DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 23

5 feb 1866 Paris REGIS Eulalie

Un douloureux anniversaire. – O fille de peu de foi et de peu d’amour! – Il importe par-dessus tout de se perdre dans l’oubli de tout son être en Dieu. – L’abbé Imberton. – Les Oblates. – Neveux spirituels. – Isabelle.

Informations générales
  • DR06_023
  • 2745
  • DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 23
  • Orig.ms. ACR, AM 296; D'A., T.D. 37, n. 48, pp. 278-279.
Informations détaillées
  • 1 OBLATES
    1 OUBLI DE SOI
    2 CORRENSON, EMMANUEL-MARIE
    2 IMBERTON, HIPPOLYTE
    2 MERIGNARGUES, ISABELLE DE
    2 MERIGNARGUES, MADAME DE
    2 REGIS, CHARLES DE
    3 NIMES
    3 NIMES, EGLISE SAINT-BAUDILE
  • A MADEMOISELLE EULALIE DE REGIS
  • REGIS Eulalie
  • Paris, 5 février 1866.
  • 5 feb 1866
  • Paris
  • *Mademoiselle*
    *Mademoiselle de Régis*
    *rue du Chapitre*
    *Nîmes (Gard)*
La lettre

Je comprends tous les douloureux souvenirs que l’anniversaire du 1er février doit exciter dans votre coeur, ma bien chère enfant, et je m’en veux de ne pas m’y être associé plus tôt(1). Il m’en reste, à moi aussi, une profonde impression, mais une impression de très douce confiance. Dieu a frappé un coup de justice, mais sous lequel se cachait une grande miséricorde et un pardon, auquel il a ajouté les souffrances de la terre pour mieux ouvrir les portes du ciel à une pauvre âme attardée. Prions pour elle, mais prions avec toutes les consolations de l’espérance chrétienne.

Que vous êtes bien toujours la même! Une demi-heure de conversation, en passant, avec une amie vous transporte et vous transforme, et vous avez tous les jours des heures à donner à N.-S., l’ami par excellence, et vous n’êtes ni transportée, ni transformée! O fille de peu de foi et de peu d’amour! Quand donc commencerez-vous à comprendre que la recherche de soi est une vanité, comme la recherche de toute créature, et qu’il importe par-dessus tout de se perdre dans l’oubli de tout son être en Dieu? Voyez-vous, ma fille, il faut commencer enfin une vie de sainteté, et il faut aller à toute renonciation à la plainte, au murmure par rapport aux autres, à la compassion sur soi-même. Il faut ne chercher, ne vouloir que Dieu, en tout, partout. Oh! quand ne serons-nous préoccupés que de ses vrais et éternels intérêts?

Vous avez bien fait d’être aimable pour l’abbé Imberton(2). Hélas! qu’il serait utile de lui faire un certain bien!

Quant aux Oblates, prions beaucoup. N’allons ni trop lentement ni trop vite. Pour le moment, elles sont bien où elles sont. Il ne faut pas aller au-delà de ce qui peut être utile. Ce qui importe, c’est de bien préparer leur esprit, d’en faire de vrais apôtres, et, pour cela, il faut l’être soi-même, au moins par le désir(3).

Vous avez bien raison de prier pour nos novices à venir. J’ai déjà plus d’un jeune homme en vue. Ah! si N.-S. me donnait tous ceux que je vois capables de nous venir! Ceci vous regarde un peu. Voyez donc tous les neveux spirituels, dont vous, Isabelle et Marie(4) pourriez être les tantes, si vous le vouliez bien. Croyez-moi, mettez-vous-y, priez, oubliez-vous, ne cherchez que N.-S., aimez la croix et vous deviendrez parfaite.

Adieu, ma fille. Mille fois vôtre en N.-S.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Dites bien des choses à Isabelle. La santé de cette pauvre enfant m'inquiète bien. Rappelez-moi aussi au souvenir de sa mère. Mme votre belle-soeur a, je crois, bien choisi; elle aura un très doux appui, peut-être pas très fort. Quant à Marie C[orrenson], voici un petit mot pour elle, en réponse à une lettre qui m'arrive en même temps que la vôtre.1. Mlle de Régis a évoqué l'anniversaire de la mort de son frère dans une lettre du 4 février.
2. Curé de Saint-Baudile à Nîmes.
3. A propos des Oblates, Eulalie de Régis avait écrit: "Le désir que j'ai de les voir arriver [à Nîmes] me fait sentir toutes les difficultés qui s'opposent à leur prompte fondation dans notre ville, mais ne me fait pas reculer..." Et à propos de Marie Correnson: "J'ai peu vu Marie Correnson mais assez pour juger du brisement physique que lui ont laissé ses dernières luttes avec sa famille."
4. Isabelle de Mérignargues et Marie Correnson.