DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 332

5 jun 1865 Le Vigan MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Pourquoi était-il besoin de secousses pour réveiller la confiance? – La question des Oblates n’est pour rien dans ce que je vous ai écrit. – Cette oeuvre, jusqu’à nouvel ordre, occupera plus le P. Hippolyte que moi. – Si vous nous donnez une religieuse pour commencer, elles auraient plus de relations avec vous. – En Orient, elles seraient, selon le principe de saint Vincent de Paul, sous l’action des religieux. – A propos des Soeurs demandées pour les Oblates. – Considérations sur les Religieuses de l’Assomption, et spécialement celles de Nîmes. – Vous pouvez quitter, mais on ne vous ôtera jamais la première place. – Pauline est à Lavagnac.

Informations générales
  • DR05_332
  • 2540
  • DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 332
  • Orig.ms. ACR, AD 1383; D'A., T.D. 23, n. 842, pp. 172-174.
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 COLERE
    1 CONTEMPLATIVES
    1 CRAINTE
    1 ELEVES
    1 FRANCHISE
    1 HUMILITE
    1 INJURES
    1 LARGEUR DE VUE APOSTOLIQUE
    1 LIBERTE
    1 MAITRESSE DES NOVICES
    1 OBLATES
    1 ORAISON
    1 PRIEURE DE NIMES
    1 RELATIONS DU PERE D'ALZON AVEC LES ASSOMPTIADES
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 TENUE RELIGIEUSE
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    2 BOSC, FRANCOIS DE SALES
    2 DEROUDHILE, MARIE-SERAPHINE
    2 MALBOSC, FRANCOISE-EUGENIE DE
    2 PAULINE, LAVAGNAC
    2 PETER, MARIE-MADELEINE DE
    2 PUYSEGUR, MADAME ANATOLE DE
    2 ROUSSEAUX, MARIE DU SACRE-COEUR
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    2 VINCENT DE PAUL, SAINT
    3 ANDRINOPLE
    3 LAVAGNAC
    3 NIMES
    3 ORIENT
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Le Vigan, 5 juin [18]65.
  • 5 jun 1865
  • Le Vigan
La lettre

Veuillez croire, ma chère fille, que vous écrire n’est une peine pour moi que quand j’ai de la difficulté à tenir la plume; ce qui m’arrive bien un peu depuis quelque temps. Je vous remercie bien de tout ce que les secousses que je vous cause involontairement vous font voir. Mais pourquoi est-il besoin de ces secousses? Voilà ce que je me demande et ce qui me justifie.

Vous vous méprenez de la façon la plus complète, si vous pensez que la question des Oblates est le motif de ce que je vous ai écrit. Je vous assure qu’éprouvant de votre part une diminution de confiance, (il paraît qu’il n’y avait que sommeil, puisque les secousses l’ont réveillée), c’est bien simplement, loyalement et humblement que je vous ai posé la question, à laquelle vous avez d’abord répondu : J’y songeais(1). Or à bon entendeur demi-mot.

Quant à ma liberté(2), restez tranquille, elle n’est point en jeu, du moment que vous parlez comme vous le faites aujourd’hui. Et quant aux Oblates, c’est une oeuvre qui jusqu’à nouvel ordre occupera plus le P. Hippolyte que moi. Je n’y connais que les filles qu’il y a appelées(3). Et quant à celles qui viendront plus tard, je n’en vois pas que je doive y envoyer de si tôt. Puis, c’est une classe à part. Si vous nous donnez une religieuse pour commencer, elles auront plus de relations avec vous, et c’est ce que je désire; sinon, c’est bien vous qui n’en aurez pas voulu. Il est très vrai qu’en Orient je désire qu’elles soient sous l’action des religieux, mais c’est pour suivre le principe de saint Vincent de Paul.

Je me suis figuré que vous ne vouliez pas me donner des Soeurs que je vous demandais et qui valaient, selon moi, Soeur François de Sales. Quant à Soeur Fr[ançoise]-Eugénie, je n’aurais pas osé la demander, mais je l’aurais prise avec bonheur. Soeur M.-Madeleine et Soeur M.-Séraphine m’iraient à merveille, surtout, si elle doit aller à Andrinople.

Je voudrais, puisque vous vous plaignez de vos petites vocations et du peu que vous en avez, que vous voulussiez bien réfléchir:

1° à la quantité venue de Nîmes;

2° si un certain esprit sarcastique, parti de quelques religieuses du couvent de Nîmes et descendu jusqu’aux élèves, n’a pas arrêté l’élan de quelques personnes. Ceci est dit par moi avec crainte et tremblement, car j’ai eu à cet égard une explication très vive avec Soeur Marie du Sacré-Coeur, qui m’a prouvé que tous les appuis naturels du prieuré de Nîmes n’avaient pas le sens commun.

3° Si vous voulez que les religieuses de l’Assomption deviennent surtout contemplatives, je ne blâme pas cette tendance; seulement j’y vois le très grave inconvénient qu’elles ne soient autres que ce qui m’était apparu d’abord. J’insiste beaucoup là-dessus, non que je veuille diminuer leurs oraisons, bien loin de là; mais je voudrais les rendre plus larges, et je vois des commencements de rétrécissement qui m’affligent.

Puisque vous avez l’entêtement de vouloir le viva voce, remettons certains sujets à plus tard. Adieu, ma chère fille. Soyez bien persuadée que vous pourrez quitter, mais qu’on ne vous ôtera jamais la première place, à moins que vous n’y teniez absolument.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Pauline est depuis trois ou quatre jours à Lavagnac, où ma soeur, qui a besoin d'elle, compte profiter de son escapade pour la tenir un peu plus à sa place.1. Voir *Lettres* 2519 et n. 3, 2535 et n. 2.
2. Après avoir dit combien l'éloignement du P. d'Alzon lui serait pénible (v. *Lettre* 2530, n. 3), Mère M.-Eugénie enchaînait: "Mais je ne veux en cela rien ôter à votre liberté pour vous donner à l'oeuvre d'Oblates que vous fondez en ce moment. Je désire que nous soyons les meilleures amies du monde [...]. Vous seriez-vous figuré que c'était par un esprit contraire que je ne trouvais pas de soeur à leur donner? Je le crains et je voudrais que vous vissiez ici comme nous sommes pauvres cette année en filles capables de bien faire une telle chose." (2 juin).
3. Cette phrase montre bien le rôle primordial du P. Hippolyte dans le recrutement des premières Oblates.