DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 86

11 jul 1866 Le Vigan REGIS Eulalie

Bénédiction d’une statue de la Vierge à Saint-Hippolyte. – 19 Oblates et 3 postulantes à Rochebelle. – Nouvelles de diverses soeurs. – Juliette et Mlle Doumet. – La perfection dans laquelle il vous faut marcher. – La réalité des anéantissements imposés par Dieu est bien préférable à vos beaux rêves de bien. – Votre âme sera-t-elle jamais entre quatre planches? – La santé de Monseigneur. – Madame Arnal est un admirable complément à Mère M.-Madeleine auprès des Oblates.

Informations générales
  • DR06_086
  • 2822
  • DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 86
  • Orig.ms. ACR, AM 299; D'A., T.D. 37, n. 51, pp. 282-283.
Informations détaillées
  • 1 ANEANTISSEMENT
    1 CIEL
    1 DESIR DE LA PERFECTION
    1 ESPRIT D'INDIFFERENCE
    1 HUMILITE
    1 MORT
    1 OBLATES
    1 PROTESTANTISME
    1 STATUE DE LA SAINTE VIERGE
    1 VIE DE PRIERE
    1 VIE DE SACRIFICE
    2 ARNAL DU CUREL, MADAME
    2 BRESSON, JUSTINE
    2 COMBIE, JULIETTE
    2 CONSTANCE, MADEMOISELLE
    2 CORRENSON, EMMANUEL-MARIE
    2 DAMENNE, LOUISE
    2 DOUMET, BLANCHE
    2 DOUMET, MADAME EMILE
    2 JORDAN, MARIE DE
    2 MARGUERITE, MADEMOISELLE
    2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
    2 PETER, MARIE-MADELEINE DE
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    2 VILLARET, VERONIQUE
    3 ROCHEBELLE, FAUBOURG DU VIGAN
    3 SAINT-HIPPOLYTE-DU-FORT
    3 VIGAN, LE
  • A MADEMOISELLE EULALIE DE REGIS
  • REGIS Eulalie
  • Le Vigan, 11 juillet 1866.
  • 11 jul 1866
  • Le Vigan
  • *Mademoiselle*
    *Mademoiselle de Régis*
    *Maison Bonnecase*
    *aux Eaux-Bonnes*
    *Basses-Pyrénées*.
La lettre

Je vous ai promis, ma chère fille, de vous écrire du Vigan, je viens tenir ma promesse. Je suis arrivé ici depuis quarante-huit heures à peine, un peu fatigué du travail que l’on me fait faire et pour lequel il faut que je dise merci. Mais il y a de la joie à travailler en certaines circonstances; par exemple, à Saint-Hippolyte, où je n’ai fait qu’entrevoir Marie de Jordan(1), mais où j’ai eu la joie de présider une cérémonie qui, je l’espère, produira du bien. C’est la bénédiction d’une statue de la Sainte Vierge, qui doit être placée à la maison des Frères. Cette bénédiction a été précédée et suivie d’une très belle procession, qui par l’ordre, la piété et le recueillement, n’a pu qu’édifier les chers frères séparés, qui, eux, se passent de statues.

Ici, j’ai trouvé une communauté de 19 Oblates dans l’habit et 3 postulantes. Je ne parle pas de Constance(2). Malheureusement les crises de Soeur Véronique ont recommencé. Soeur Louise et Soeur Justine seront obligées d’aller aux bains de mer. Juliette et Mlle Doumet(3) sont, depuis hier soir, à Rochebelle; elles se proposent d’y passer quelques jours. Juliette serait assez disposée à se précipiter de ce côté, mais je réserve toujours vos droits et ceux de Marie C[orrenson]. Quant à Mlle Doumet, je n’ose rien dire, mais si elle y venait, ce serait une très précieuse acquisition. Je la pousse vers l’Assomption. Cela ne mord pas, les Oblates semblent lui aller bien mieux.

Quant à vous, ma fille, je ne puis que vous encourager à marcher dans la perfection, telle que vous la comprenez: beaucoup d’amour, beaucoup d’humilité, beaucoup de sacrifice, dans cette indifférence telle que vous me la dépeignez. Si Dieu vous rend la santé, comme je l’espère, voyez quelle vie vous aurez à mener: des ménagements pour votre pauvre patraque, de la prière, peu de travail extérieur, mais un travail dont les fruits seront parfaits par la perfection des dispositions dont vous l’entourerez. Quant à vos beaux rêves de bien, laissez-moi vous dire que je les regrette très peu. La réalité des anéantissements que Dieu impose est bien préférable.

Je demande à Dieu d’être tellement son représentant auprès de vous que j’aie les mains pleines, s’il le veut, et les mains vides, s’il le veut. A quoi bon parler de la solitude de la tombe? Est-ce que votre âme sera jamais entre quatre planches? Si elle quitte son corps, elle sera dans la plus belle compagnie du monde: Dieu, la Sainte Vierge, les anges et les saints. Comme vous serez à plaindre!

Je vous remercie des détails que vous me donnez sur la santé de Monseigneur. Quelque souffrant qu’il soit, il est bien heureux que le médecin lui ait dit la vérité; par là, du moins, il comprendra la nécessité de se soigner.

Adieu, bien chère fille. Mme Arnal, qui sort d’ici, m’a interrompu au milieu de ma lettre; elle vous est bien dévouée, à cause de vous sans doute, mais aussi à cause des Oblates dont elle s’occupe avec les plus grands succès. La sainte Mère Marie-Madeleine leur fait du bien, mais pas tout celui que l’on voudrait; Mme Arnal est un admirable supplément. Encore une fois, adieu, chère fille.

Mille fois vôtre en N.-S.

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
Voulez-vous dire à Marguerite que je la remercie de vous bien soigner?1. Le P. d'Alzon avait espéré que Marie de Jordan entrerait chez les Oblates (v. *Lettre* 2525), et Mère M.-Eugénie trouvait qu'elle pourrait très bien en devenir la supérieure au bout de quelque temps (au P. d'Alzon, 5 mai 1865). Elle était de Saint-Hippolyte, et c'est elle sans doute que le P. Hippolyte désigne sous ce nom et à qui il veut donner le n° 1 (au P. d'Alzon, 3 et 15 mai 1865).
2. Appelée Soeur Térèse de la Croix dans la *Lettre* 2834.
3. Juliette Combié et Blanche Doumet. Juliette est la soeur et Blanche la belle-soeur de Mme Doumet.