- DR05_364
- 2578
- DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 364
- Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 402; D'A., T.D. 29, n. 39, pp. 43-45.
- 1 AME
1 AMOUR DU CHRIST
1 CELEBRATION DE LA MESSE PAR LE RELIGIEUX
1 CHARITE ENVERS DIEU
1 DIRECTION SPIRITUELLE
1 DON DE SOI A DIEU
1 DROITS DE DIEU
1 EFFORT
1 EPOUSES DU CHRIST
1 FLEURS
1 GRACE
1 HUMILITE
1 LACHETE
1 NOTRE-SEIGNEUR
1 PATENE
1 PATERNITE SPIRITUELLE
1 PENITENCES
1 PERFECTION
1 SAINTE COMMUNION
1 SAINTE VIERGE
1 SAINTETE
1 SANTE
1 SENSIBILITE
1 VERTU DE FORCE
1 VERTUS RELIGIEUSES
1 VIERGES CONSACREES
1 VOLONTE
2 MARIE-MADELEINE, SAINTE
2 PLEINDOUX, AUGUSTIN - A MADEMOISELLE MARIE CORRENSON
- CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
- Le Vigan, 19 juillet 1865.
- 19 jul 1865
- Le Vigan
Ce n’est pas sans une certaine émotion, ma bien chère enfant, que je songe aux années qui pour vous s’accompliront demain(1), et je ne veux pas que la première partie de la journée s’écoule sans que vous receviez quelques lignes de moi. Quand elles vous parviendront, j’aurai dit la sainte messe pour vous, Marie; j’aurai posé sur la patène votre coeur et votre volonté; tout votre être, je l’aurai offert à Notre-Seigneur, à peu près au même moment où vous aurez reçu ce bon Maître. Laissons le passé. Que doit être votre avenir? Qu’il soit celui d’une vraie sainte. Que d’obstacles autour de vous! Je le sais, mais où est la sainteté sans obstacles? Vous êtes encore sans doute à une distance infinie du but. La confiance humble, l’amour fortifié par la foi vous donneront des ailes; il ne faut plus marcher ou même courir, l’heure est venue, il faut voler. Je me sens pressé ces jours-ci d’un plus grand désir de me donner à Dieu; je vous associe, ma fille, à mes aspirations. Ne les laissons point s’évaporer en velléités stériles. Vous avez prouvé à M. votre grand-père que vous saviez vouloir; prouvez-le à Dieu qui tient sa grâce à votre disposition, pour vous aider dans tous vos bons projets.
Ne viendra-t-il pas un moment où ma fille, pénétrée jusqu’à la moelle des os du besoin de la perfection, dira à son divin époux: J’ai commencé, aidez-moi, et ne s’arrêtera plus dans son effort, dans son amour et dans son sacrifice que pour recevoir cette belle couronne que mettront sur sa tête la Sainte Vierge et sainte Marie-Madeleine? Allons, ma bien chère enfant, un peu de courage, ou plutôt beaucoup de courage. Qui peut dire jusqu’où vous pouvez monter, quand vous aurez fait à Dieu la vraie promesse de prendre votre vol? Je me demande quelquefois ce qui vous arrête. Ce n’est pas votre santé. Que de servantes de Dieu ont eu une santé délicate! Ce n’est plus votre passé; vous y trouveriez plutôt un aiguillon. Ma fille, ma fille, dites-moi donc ce qui vous arrête.
On m’accuse quelquefois de trop pousser certaines âmes. Sentez-vous que je mérite ce reproche avec vous? Je vous assure bien simplement que je ne me sens pas disposé à me le faire. Alors quand viendrez-vous me dire: Mon père, en avant! Je ne puis vous exprimer quelle préoccupation j’ai pour votre âme. Quoique je vous sois bien tendrement attaché, il me semble bien qu’il n’est pas question de moi, mais de Notre-Seigneur et de ses droits absolus sur vous. Pensez-y. Vous me répondrez le jour de sainte Madeleine; je tâcherai de dire encore la messe pour vous ce jour-là. Apprenez-moi donc que c’est tout de bon que vous avez mis la main à l’oeuvre et que le plus intime de votre coeur a reçu cette belle et profonde semence qui s’épanouit en fleurs de toutes les vertus qui forment la parure d’une vierge chrétienne.
Je vous bénis, chère enfant, du meilleur de mon âme et je fais pour vous tous les souhaits que peut former un père et un vieil ami, pour une fille que Dieu attire doucement, mais aussi très fortement, à tout ce qu’il y a de meilleur.
E.D'ALZON.