DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 448

24 nov 1865 Le Vigan CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Vous consacrer tous les jours plus à Dieu. – Deux postulantes prendront l’habit demain. – En janvier, elles seront dix-huit Oblates. – Leur futur logement. – Vous pourriez être une mère de beaucoup d’apôtres.

Informations générales
  • DR05_448
  • 2692
  • DERAEDT, Lettres, vol.5 , p. 448
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 403; D'A., T.D. 29, n. 47, pp. 53-55; QUENARD, pp. 38-40.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DU CHRIST
    1 APOSTOLAT
    1 CRITIQUES
    1 DESIR
    1 DON DE CRAINTE
    1 DON DE SOI A DIEU
    1 ETUDE DES PERFECTIONS DE DIEU
    1 FECONDITE APOSTOLIQUE
    1 FETES DE MARIE
    1 GRAVITE
    1 INCONSTANCE
    1 JOIE
    1 MALADES
    1 NOVICES ASSOMPTIONNISTES
    1 NOVICIAT
    1 NOVICIAT DES ASSOMPTIONNISTES
    1 OBLATES
    1 PENITENCES
    1 PERSEVERANCE
    1 POSTULANT
    1 PRISE DE VOILE
    1 RESIDENCES
    1 RESPECT
    1 RESSOURCES FINANCIERES
    1 SAINTE VIERGE
    1 SAINTS
    1 SANTE
    1 UNION A JESUS-CHRIST
    1 VIE DE PRIERE
    1 VIE RELIGIEUSE
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    1 VOLONTE DE DIEU
    2 ARNAL DU CUREL, MADAME
    2 CORRENSON, CHARLES-LOUIS
    3 ROCHEBELLE, FAUBOURG DU VIGAN
    3 VIGAN, LE
    3 VIGAN, PROPRIETE LAVALETTE
  • A MADEMOISELLE MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Le Vigan, 24 nov[embre] 1865.
  • 24 nov 1865
  • Le Vigan
La lettre

Ma chère enfant,

J’attends vraiment une lettre de vous. Je le regrette, car je crains que ce que nous désirions ne se soit pas réalisé. Enfin, à la volonté de Dieu! Que si M. votre père a obtenu ce que vous lui souhaitiez, vous êtes une petite méchante de ne pas me l’avoir appris, à moins que vous ne soyez souffrante.

Je vous ai interrompue l’autre jour, quand vous me disiez que vous ne saviez pas si votre santé n’était pas une preuve que Dieu vous rendait malade, pour vous forcer à vous donner toute à lui. J’ai peut-être eu tort. Non pas que je puisse supposer que, de très longtemps, il vous soit permis de songer à la vie religieuse, si tant est que vous deviez y songer jamais, mais parce que je suis convaincu que vous devez vous consacrer tous les jours plus à Dieu, par un don plus absolu de vous-même. Dieu l’exige de la manière la plus évidente pour moi.

Ce don plus entier de vous-même doit avoir, vis-à-vis de Notre-Seigneur, un triple caractère de persévérance, de sérieux et d’intimité: de persévérance, afin de détruire les hauts et les bas de votre nature; de sérieux, parce qu’à mesure que l’âme se plonge dans la vie surnaturelle, elle subit une impression de respect, de crainte divine et d’admiration qui la rend nécessairement sérieuse; d’intimité enfin, puisque c’est une vie perdue dans l’amour de Notre-Seigneur qui lui est demandée. Votre sillon est tout tracé, et j’espère bien que vous ne dévierez ni à droite ni à gauche.

Les Oblates vont bien. Demain deux postulantes prendront l’habit. Il restera trois postulantes, parmi lesquelles la première ouvrière du Vigan, qui, après avoir dit constamment du mal des Oblates, a perdu sa mère, il y a deux mois, fut saisie le dimanche du Rosaire du désir d’être Oblate, s’en ouvrit à Mme Arnal, y entra quelques jours après et, depuis, nage dans la joie. Elle montre jusqu’à aujourd’hui un esprit excellent. Quatre ou cinq autres se mitonnent. Au mois de janvier, elles seront au moins dix-huit. Cela prouve que l’on ne pourra pas, dans trois ans, tenir à Rochebelle. Mais alors où les loger? C’est la grosse question. J’avais l’idée de les établir à la Valette, dans une de mes terres. Après y avoir réfléchi, j’ai pensé que notre noviciat y serait beaucoup mieux et qu’autant alors [il] vaudrait les loger dans la maison occupée par le noviciat. Pour cela il faut deux choses, connaître la volonté de Dieu et puis avoir de l’argent. Priez pour que la volonté de Dieu soit connue et que l’argent se trouve. Puis surtout priez, priez, priez encore, pour que nous ayons de bonnes et très solides vocations, que nous fassions des saints de tous nos novices. Ah! qu’une âme qui se dévouerait à sanctifier par ses prières ignorées, par ses pénitences un noviciat, serait agréable à Dieu! Ne sentez-vous pas qu’avec votre coeur il vous faut quelque chose de ce genre? Vous ne pouvez être apôtre. Vous pourriez, comme la Sainte Vierge, être une mère, sinon une reine de beaucoup d’apôtres.

Adieu, mon enfant. Je vous bénis. Votre père.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum