DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 415

13 oct 1865 Lavagnac CHAUDORDY_ANGELINA

Je vois en vous timidité, esprit de foi et délicatesse de conscience, mais manque d’énergie. – Une confiance qui m’est bien douce. – Dieu vous pousse et veut de vous plus de sainteté. – Avec un très grand amour Il vous propose sa croix. – Il faut de votre part générosité et fidélité à la grâce. – Dites-moi avant deux jours si vous voulez devenir meilleure et porter la croix de N.-S.

Informations générales
  • DR05_415
  • 2647
  • DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 415
  • Orig.ms. ACR, AM 41; D'A., T.D. 37, n. 6, pp. 15-17.
Informations détaillées
  • 1 ACTION DE DIEU DANS L'AME
    1 AMITIE
    1 ASCESE
    1 CHARITE ENVERS DIEU
    1 CONSCIENCE MORALE
    1 CRAINTE
    1 CROIX DE JESUS-CHRIST
    1 CULPABILITE
    1 DOUTE
    1 EFFORT
    1 ERREUR
    1 ESPERANCE
    1 FIDELITE A LA GRACE
    1 FOI
    1 GENEROSITE
    1 LACHETE
    1 LUTTE CONTRE LE PECHE
    1 PARESSE
    1 PASSION DE JESUS-CHRIST
    1 PENITENCES
    1 PERFECTION
    1 PORTEMENT DE LA CROIX PAR LE CHRETIEN
    1 REGULARITE
    1 RESPECT
    1 SAINTETE
    1 SATAN
    1 SCRUPULE
    1 VENERATION DE RELIQUES
    1 VERTU DE FORCE
    1 VIE DE PRIERE
    1 VOLONTE
    1 VOLONTE DE DIEU
    1 ZELE APOSTOLIQUE
  • A MADEMOISELLE ANGELINA CHAUDORDY
  • CHAUDORDY_ANGELINA
  • Lavagnac, le 13 oct[obre] 1865.
  • 13 oct 1865
  • Lavagnac
La lettre

Ma bien chère petite paresseuse,

J’ai enfin de vos nouvelles. Tous les détails que vous me donnez sont parfaitement clairs, et je trouve au fond de tout cela une impression de timidité, dont vous n’êtes pas précisément coupable. Aussi ne puis-je voir, dans tout ce que vous me dites, qu’un piège du diable, qui, vous sentant faite pour devenir très bonne, vous entraîne dans des détails de scrupules inutiles, je le crois. J’y vois aussi un grand esprit de foi, une grande délicatesse de conscience, dont on tirerait un admirable parti, si vous vouliez le permettre et si vous vouliez être un peu plus énergique. J’y vois enfin une confiance qui m’est bien douce, je vous l’assure, et dont je vous promets d’user, tant que vous ne m’aurez pas dit catégoriquement que vous voulez qu’on vous laisse tranquille. Dieu vous pousse, mon enfant. Il veut quelque chose de vous; il veut un plus grand esprit de sacrifice, plus de régularité, plus de pénitence, plus de prière, plus de lutte contre vos faiblesses, plus de sainteté en un mot. Vous êtes dans une certaine mesure marquée pour la sainteté, et si vous correspondiez à cette première tentative de vous sanctifier, qui peut dire où vous iriez?

Dieu, dans le temps que nous traversons, appelle très doucement certaines âmes, et, sans leur imposer sa croix, il la leur propose avec un très grand amour. C’est à ces âmes à répondre. Je crois que vous êtes du nombre des âmes invitées à partager les privilèges des douleurs de notre divin Maître. Je vous attends depuis bien longtemps, parce qu’il me paraît impossible qu’un jour vous ne veniez pas me dire: « Mon Père, commençons ». Je croyais même que vous me l’aviez dit, le jour où je vous ai donné une relique de la vraie croix. Depuis, votre silence m’a un peu dérouté. Avez-vous reculé? Ou bien, ne nous étions-nous pas compris? Si je m’explique bien, vous devez voir que si, de mon côté, je mets beaucoup de sérieux, tout le respect et toute l’affection dont je suis capable, il faut de votre côté, à votre tour, de la générosité et de la fidélité à la grâce, ou bien que vous me disiez franchement: « Mon Père, vous vous trompez; vous me pousseriez plus loin que je ne le veux et que Dieu ne le veut ». Mais voyez, je n’ai aucune hésitation sur cet article, tant je suis convaincu que vous êtes attirée vers quelque chose d’excellent.

Qu’il y ait chez vous des étonnements, oui sans doute. Il doit y en avoir; mais aussi, quand une fois votre parti sera pris, malgré vos combats, malgré même certaines faiblesses, comme vous serez heureuse que l’on ait voulu pour vous! Voyons, faites un effort. Analysez votre âme et dites-moi, avant deux jours, – si vous croyez que j’aie raison, – si vous voulez devenir sérieusement meilleure, si vous voulez porter la croix de N.-S.; si je me trompe, en supposant que vous avez le sentiment intime d’une perfection très haute, à laquelle vous êtes appelée, mais dont vous détournez vos regards, de peur d’avoir trop à faire. Je crains que vous ne mettiez trop de temps à vos lettres, pour vouloir trop bien faire. J’aurais bonne envie de vous défendre de les relire.

Adieu, mon enfant. Allons, un peu de confiance et d’entrain. Le jour où je vous aurai rendue confiante, je vous aurai rendu un fameux service. Votre père.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum