DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 38

27 feb 1866 Paris CHAUDORDY_ANGELINA

Il y a au fond de votre âme de vrais trésors de perfection, mais vous êtes faible. – L’essentiel est de vouloir marcher dans la voie de l’obéissance. – Il me semble que Dieu veut que je ne m’occupe que de personnes résolues à aller jusqu’au bout. – Ce que je veux faire de vous: une vraie sainte et une vraie victime de N.-S. – Si vous l’acceptez, je vous offre la plénitude de mon affection paternelle.

Informations générales
  • DR06_038
  • 2763
  • DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 38
  • Orig.ms. ACR, AM 14; D'A., T.D. 37, n. 9, pp. 20-21.
Informations détaillées
  • 1 DESIR DE LA PERFECTION
    1 HABITUDES
    1 OUBLI DE SOI
    1 PATERNITE SPIRITUELLE
    1 VERTU DE FORCE
    2 CHAUDORDY, NOEMI
    2 CHAUDORDY, VALENTINE
  • A MADEMOISELLE ANGELINA CHAUDORDY
  • CHAUDORDY_ANGELINA
  • Paris, 27 février 1866.
  • 27 feb 1866
  • Paris
La lettre

Expliquez-moi, mon enfant, comment il se fait que, malgré les quelques tristesses que me causent vos lambineries, pour employer votre mot, ma conviction la plus profonde est qu’il y a au fond de votre âme de vrais trésors de perfection. Je ne vous dis point ceci pour vous faire un compliment; au contraire, puisque j’en conclus au purgatoire que vous aurez à faire un jour, si vous ne vous changez pas et si vous ne faites pas valoir tout ce qu’il y aura en vous de richesses pour N.-S., quand il vous plaira de les exploiter. Vous êtes faible, un peu par caractère, mais surtout par habitude. Or les mauvaises habitudes peuvent, à votre âge, parfaitement se corriger. L’essentiel est de vouloir marcher dans la voie de l’obéissance et se décider à pratiquer la vraie mortification.

Or, mon enfant, je dois vous conjurer de réfléchir bien sérieusement pour savoir si, comme vous me l’avez annoncé, vous devez vous mettre entièrement sous mon autorité, à mon retour. Si vous n’êtes pas effrayée, venez, mais pensez-y bien. Il me semble que Dieu veut que je ne m’occupe que de personnes résolues à marcher vigoureusement et à aller jusqu’au bout. Malgré tout ce que vous me dites avoir à vous reprocher, j’ai la confiance intime que, quand vous aurez sérieusement commencé, vous ne reculerez pas. Mais, me direz-vous: « Que voulez-vous donc faire de moi? » – Une vraie sainte et une vraie victime de N.- S. Voyez si vous aurez le courage de vous étendre sur la croix, de donner votre vie entière sans partage. Priez bien pour être éclairée. Si vous venez entièrement sous ma conduite, je vous offre, pour mon compte, cette plénitude d’affection paternelle, dont il vous faut avoir la certitude, pour que je puisse vous broyer et vous pétrir, comme vous avez besoin d’être broyée et pétrie. Mais c’est là ce que je vous demande; après avoir dit une bonne fois: « Commençons », ne vous arrêterez-vous pas? Enfin, vous voyez au moins que je ne vous dissimule pas les difficultés, et qu’au contraire je vous les montre bien telles qu’elles sont. J’aime bien mieux que vous soyez prévenue à l’avance. Cela évite une foule d’embarras pour plus tard.

Adieu, ma bien chère fille. Croyez à tout mon désir de vous faire beaucoup de bien. Mille fois vôtre en N.-S.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Vous ne me dites rien de Noémi. Que devient-elle? Rappelez-moi à son souvenir et à celui de Valentine(1).1. Noémi et Valentine, ses soeurs.