DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 21

5 feb 1866 Paris CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Cette lettre est la quatrième. – Ayez les yeux et les oreilles du coeur toujours bien ouverts et N.-S. saura bien vous montrer ce qu’il veut vous faire voir. – Abandon filial à N.-S. – Hélène. – Paris ou Rome plutôt que Nîmes? – Notre affection. – Demandez à N.-S. que tout en moi se transforme dans sa volonté et dans son amour. – Soyez ferme.

Informations générales
  • DR06_021
  • 2744
  • DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 21
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 403; D'A., T.D. 29, n. 53, pp. 59-60.
Informations détaillées
  • 1 ACCEPTATION DE LA VOLONTE DE DIEU
    1 REFUGE LE
    1 SOUFFRANCE APOSTOLIQUE
    2 CORRENSON, AUGUSTINE
    2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
    2 SABRAN, HELENE
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 ROME
  • A MADEMOISELLE MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Paris, 5 février 1866.
  • 5 feb 1866
  • Paris
  • *Marie Correnson*
La lettre

Combien avez-vous reçu de lettres de moi, ma chère enfant? Celle-ci est la quatrième. Je vous dis ceci, afin que vous sachiez si tout vous arrive. Je suis content que la dernière que je vous ai écrite vous ait fait du bien. C’était mon intention. J’en avais une autre, celle de vous montrer avec quelle confiance je vais à vous.

Vous n’avez pas besoin de voir plus clair que d’habitude. Quand Notre-Seigneur voudra vous faire voir plus clair autre chose, il saura bien vous le montrer, si tant est que jamais il le veuille. L’essentiel est d’avoir toujours bien ouverts les yeux et les oreilles du coeur. C’est ce que je lui demande pour vous, en même temps que cet abandon filial pour un maître, envers qui il est si précieux d’avoir un très unique amour et sur le sein de qui il est si doux de se reposer.

Voilà Hélène toute heureuse de sa nouvelle vie(1). J’ai du regret de ma tristesse à son endroit. Il me semble qu’il vaudrait mieux dire que je m’étais trompé sur son compte. Quant à vous, ma fille, restez en paix sur les dispositions de votre âme et aussi de votre coeur. Je ne les troublerai pas. Il est vrai que, quelquefois, je tremble de vous faire bien souffrir, malgré moi. Ainsi quand la pensée me vient que, pour le bien de ma petite Congrégation, je ferais bien mieux de m’établir à Paris ou à Rome pour la fin de mes jours, je me demande pourquoi je me suis tant occupé de vous, pour employer une de vos expressions. Réaliserai-je jamais cette pensée? Vraiment, je n’en sais rien et je ne vous en parle que pour bien établir que je vous dis tout, mais en même temps je pense, pour me rassurer sur votre compte, que notre affection est trop profonde et trop immuable pour pouvoir être ébranlée par le temps ou par la distance. Que ceci, dans tous les cas, reste entre nous(2). Personne à Nîmes ne se doute de ces idées.

D’autre part, j’ai bien quelques ennuis. Notre-Seigneur me les envoie, j’aime à le croire, pour me rappeler qu’il faut souffrir pour enfanter des oeuvres et des âmes. Priez à mon intention, Marie, et demandez à notre bon Maître que tout en moi se transforme dans sa volonté et dans son amour.

Merci de votre visite à notre pauvre malade du Refuge(3). Puisque la supérieure a tant fait de difficultés, tant vaut ne pas la renouveler. Vous ne me dites plus rien de votre situation intérieure. Je me figure qu’on réfléchira avant de vous tourmenter de nouveau. Mais quoi qu’il arrive, soyez certaine que la fermeté est ce qu’il y a de meilleur. Si l’on exige que vous ne jeûniez pas, je crois que vous ferez bien de céder sur ce point.

Mille choses à Augustine, pour qui je prie bien, afin de savoir ce que nous ferons d’elle. Adieu, ma fille, avec la plus vive tendresse en Notre-Seigneur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Hélène Sabran.
2. Le 2 janvier 1865 (*Lettre* 2431), il a déjà fait cette confidence à Mère M.-Eugénie de Jésus.
3. La supérieure du Refuge n'avait permis à Marie et à Augustine Correnson de rendre visite à une Soeur malade qu'à cause du P. d'Alzon "auquel elle n'avait rien à refuser" (Lettre de Marie Correnson du 4 février).