DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 381

8 aug 1865 Le Vigan CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Je vous vois triste, découragée. – Apprendre à vous faire un mérite de votre angoisse par beaucoup d’amour. – Je demande à N.-S. de m’aider à faire en sorte que vous vous élanciez vers la sainteté.

Informations générales
  • DR05_381
  • 2602
  • DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 381
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 403; D'A., T.D. 29, n. 41, pp. 46-47.
Informations détaillées
  • 1 AME
    1 AMITIE
    1 ANGOISSE
    1 CHARITE ENVERS DIEU
    1 DIRECTION SPIRITUELLE
    1 EDUCATION RELIGIEUSE
    1 GUERISON
    1 LACHETE
    1 NOTRE-SEIGNEUR
    1 OBLATES
    1 PASSION BONNE
    1 PRIERE DE DEMANDE
    1 SAINTETE
    1 SENTIMENTS
    1 SOUFFRANCE
    1 TRISTESSE
    1 VERTU D'OBEISSANCE
    2 MARIE-MADELEINE, SAINTE
    3 SETE
  • A MADEMOISELLE MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Le Vigan, 8 août [18]65.
  • 8 aug 1865
  • Le Vigan
La lettre

Ma chère enfant,

Je ne sais pourquoi je me figure que vous avez besoin d’un peu de soutien. En pensant à vous, je vous vois triste, découragée. Cela ne me surprend pas, mais en attendant que cet état passe, je veux vous dire que je pense à vous, que je prie pour vous et que je voudrais vous faire sentir l’ombre de mes ailes sur toutes vos aridités.

Il est évident que vous souffrez. Votre dernière lettre me porte la trace d’une certaine angoisse. Eh! bien, croyez-vous que je veuille la guérir? Oui, sans doute, si cela vous est utile. Il me semble que j’ai quelque chose de mieux à faire, puisque je voudrais vous apprendre à vous en faire un mérite par beaucoup d’amour. Vous avez pour coeur un volcan. Seulement, vous ne le dirigez pas toujours avec cette science chrétienne, qui se sert et de la lave et des cendres mêmes pour utiliser ce foyer profond, immense, d’où coule la désolation, mais qui fertilise si admirablement les terres où on sait l’employer avec intelligence. L’élément le plus puissant, c’est le feu, et votre âme en est pétrie tout entière. Avec cela vous avez de grandes défaillances, parce que vous n’avez pas encore cette humble science d’aimer Dieu, qui apaise et fait bouillonner le cratère, selon qu’il convient.

Je demande tous les jours à Notre-Seigneur de me donner à moi tout ce qu’il faut pour vous enseigner tout ce qu’il convient que vous sachiez, pour aller à lui dans cette simple et forte impétuosité qui se courbe sous l’obéissance pour s’élancer plus tard vers la sainteté. Enfin, je vous veux beaucoup de bien, et cela du fond de l’âme. Quand vous serez à Cette, vous me donnerez votre adresse, n’est-ce pas?

Priez pour moi. Il me semble que je devrais faire encore un peu de bien, non pas celui que j’ai fait jusqu’à présent, un autre sans doute, mais plus profond, plus intime, à quelques âmes qui en feraient, à leur tour. Hélas! Tout cela n’est peut-être qu’un rêve, parce que je ne suis pas un saint.

Adieu, ma fille. Je ne vous parle pas des Oblates, c’est de vous que je suis préoccupé en ce moment. Dites-moi donc que vous sentez, au plus secret de l’âme, la touche de Notre-Seigneur qui vous dit, comme autrefois à Madeleine: Marie!

Votre père.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum