DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 390

14 aug 1865 Le Vigan CHAUDORDY_ANGELINA

L’orientation à donner à sa vie.

Informations générales
  • DR05_390
  • 2611
  • DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 390
  • Orig.ms. ACR, AM 40; D'A., T.D. 37, n. 5, pp. 14-15.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DU CHRIST
    1 ANGOISSE
    1 BONHEUR
    1 CELEBRATION DE LA MESSE PAR LE RELIGIEUX
    1 COUVENT
    1 FRANCHISE
    1 MARIAGE
    1 PARENTS
    1 PATERNITE SPIRITUELLE
    1 PECHE MORTEL
    1 PECHES
    1 PREMIERE COMMUNION
    1 SACRILEGE
    1 SAINTETE
    1 VIE DE PRIERE
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    2 BOYER, MADAME EDOUARD
  • A MADEMOISELLE ANGELINA CHAUDORDY
  • CHAUDORDY_ANGELINA
  • Le Vigan, 14 août 1865.
  • 14 aug 1865
  • Le Vigan
La lettre

J’ai enfin reçu votre lettre, ma bien chère Angélina, je ne puis vous dire quel plaisir m’a fait la vue de votre écriture. L’angoisse que vous éprouvez par rapport à votre avenir a été un peu causée par moi, qui croyais avoir une proposition à faire à vos parents, et c’est la cause d’une conversation que vous avez eue avec votre tante Boyer. Répondre sur-le-champ à la double question que vous me posez, ma chère enfant, serait une grosse imprudence. La vocation commune est le mariage et il faut avoir de positives raisons pour ne pas se marier, à moins qu’on ne le puisse pas. Mais vous n’êtes pas dans ce dernier cas.

Vous faire religieuse? Mais en avez-vous l’attrait? Je vous ai crue plutôt jusques à présent faite pour le mariage. Je vous avoue que, dans la supposition où Dieu me laisserait quelques années de vie, j’avais rêvé de faire un peu de bien avec vous. Est-ce que je me trompe? Toutefois, si l’attrait pour la vie religieuse s’empare de vous, ce ne sera pas moi qui y mettrai obstacle, mais il faut examiner. Si vous n’avez pour aller au couvent que le souvenir des fautes que vous m’indiquez, laissez-moi vous dire qu’il n’y a pas un suffisant motif d’entrer dans un couvent. Toute faute qui n’est pas dite n’est pas un sacrilège, si ce n’est pas un péché mortel que l’on cache. Vous auriez également pu, ma bonne fille, ne pas m’en parler; mais puisque vous allez avec tant de franchise, croyez bien que je l’apprécie et mon dévouement pour vous ne fait qu’augmenter. Jusqu’à nouvelles explications, je suis convaincu que vous avez fait une excellente première communion. J’ai peu d’inquiétude sur ce chapitre. Ne me parlez de rien, mon enfant, ou parlez-moi, je m’en rapporte à vous; et, quant à votre loyauté, je suis bien sûr qu’elle est complète. Maintenant, si vous voulez vous donner par un sentiment d’amour à N.-S., ce ne sera pas de mon côté que viendra l’obstacle. Priez. Je prierai pour vous, ma fille, j’aurai pour vous, comme je l’ai depuis longtemps, une vraie tendresse de père. Croyez qu’en disant cela je comprends quel devoir ce sentiment m’impose.

Ce qui me fait plaisir dans votre lettre, c’est que vous vous épanouissez. Si vous m’écrivez bientôt, je vous fixerai un jour pour dire une messe à votre intention. Croyez, ma fille, que j’entre dans toute la délicatesse de votre âme et que je veux vous aider à vous en servir pour devenir une sainte.

Tout à vous, mon enfant, en N.-S.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum