me laisse passer la première ». L’aînée ou plutôt le P. Hippolyte répond: « Il y a un millier de francs à écouler, dont un magasin; la cadette est la plus habile des deux, il faut qu’elle reste ». Voilà où en sont les choses!

On aurait au besoin cette fille très intelligente, sans la moindre difficulté; puis, on a pour le ménage votre Adeline, aujourd’hui, Soeur Thérèse(3), la cuisinière de Mlle de Serres que tout Le Vigan proclame un trésor; puis, puis, il y a des douzaines de vocations qui pleuvent des montagnes; puis enfin, il y a de saintes filles qui sont comme les Apôtres entre l’Ascension et la Pentecôte. Que voulez-vous de plus?

Vous avez été toute votre vie une fille pressée, et le bon Dieu ne veut pas que nous nous pressions. Vous ai-je demandé si Mlle de Roche voudrait nous venir? Vous pourriez le savoir par Isabelle. Vous ne me parlez pas de cette chère enfant. Le P. Hippolyte explique tous les matins le règlement matériel; moi, j’en explique tous les soirs le côté spirituel. Vous voyez que nous faisons des progrès tout doucement et sans bruit. Croyez-moi, cela va bien. Elles ont une chèvre, leurs cerises mûrissent, et je les soupçonne de m’avoir envoyé hier des fraises excellentes. Elles ne sont donc pas si empêtrées.

Mme Durand m’a dit qu’elle vous avait mieux connue et mieux appréciée, qu’elle était tout heureuse de s’unir à vous dans certains efforts. Elle aussi compte mourir en Bulgarie(4).

Adieu, ma chère fille. Je ne me relis pas. Mille fois vôtre. Quand partez-vous?

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Veuillez croire que toutes vos pages ont leur valeur et que j'en suis convaincu.1. Le nom a été complété dans la copie du P. Vailhé.
2. Citant ce passage, le P. Vailhé écrit: "la deuxième des quatre soeurs *Durand*" (*Vie*, II, p. 400). Cette précision de nom n'est pas dans le ms original. Notons que deux des premières Oblates portent le nom de Durand: les soeurs Madeleine et Marie de l'Annonciation.
3. Soeur Thérèse Salze, également une des premières arrivées.
4. Devenue veuve en novembre 1880, Mme Cécile Germer-Durand, mère du P. Joseph Germer-Durand A.A., entra chez les Oblates, partit pour la Bulgarie et mourut à Sèvres en 1886.