DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 40

1 mar 1866 Paris GALABERT Victorin aa

Acceptez la proposition de Mgr Raphaël. – Subsides. – Le futur séminaire. – Je m’occupe à vous procurer des ressources. – Recommandations pour les Frères. – Montrez-vous toujours déférent envers Mgr Brunoni. – Jugez vous-même de l’opportunité de nous envoyer un Bulgare. – Les Polonais. – La conduite à tenir vis-à-vis de Mgr Raphaël. – Questions à élucider au cours de vos voyages en Bulgarie.

Informations générales
  • DR06_040
  • 2765
  • DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 40
  • Orig.ms. ACR, AJ 154; D'A., T.D. 32, n. 154, pp. 138-140.
Informations détaillées
  • 1 BULGARES
    1 CLERGE BULGARE
    1 FRANCAIS
    1 GRECS
    1 LITURGIE ROMAINE
    1 LITURGIES ORIENTALES
    1 OBLATES
    1 RESSOURCES MATERIELLES
    1 SEMINAIRES
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 BONNEFOY, BENJAMIN
    2 BONNEFOY, FRANCOIS DE SALES
    2 BRUNONI, PAOLO
    2 CANOVA, ANDREA
    2 CHILIER, JACQUES
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 PIE IX
    2 POPOV, RAPHAEL
    3 BULGARIE
    3 CONSTANTINOPLE
    3 PARIS
    3 PHILIPPOPOLI
  • AU PERE VICTORIN GALABERT
  • GALABERT Victorin aa
  • Paris, 1er mars 1866.
  • 1 mar 1866
  • Paris
La lettre

Bien cher ami,

Deux fois au moins, je vous ai écrit pour vous dire que je vous autorisais à accompagner Mgr Raphaël(1): une première fois immédiatement, une seconde fois de Paris. Je vous ai aussi écrit plusieurs fois que le résultat de tout ce que j’ai fourni pour les Syriens, nos voyages à Constantinople, nos envois personnels d’argent formaient les 10.000 francs qui vous préoccupent tant, et qui viennent de ma bourse et de quelques dons personnels. 4.000 francs viennent de m’être alloués, je les ai fait mettre au compte de Mgr Canova, (je vous l’ai déjà écrit) pour montrer mes dispositions de relever de lui. Toutefois il faudrait ne pas s’étonner si, l’an prochain, la somme était portée à mon compte.

Vous auriez le plus grand tort de ne pas accepter la proposition de Mgr Raphaël, si elle vous est faite(2). Pourvu qu’on nous donne quelques mois, je puis vous envoyer un prêtre qui, au besoin, vous remplacerait à Philippopoli. Il faudra bien qu’un jour nous ayons un séminaire(3) et que ce séminaire soit près de Mgr Raphaël. Dans mes lettres précédentes, je vous disais que vous auriez, dans vos courses, à fixer le lieu le plus favorable pour l’emplacement de ce séminaire.

Je ne perds pas ici mon temps pour vous, je m’occupe de vous préparer un petit centre d’action pour les vêtements. Jeudi dernier, j’ai un peu échoué dans une réunion qui est avant tout polonaise, mais j’ai pensé que le mieux était de nous établir par les couvents de l’Assomption. Nous aurons, je l’espère, une bonne masse d’objets, plus des secours pécuniaires, plus des livres, plus tout ce que nous pourrons obtenir de bric ou de broc. Je vous ai adressé une immense carte de Bulgarie, que vous trouverez à Constantinople où je pense vous la faire adresser.

Recommandez d’avance aux Frères(4) de ne pas trop se battre pendant votre absence. Faites surtout de bonnes et fortes recommandations au Frère Benjamin, afin qu’il ne crée pas trop de difficultés à ses compagnons de travail.

Ce que vous devez surtout faire, c’est de vous montrer très déférent envers Mgr Brunoni et lui dire que, pour moi, j’ai toujours le désir de lui être agréable en tout et pour tout. Croyez-vous utile de nous envoyer un Bulgare? L’opinion générale est que c’est de l’argent perdu. Toutefois je vous laisse libre de l’envoyer, surtout si vous supposez que ne l’envoyer pas serait d’un mauvais effet.

Je ne crois pas qu’il faille se fier aux Polonais. Je vois ici de fort étranges choses; gardez ceci pour vous. De plus, partez de ce principe que les Bulgares préféreront toujours un Français, c'[est]-à-d[ire] quelqu’un qui appartient à une nation puissante, plutôt qu’un prêtre, si saint qu’il soit, appartenant à une nation proscrite. Si donc Mgr Raphaël vous veut auprès de lui, faites-lui comprendre que vous en serez heureux: 1° pour lui fournir les renseignements théologiques qu’il n’a pas; 2° pour travailler sous ses ordres à la formation d’un séminaire; 3° pour pouvoir plus facilement s’entendre avec lui pour la fondation des écoles de nos Oblates. Vous ne pouvez vous occuper d’autre chose, parce que, si vous vous mêlez de régenter les prêtres bulgares, vous prendrez un odieux inutile. Mais en répondant aux questions sur lesquelles on vous consultera, en préparant des prêtres, en vous occupant des Oblates qui vous arriveront un peu plus tôt un peu plus tard, la place auprès de Mgr Raphaël me semble très précieuse. Voici une série de questions que vous éluciderez dans les notes à prendre sur votre voyage à travers la Bulgarie:

1° Quelle est la situation religieuse du pays?

2° Son esprit politique? Vers qui penche-t-il?

3° Action morale des Grecs, des étrangers?

4° Quel est le niveau de la moralité?

5° Combien de couvents d’hommes ou de femmes?

6° Où placer le séminaire?

7° Où placer des écoles de filles?

8° Puissance des deux rites, bulgare ou latin?

9° Quelles réformes à faire aux livres liturgiques?

10° Quels secours plus nécessaires à envoyer?

11° Quelles dispositions envers le Saint-Sacrement?

12° Quelles sont les dispositions particulières des Bulgares pour la piété?

Adieu, cher ami. Prions. Dieu nous viendra en aide.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Lu aux Pères Picard et Vincent de Paul, et approuvé par eux.1. Voir *Lettre* 2757, n. 1.
2. Le P. Galabert avait fait part au P. d'Alzon du propos du P. Charles Kaczanowski selon lequel Mgr Raphaël souhaitait faire de lui "son compagnon habituel, pour ainsi dire son vicaire général". Et le P. Galabert demandait à son supérieur quelle attitude il devait adopter si telles étaient bien les vues de Mgr Raphaël et de Mgr Brunoni: "Ne vaudrait-il pas mieux les repousser afin de ne pas assumer une trop grande responsabilité devant Dieu et devant les hommes?" (16 février 1866).
3. Jusqu'à la fin de sa vie, le P. d'Alzon poussera à la réalisation de ce séminaire qu'il jugeait avoir reçu mission de fonder de la bouche même de Pie IX (v. *Emmanuel d'Alzon, Documentation biographique* II, pp. 849 et 857-862).
4. Ce sont les Frères Jacques Chilier, Benjamin et François de Sales Bonnefoy.