DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 91

14 jul 1866 Le Vigan MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Je suis enchanté que le P. Picard aille à Rome et je désire le voir avant son départ. – Le compte-rendu financier réclamé par M. Véron pour la maison de Nîmes. – Gagner du temps est le plus important. – Soeur M.-Augustine. – Un bonnet pour les Oblates. – Divergences de vues entre le P. Hippolyte et Mère Marie-Madeleine. – Priez pour notre noviciat de religieux.

Informations générales
  • DR06_091
  • 2826
  • DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 91
  • Orig.ms. ACR, AD 1410; D'A., T.D. 23, n. 881, pp. 209-210.
Informations détaillées
  • 1 COLERE
    1 CONGREGATION DES EVEQUES ET REGULIERS
    1 CONSTITUTIONS DES RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 FRANCHISE
    1 MENSONGE
    1 NOVICIAT DES ASSOMPTIONNISTES
    1 OBLATES
    1 PRATIQUE DE LA PAUVRETE
    1 PRIERE DE DEMANDE
    1 PRIEURE DE NIMES
    1 QUETES
    1 RAPPORTS FINANCIERS
    1 RELATIONS DU PERE D'ALZON AVEC LES ASSOMPTIADES
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 SUPERIEUR ECCLESIASTIQUE
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    2 BEVIER, MARIE-AUGUSTINE
    2 FERRARI, GIACINTO
    2 GRANT, THOMAS
    2 O'NEILL, THERESE-EMMANUEL
    2 PETER, MARIE-MADELEINE DE
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 PIE, LOUIS
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    2 SVEGLIATI, STANISLAS
    2 VERON, PAUL
    3 AUTEUIL
    3 LONDRES
    3 LYON
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 ROME
    3 SOUTHWARK, ANGLETERRE
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Le Vigan, 14 juillet [18]66.
  • 14 jul 1866
  • Le Vigan
La lettre

Ma chère fille,

La lettre que je reçois de vous ne m’arrivant que vingt-quatre heures après le moment où je l’aurais reçue à Nîmes, je viens de vous expédier une dépêche télégraphique. Je suis enchanté que le P. Picard aille à Rome(1), pourvu que sa santé n’en souffre pas. Cela le rafraîchira à une foule de points de vue et lui donnera véritablement quelques jours de bonheur. Je désire le voir pour lui parler de bien des choses, que je voulais traiter l’an prochain et qu’il pourra traiter lui-même ou du moins préparer. Quant au compte-rendu de l’état financier, vous pouvez dire à M. Véron que l’évêque de Nîmes ayant écrit à Rome sur la demande de la Congrégation, je croirais lui faire injure que de permettre, pour la maison de Nîmes, un autre compte-rendu financier passant par Paris. Lyon, vous le savez, répondra de la même sorte(2).

Je pense que l’avis de Mgr P[ie] est le plus sage(3), que gagner du temps est le plus important, et si j’étais sûr qu’en écrivant à Svegliati(4) de ne pas se hâter, il suspendrait tout provisoirement, je préférerais de beaucoup ce système.

Quant à Soeur M.-Aug[ustine], je suis bien aise que vous voyez que les lettres les plus énergiques ne font rien sur elle, afin que ni Soeur Th[érèse]-Em[manuel] ni vous ne concluiez de sa conduite que je la ménage trop. Je lui signifie que le moment arrive où, en face de toutes les anciennes et la presque unanimité des autres, deux ou trois dissidentes n’auront plus qu’un parti à prendre. C’est là ma pensée. Je lui demande comment sa conscience peut se décider à m’écrire, quand elle sait que ses supérieurs ecclésiastiques s’y opposent(5), et comment elle peut me tant parler de sa conformité d’idées aux miennes, quand elle sait que tout ce que vous avez ajouté aux règles a mon approbation. Voilà le sens, sinon les expressions de ma lettre.

Seriez-vous assez bonne pour faire demander à Londres le bonnet des religieuses, que Mgr Grant(6) envoya, il y a un an ou deux, faire la quête à Nîmes pour les écoles pauvres? Je crois que nous allons prendre quelques Oblates pour notre collège, et nous voulons changer avant ce qui devra être changé dans le costume. Soeur M.-Madeleine a quelques misères avec le P. Hippolyte. Celui-ci qui tient à l’économie se fâche un peu trop de ce que Soeur M.-Mad[eleine] se sert de quelques nigaudes sans tact, esprit ni expérience, parce qu’elles disent toujours amen, et laisse quelques filles dix fois plus intelligentes, économes, propres et entendues, mais qui ont quelquefois leur avis. La Mère M.-Mad[eleine] ne se place qu’au point de vue de la perfection, le P. Hip[polyte] qu’à celui de l’économie. Je crois qu’ils ont tous les deux tort et tous les deux raison. Je vais arranger cela en m’emparant pour Nîmes de deux ou trois revêches mais capables. La Mère M.-Mad[eleine] aura la paix et nous ne perdrons pas d’excellents sujets.

Priez pour notre noviciat des religieux. La source des vocations se tarit en ce moment; il serait bien souhaitable qu’elle se remît à couler. Adieu, ma chère fille. J’ai bien à vous dire encore, mais j’ai à faire mon discours pour la distribution des prix.

Mille fois à vous en Notre-Seigneur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Le P. Picard s'était offert à s'y rendre "pour surveiller ce qui arriverait de Paris et déjouer avec l'aide de Ferrari ce qui pourrait nous nuire" (lettre du 12 juillet de Mère M.-Eugénie). Le P. Giacinto de Ferrari O.P. est consulteur de la Congrégation des Evêques et Réguliers et commissaire du Saint-Office.
2. M. Véron exigeait non seulement le compte rendu financier de la maison d'Auteuil, mais celui des maisons particulières; c'était empiéter sur l'autorité des évêques dans les diocèses desquels ces maisons étaient implantées.
3. Gagner du temps.
4. Prosecrétaire de la Congrégation des Evêques et Réguliers.
5. Le P. d'Alzon a dû recevoir une réponse de Sr Marie-Augustine (v.*Lettre* 2823 et n.2). Non sans ironie il lui demande comment elle ose braver ainsi l'interdit de ses "supérieurs ecclésiastiques" ? Le P. d'Alzon est certainement déjà au courant du dialogue suivant entre Sr Thérèse-Emmanuel et M. Véron lors de la fameuse visite du 4 juillet:
Véron: - Pourquoi le P. d'Alzon est-il consulté ? Quels sont vos rapports avec lui ? La Mère Assistante: - Des rapports de confiance et de reconnaissance pour tout ce que nous lui devons, pour avoir soutenu notre Congrégation naissante. Il n'est pas Supérieur Général.
- Est-ce qu'on lui écrit ?
- Mais sans doute, il a toujours été le père, le protecteur et l'ami de notre oeuvre.
- Cela ne doit pas être! Est-ce Conseil ou Chapitre permanent, qu'est-il ? (2TE 1, p.51).
6. Mgr Thomas Grant, premier évêque de Southwark (1851). Il mourut à Rome pendant le Concile.