DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 380

8 aug 1865 Le Vigan MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Je vais mieux à condition de ne rien faire. – Mère M.-Madeleine fait merveille. – Le noviciat des religieux va bien aussi. – On m’approuve de n’être pas allé à la distribution des prix. – Les élections à Nîmes.

Informations générales
  • DR05_380
  • 2601
  • DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 380
  • Orig.ms. ACR, AD 1389; D'A., T.D. 23, n. 849, pp. 179-180.
Informations détaillées
  • 1 CHEMIN DE FER
    1 CLERGE NIMOIS
    1 COLERE
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 DISCOURS DE DISTRIBUTION DES PRIX
    1 DISTINCTION
    1 DOUCEUR
    1 ELECTION
    1 EXPULSION
    1 FOI
    1 FONCTIONNAIRES
    1 FRANCHISE
    1 IGNORANCE
    1 IMPRESSION
    1 INTELLIGENCE
    1 LACHETE
    1 MAITRESSE DES NOVICES
    1 NOVICES ASSOMPTIONNISTES
    1 NOVICIAT DES ASSOMPTIONNISTES
    1 OBLATES
    1 PARLOIR
    1 POLITIQUE
    1 PROFESSION TEMPORAIRE
    1 REGULARITE
    1 REPOS
    1 SANTE
    1 SEVERITE
    1 STATUE DE LA SAINTE VIERGE
    1 SUPERIEUR GENERAL DES ASSOMPTIONNISTES
    1 SUPERIEURE
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    1 VOLONTE
    2 BAILLY, EMMANUEL
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 DU LIMBERT, HENRI-FRANCOIS
    2 GERMER-DURAND, EUGENE
    2 PETER, MARIE-MADELEINE DE
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    3 BORDEAUX
    3 NIMES
    3 SAINT-BRIEUC
    3 SEDAN
    3 VIGAN, LE
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Le Vigan, 8 août 1865.
  • 8 aug 1865
  • Le Vigan
La lettre

Ma chère fille,

Je n’ai pas voulu vous déranger au milieu de vos occupations de Bordeaux, je souhaite que le repos vous ait débarrassée de toutes les secousses que le chemin de fer vous laisse dans la tête(1). Quant à moi, je vais mieux, à la condition de ne rien faire: le moindre rien me met sur les dents.

La Mère M.-Mad[eleine] fait à merveille, et nous apprécions bien le cadeau ou le prêt que nous avons reçu(2). Aussi, tout en désirant la garder le plus possible, comprenons-nous à merveille que son séjour parmi [nous] ne saurait être indéfini. Elle a mis l’ordre, la règle, donné une direction à l’esprit de nos filles. Elle les conduit avec douceur et fermeté, ce que j’admire d’autant plus qu’évidemment elle ne se doutait pas du terrain qu’elle avait à défricher. Elle se pose tous les jours plus en supérieure, et je crois qu’elle sait que je l’y aide. Quand elle sera bien au courant de ces natures, où la droiture, l’ignorance, l’intelligence, la foi font un mélange assez extraordinaire à première vue, elle s’apercevra qu’elle peut mener rondement et loin dans le bien. C’est du moins mon impression, quoique peut-être ce ne soit pas encore la sienne. Elles sont dix. Voilà une onzième que son père amène et qui cause avec le P. Hippolyte dans notre parloir; nous en attendons, d’ici au mois de novembre, sept à huit. Je crois bien qu’elles seront une vingtaine avant le 1er janvier.

Le noviciat des religieux va bien aussi. Nous aurons trois professions pour l’Assomption. Nous faisons quelques éliminations, mais cela donne du ton à ceux qui restent. Nos acquisitions récentes sont assez bonnes. Priez pour qu’il nous vienne quelques sujets un peu distingués. Si nous en avions une douzaine comme les Messieurs Bailly, ce serait trop beau.

On s’est d’abord fâché contre moi, et [ce sont] mes meilleurs amis, de ce que je n’étais pas allé à la distribution des prix(3). A présent, M. Durand lui- même, qui est au Vigan, ne cesse de me féliciter de l’opiniâtreté de mon refus de paraître. D’abord j’ai laissé le P. V[incent] de P[aul] se poser en directeur ce qui est une admirable facilité pour moi de rester toujours un peu plus supérieur général. Ensuite, je n’ai point pris part aux luttes électorales; ce que le préfet attendait, je crois, pour me jouer quelque tour de sa façon. L’évêque en partant pour Saint-Brieuc(4) m’avait pourtant fait dire de me rendre à Nîmes. Et pourtant le résultat obtenu me prouve de plus en plus que le clergé ferait des populations ce qu’il voudrait, s’il les prenait comme il faut. Voilà un triomphe préparé par quatre défaites, que j’avais acceptées et devant lesquelles plusieurs de nos amis s’étaient découragés. Je conclus à la possibilité du développement d’un mouvement catholique plus prononcé, en excluant la politique dans son sens étroit.

Adieu, ma chère fille. Priez pour moi et croyez-moi très fort tout vôtre.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. "Le bruit des chemins de fer me tinte toujours dans la tête plusieurs jours après que je les ai quittés." (Mère M.-Eugénie au P. d'Alzon le 4 août).
2. "Nous sentons bien le sacrifice que nous avons fait en vous prêtant Mère M.-Madeleine; je ne sais comment la remplacer à Sedan" (ibid.).
3. Qui avait eu lieu le 1er août.
4. Pour y assister, le dimanche 30 juillet, au couronnement de N.-D. de l'Espérance (*Semaine religieuse de Nîmes*, 6 août 1865).