DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 353

11 jul 1865 Le Vigan GALABERT Victorin aa

Dites à nos Frères combien je regrette le malentendu dont ils ont fait les frais. – Les petits Syriens: l’essai a été complètement malheureux. – Courrier. – Pierre Baragnon. – Les Frères. – Le noviciat est ma grande préoccupation. – Priez pour l’Assomption. – Nos Oblates vont très bien.

Informations générales
  • DR05_353
  • 2566
  • DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 353
  • Orig.ms. ACR, AJ 147; D'A., T.D. 32, n. 147, pp. 131-132.
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 COLONIES AGRICOLES
    1 COMMERCE
    1 CONGREGATION DES AUGUSTINS DE L'ASSOMPTION
    1 DEPARTS DE RELIGIEUX
    1 ECOLES ASSOMPTIONNISTES D'ORIENT
    1 ERECTION DE MAISON
    1 FAMILLE
    1 FRERES CONVERS ASSOMPTIONNISTES
    1 NOVICES ASSOMPTIONNISTES
    1 NOVICIAT DES ASSOMPTIONNISTES
    1 OBLATES
    1 PARESSE
    1 PENSIONS
    1 POLONAIS
    1 PRIERE DE DEMANDE
    1 REGULARITE
    1 REPOS
    1 SANTE
    1 SUBVENTIONS
    1 TRANSPORTS
    1 VIE RELIGIEUSE
    2 ABDOU, JOSEPH
    2 BARAGNON, PIERRE
    2 BONNEFOY, BENJAMIN
    2 BONNEFOY, FRANCOIS DE SALES
    2 CHAINE, VINCENT
    2 CHIHAH, DEMETRIUS
    2 CHILIER, ALEXANDRE
    2 CHILIER, JACQUES
    2 CHOUKRI, JOSEPH
    2 CHOUKRI, SALOMON
    2 EL-KOURI, ABDALLAH
    2 GALLOIS, AUGUSTIN
    2 HANNA, ELI
    2 MALBOSC, FRANCOISE-EUGENIE DE
    2 MASSABKI, MICHEL
    2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 VARIN D'AINVELLE, MADAME J.-B.-FELIX
    3 ANDRINOPLE
    3 CONSTANTINOPLE
    3 FRANCE
    3 NIMES
    3 ORIENT
    3 PHILIPPOPOLI
    3 VIGAN, LE
  • AU PERE VICTORIN GALABERT
  • GALABERT Victorin aa
  • Le Vigan, 11 juillet [18]65.
  • 11 jul 1865
  • Le Vigan
La lettre

Mon bien cher ami,

Dieu soit béni de l’arrivée de nos Frères! Dites bien à tous les deux combien j’ai regretté le malentendu de l’illustre P. Vincent, et le peu de soin du P. Picard de confier une pareille mission au plus distrait des hommes. Enfin, je tâcherai une autre fois de faire faire la commission par l’oeuvre des Ecoles d’Orient(1).

Nous nous débarrassons peu à peu de petits Syriens, et ce n’est pas sans une certaine joie. L’essai a été complètement malheureux. Sauf Hanna et Demetrius, les autres nous laissent de pauvres souvenirs. Massabki est parti, l’ex-Frère Joseph est je ne sais où à faire du commerce; quant aux deux Choukri, dont les parents sont dans l’aisance et ne veulent rien donner, ils sont dans la colonie de Mme Varin jusqu’à nouvel ordre. Abdallah, bon enfant et paresseux, veut s’en retourner chez lui, et ses parents ne veulent pas le recevoir(2). Aussi je les abandonne un peu à eux-mêmes et surtout je ne m’occupe pas de leur oeuvre. Peut-être, dans ces conditions, pourrons-nous faire quelque chose pour vous. Mais pour cela il faut des prières, et beaucoup de prières, afin que le bon Dieu nous envoie au plus tôt des novices qui paient leur pension au noviciat.

Je vous prie de m’adresser vos lettres au Vigan. Quoiqu’elles puissent par ce moyen m’arriver vingt-quatre heures plus tôt, je crains bien de n’avoir pas, comme à Nîmes, la possibilité de vous répondre courrier par courrier. Du reste, à moins de lettre égarée, je crois que la dernière reçue de Philippopoli est du 9 juin; ce qui fait plus d’un mois. J’ai vu Pierre Baragnon, qui est gravement menacé pour sa vie a Constantinople et qui me fait très peu l’effet d’avoir envie de retourner dans ce pays le plus civilisé de l’univers(3).

Engagez vos Frères à la vie religieuse, mettez-y toute l’exactitude dont vous êtes capable(4). Ici, le Frère Alexandre voudrait aller rejoindre le Frère Jacques, mais il n’a absolument aucun moyen intellectuel; c’est à désespérer. Je profite de ma mauvaise santé pour me retirer de bien des choses et me reposer tant que je puis. J’espère que la conséquence sera de me donner un jour plus de temps pour le noviciat, qui est ma grande préoccupation. Faites beaucoup prier vos enfants pour l’Assomption. Je m’aperçois tous les jours que ce genre de prières est un trésor admirable, mis à la disposition de ceux qui savent l’employer.

Adieu, cher ami. Mille fois tout vôtre avec la plus tendre affection.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Nos Oblates vont très bien(5).1. A savoir l'obtention d'un passage gratuit. Les formalités ayant été faites négligemment, l'embarquement des Frères Benjamin et François de Sales Bonnefoy s'était heurté à des difficultés.
2. Joseph (Fr. Eli) Hanna (le P. d'Alzon écrit Hannah), Demetrius Chihah, Joseph Massabki, l'ex-Frère Joseph Abdou, Joseph et Salomon Choukri, Abdallah El-Kouri (d'après des documents divers).
3. Quelques semaines auparavant à Constantinople, Pierre Baragnon avait été sérieusement molesté par des individus armés de gourdins (lettre du P. Galabert du 2 juin). Il se remettait en France de ses émotions et de ses blessures.
4. Jusqu'à la fin de sa vie, dans ses lettres au P. Galabert et aux missionnaires d'Orient, le P. d'Alzon insistera sur ce point. "Etre des saints", telle est pour lui la priorité des priorités (voir *Documentation biographique*, pp. 856-857).
5. Des nouvelles des Oblates, mais aucune allusion au problème d'Andrinople. Visiblement le P. d'Alzon souhaite l'apaisement. Par contre, dans la lettre du P. Galabert du 16 juin, il est question du problème. "J'ai reçu la lettre de Madame la Supérieure, écrit-il, et je lui ai répondu par le dernier courrier, qu'aujourd'hui les habitants d'Andrinople ne voulaient plus rien faire, dégoûtés des longues tergiversations et surtout espérant que les Polonais feront une fondation analogue sans leur rien demander. [...] J'étais tenté de lui écrire une lettre de mauvaise humeur; j'ai fait des efforts pour ne pas trop la laisser percer; j'ignore si j'y suis parvenu." Le résumé de cette lettre du P. Galabert dans son cahier de correspondance ne nous permet pas d'en juger, mais nous avons la réaction de Mère M.-Eugénie dans une lettre au P. Picard du 14 septembre: "La lettre du P. Galabert a prouvé qu'il ne fallait pas compter sur les promesses de maison, de subventions, qu'au reste on ne m'avait jamais faites directement pour Andrinople, que ce bon père lui-même pouvait n'être pas plus aimable que ne le trouvaient le P. Augustin et Sr Françoise-Eugénie. Nous croyons devoir attendre un établissement stable des vôtres dans un lieu où il faille plus qu'une école, puisque pour les écoles on a les Oblates." Le P. Picard prendra la défense de son confrère: "Le défaut de forme n'influe pas sur le fond... Est-il bien étonnant qu'il soit vexé d'avoir promis une chose qui ne se fait pas, mais sur laquelle on lui avait dit de compter?" (à Mère Marie-Eugénie, 16 septembre).