DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 409

7 oct 1865 Lavagnac MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Je ne puis aller à Paris pour me reposer. – J’irai pour chercher des novices. – Notre cachet. – Nouvelles des novices venus de Paris. – Les implications du cas de la petite Paradan. – Une méchanceté. – Trombes d’eau. – Le choléra.

Informations générales
  • DR05_409
  • 2639
  • DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 409
  • Orig.ms. ACR, AD 1394; D'A., T.D. 23, n. 854, pp. 184-185.
Informations détaillées
  • 1 BAVARDAGES
    1 CACHET DE L'ASSOMPTION
    1 CHEMIN DE FER
    1 CIMETIERE
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 COMPORTEMENT
    1 COURS PUBLICS
    1 DEMI-PENSIONNAIRES
    1 DEVOTION EUCHARISTIQUE
    1 ELECTION
    1 FONCTIONNAIRES
    1 INTEMPERIES
    1 JARDINS
    1 MALADIES
    1 MISSION D'ANGLETERRE
    1 MISSION D'AUSTRALIE
    1 MISSION DE BULGARIE
    1 MISSIONS ETRANGERES
    1 MORT
    1 NOVICES ASSOMPTIONNISTES
    1 PREDICATION
    1 PRIEURE DE NIMES
    1 RECONNAISSANCE
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 REPOS
    1 RESIDENCES
    1 SERVICE DE L'EGLISE
    1 SUPERIEURE GENERALE
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 FABRE, ANTOINE
    2 FAUDOAS, SAINT-FRANCOIS
    2 MENDIRY, ERNEST DE
    2 PARADAN, FORTUNE
    2 PARADAN, MADEMOISELLE
    2 PAUL, MADEMOISELLE
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 ROBERNIER, MARIE-CHARLOTTE DE
    2 ROCHER, THERESE-AUGUSTINE DE
    2 SAINTE-MARIE, PAUL DE
    3 AGDE
    3 ANGLETERRE
    3 AUTEUIL
    3 CEVENNES
    3 LAVAGNAC
    3 MONTPELLIER
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 PARIS, RUE FRANCOIS Ier
    3 SAINT-DIZIER
    3 SETE
    3 VIGAN, LE
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Lavagnac, 7 octobre [18]65.
  • 7 oct 1865
  • Lavagnac
La lettre

Ma chère fille,

Vous avez été bien aimable de me proposer un appartement à Auteuil. Je vous avoue que je l’accepterais avec bonheur, si j’allais à Paris pour me reposer; mais aujourd’hui, sauf les affaires qui m’attirent à Lavagnac – où je me repose du même coup – mon repos, quand j’en ai besoin, je dois le prendre au milieu des novices, au Vigan. J’irai à Paris en janvier et février pour chercher des novices, supposé qu’au point où nous sommes je puisse en trouver. J’ai causé très longuement avec le P. Picard, qui vous dira nos conversations, sur tout cela. Il faut s’occuper plus sérieusement que jamais de trouver des sujets. Les missions étrangères, l’oeuvre de l’Angleterre, les missions à l’intérieur, l’instruction publique, la dévotion au Saint-Sacrement nous donnent assez notre cachet, surtout si nous le couronnons par notre dévouement à l’Eglise, pour espérer que nous réussirons(1).

Vous me demandez des nouvelles de nos novices venus de Paris. M. de Sainte-Marie réussit très bien; M. de Mendiry est un baby, pas autre chose, faisant tous les enfantillages d’un écolier, doublé de toute la gâterie imaginable d’un enfant mal élevé. Toutefois il revient peu à peu, quand on est ferme avec lui.

Je reçois votre petit mot du 4 octobre:

1° M. Paradan n’étant plus maire ne vous fera pas avoir de cimetière(2).

2° S’appuyer sur M. Paradan, c’est aller à l’impopularité.

3° Recevoir la petite Paradan(3), c’est ouvrir la porte à toutes les demi-pensionnaires et me mettre dans la plus fausse des positions.

4° Si, au lieu de mettre votre cimetière où vous le voulez, vous l’eussiez mis où je vous proposais, c’est-à-dire à l’extrémité opposée du jardin, les difficultés eussent été vite aplanies.

Je n’avais entendu la concession de la supérieure g[énéra]le de Saint-Maur que pour la petite Paul, et non pour d’autres, et dans tous les cas pour les petites filles dont les soeurs aînées étaient dans le couvent, où on les met demi-pensionnaires. J’avoue que ma position deviendra très difficile et que je ne pourrais m’en tirer qu’en n’approuvant pas. Si je voulais dire une méchanceté, j’ajouterais que cette manière d’agir légitimerait parfaitement ce que des religieuses de l’Assomption ont dit à des personnes, de qui je le tiens, qu’il était temps de prouver que l’on pouvait se passer de mon concours(4). Cela a été dit, mais croyez que je ne fais pas remonter jusqu’à vous une pareille manière de voir.

Nous avons ici des trombes très fortes. En face de Lavagnac, le chemin de fer a été emporté sur un espace de près de 3 kilomètres. A Lavagnac, dans la nuit de dimanche à lundi, les cours ont été envahies; l’eau est entrée dans les appartements, 50 mètres du mur du jardin potager ont été emportés. Il y a partout quelques cas de choléra: à Nîmes, à Montpellier, à Cette, à Agde, mais c’est le climat acclimaté. A Nîmes, la somme des décès est moindre que celle des mêmes mois, aux autres années. Adieu, ma chère fille. Priez bien que Dieu nous envoie de bons sujets.

Mille fois vôtre en Notre-Seigneur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Je voulais répondre à Soeur M.-Charlotte et à Soeur Thérèse-Augustine, mais j'ai besoin de me ménager, et je les prie de permettre que je me repose pour aujourd'hui.1. A cette date, deux Pères et deux Frères sont à l'oeuvre en Australie, un Père et trois Frères en Bulgarie; au collège de Nîmes, en dehors du P. d'Alzon, sept Frères (dont 5 Frères de choeur) aident le P. Bailly; l'oeuvre d'Angleterre n'est qu'un projet. Si, aux missionnaires des Cévennes du dernier été, nous ajoutons la communauté de Paris avec ses cinq religieux, et les novices du Vigan avec les deux Pères responsables de leur formation, nous aurons fait le tour de la Congrégation: 18 profès de choeur (dont 13 prêtres) et six profès convers.
2. Mère M.-Eugénie tenait beaucoup à ce que les communautés de Religieuses de l'Assomption puissent disposer de leur propre cimetière. "Il faut que vous sachiez, écrit-elle au P. d'Alzon le 4 octobre, que je ne rêve plus que nos cimetières; chacun son rêve, n'est-ce pas. On se moque de moi et pourtant j'ai bien osé en faire une des premières questions pour Saint-Dizier." - Après les élections du mois de juillet précédent, M. Paradan, sur qui Mère M.-Eugénie comptait pour obtenir un cimetière à Nîmes, avait cédé sa place de maire à M. Auguste Fabre.
3. Comme demi-pensionnaire au prieuré de Nîmes.
4. Réaction de Mère M.-Eugénie le 10 octobre: "Ah mon père! Que je vous trouve coupable d'écouter des choses pareilles. [...] Voilà une chose que je ne vous ai jamais faite, j'ai toujours détourné hautement la tête de tout ce que l'on a dit que l'on avait dit..."