DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 428

22 oct 1865 Lavagnac CHAUDORDY_ANGELINA

N.-S. n’attend que votre permission pour vous donner la chaleur qui vous épanouira. – La force que vous demandez vous viendra d’une obéissance confiante. – Votre âme est comme un jardin engourdi. – Renoncez à rêver. – Courbez votre volonté sous le joug et mettez-vous tout entière sous le poids de la croix de N.-S.

Informations générales
  • DR05_428
  • 2666
  • DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 428
  • Orig.ms. ACR, AM 42; D'A., T.D. 37, n. 7, pp. 17-18.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DIVIN
    1 APATHIE SPIRITUELLE
    1 AUTEURS SPIRITUELS
    1 CHARITE ENVERS DIEU
    1 CONTRAINTE
    1 EFFORT
    1 ESPERANCE
    1 FAIBLESSES
    1 FOI
    1 JARDINS
    1 JOIE
    1 LACHETE
    1 LEVER
    1 NOTRE-SEIGNEUR
    1 ORAISON
    1 PENITENCES
    1 PERFECTION
    1 PLANTES
    1 PORTEMENT DE LA CROIX PAR LE CHRETIEN
    1 PURETE D'INTENTION
    1 REVE
    1 SAINTETE
    1 SOUMISSION SPIRITUELLE A JESUS-CHRIST
    1 TRAVAIL
    1 VERTU D'OBEISSANCE
    1 VERTU DE FORCE
    1 VOLONTE
    2 PAUL, SAINT
  • A MADEMOISELLE ANGELINA CHAUDORDY
  • CHAUDORDY_ANGELINA
  • Lavagnac, le 22 octobre 1865.
  • 22 oct 1865
  • Lavagnac
La lettre

Ma bien chère enfant,

Je ne puis vous dire la joie que me cause votre lettre. Vous vous y montrez bien telle que vous êtes, avec votre faiblesse de volonté, votre admirable délicatesse de sentiments, vos bonnes intentions, vos défauts de résolutions un peu fortes. Cependant, à travers tout cela, je crois découvrir comme l’effort d’une plante, dont les boutons n’attendent qu’un peu de soleil pour s’épanouir. Il me semble aussi que les rayons de Notre-Seigneur n’attendent que votre permission, pour vous donner la chaleur qui vous manque. Maintenant, qu’y a-t-il sous tout cela? Pourquoi suis-je toujours à me persuader qu’il y a l’étoffe d’une sainte? Voyons, est-ce que vous ne le pensez pas, vous aussi, quand vous n’êtes pas trop découragée ou plutôt enfoncée dans vos rêveries?

Ce qui me fait plaisir dans votre lettre, c’est que vous demandez de la force, et je crois bien qu’elle ne peut vous venir que par une obéissance confiante. Il faut que vous permettiez que l’on vous force à faire ce que vous n’oseriez pas faire toute seule. Vous voyez le bien, vous avez des aspirations vers ce qui est beau, saint, grand, parfait, et si tout cela pouvait venir dans votre âme, pendant que vous regardez les nuages, ce serait à merveille. Eh bien! ma fille, il faut travailler et tendre à la perfection que Dieu veut de vous. Votre âme est comme ces jardins engourdis, pendant l’hiver, sous une double couche de feuilles mortes et de neige. Mais vienne le printemps, tout reverdit, et le repos de la saison morte décuple la vigueur de la végétation, aux premiers beaux jours. Vous avez été assez longtemps sous votre neige et dans votre sommeil. Saint Paul veut que, quand l’heure sonne, on se réveille et l’on se lève. Je ne sais pourquoi je me persuade que je n’aurai pas perdu pour attendre. Ma fille, je vais exiger beaucoup de vous, et la première chose est que vous renonciez à rêver. Que de temps inutilement perdu! Mettez-vous, croyez-moi, à la méditation. Cela vaut bien mieux que les rêveries. Imposez-vous de bonnes lectures, quelques mortifications et du vrai travail.

N’êtes-vous pas un peu surprise que l’on vous parle avec cette autorité? L’important, c’est que vous courbiez votre volonté sous le joug et que vous ne le secouiez pas, après avoir voulu l’accepter. Voyons, vous voulez que je commande? Eh bien, voici un ordre. Cette lettre vous arrivera demain lundi ou mardi matin. Avant mardi soir, il me faut une réponse, que je puisse recevoir au plus tard jeudi. Est-ce positif?

Adieu, bien chère enfant. Croyez que vous pouvez devenir une chrétienne bien parfaite, si vous voulez écouter la voix de Dieu et marcher avec foi, amour, obéissance et confiance. Ah! que Notre-Seigneur accorderait de grâces à une âme qui se mettrait tout entière sous le poids de sa croix! Et quand me direz-vous, non seulement: « Je veux m’y placer », mais: « Mon Père, il me semble que j’y suis »?

Adieu, ma fille. Bien tout vôtre en N.-S.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum