DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 97

20 jul 1866 Le Vigan CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Plan pour l’établissement des Oblates au collège en octobre. – Croyez-vous pouvoir être un jour la mère des Oblates? – Dire « voulez-vous être mon aide » serait trop humain. – Je ne vous propose qu’une couronne d’épines et les clous de la croix. – Mlle Doumet. – Que N.-S. vous conduise à devenir son parfait instrument.

Informations générales
  • DR06_097
  • 2834
  • DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 97
  • Orig.ms. AC O.A.; D'A., Photoc. ACR, AH 404; T.D. 29, n. 62, pp. 68-70; QUENARD, pp. 47-49.
Informations détaillées
  • 1 ACCEPTATION DE LA CROIX
    1 ACCEPTATION DE LA VOLONTE DE DIEU
    1 AMOUR FRATERNEL
    1 CADRE DE LA VIE RELIGIEUSE
    1 CHARITE ENVERS LE PROCHAIN
    1 CO-FONDATRICE DES OBLATES
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 CRITIQUES
    1 DETACHEMENT
    1 EMPLOIS
    1 ENERGIE
    1 EPREUVES
    1 ESPRIT APOSTOLIQUE DE L'ASSOMPTION
    1 ESPRIT SURNATUREL A L'ASSOMPTION
    1 LUTTE CONTRE LE MONDE
    1 OBLATES
    1 PATERNITE SPIRITUELLE
    1 PATIENCE
    1 PRATIQUE DE L'OBEISSANCE
    1 SUPERIEURE
    2 BOURRIER, MARIE DE LA PRESENTATION
    2 BRUN-VILLARET, FELICITE
    2 CONSTANCE, MADEMOISELLE
    2 CORRENSON, AUGUSTINE
    2 CORRENSON, MADAME CHARLES-LOUIS
    2 DALMIER, NATHALIE
    2 DOUMET, BLANCHE
    2 DOUMET, MADAME AINEE
    2 SALZE, THERESE
    3 NIMES
  • A MADEMOISELLE MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Le Vigan, 20 juillet 1866.
  • 20 jul 1866
  • Le Vigan
La lettre

Ma chère fille,

Quel que soit le temps qu’il vous faut donner à Mme C., il me paraît impossible qu’il ne vous en reste pas pour réfléchir et prier. C’est pour cela que je voudrais causer aujourd’hui un peu longuement avec vous, et vous laisser la possibilité de bien vous pénétrer de ce que j’ai à vous dire.

Il est à peu près certain que nous aurons au mois d’octobre, peut-être le 15 sept[embre], 5 Oblates à Nîmes. Je voudrais les établir hors de la maison, mais si je n’en viens pas à bout, elles seront casées de façon à ne sortir que pour monter à la lingerie et aller à la chapelle; et encore peut-être mettrons-nous la lingerie dans la bibliothèque actuelle. Elles seront donc le plus possible indépendantes. Vous pourrez les voir très souvent sans inconvénient. Nous aurons, je l’espère, Soeur Térèse de la Croix, autrement dit Constance, que je nommerai supérieure et que je chargerai de la lingerie avec Soeur Nathalie et Soeur Marie de la Présentation(1); à l’infirmerie, je mettrai Soeur Félicité et Soeur Térèse. Celle-ci soigne à merveille les malades et Soeur Félicité recevra les parents. Je suis convaincu qu’en donnant plus de soins par les femmes aux petits enfants, nous aurons beaucoup plus de monde. Sous ce rapport, j’espère beaucoup de la présence de ces bonnes filles, sans compter l’économie. Nous les ferons peu à peu pénétrer à la cuisine, mais cela ne peut venir du premier coup.

Voilà pour le côté matériel. Pour le côté moral, ma fille, examinez bien la question que je vous pose:

1° Vous sentez-vous le courage de pénétrer peu à peu dans l’intime de l’oeuvre?

2° Restant un certain temps encore en dehors, croyez-vous pouvoir en être un jour la Mère(2)?

3° Aurez-vous assez de patience pour porter le poids de certains blâmes et de certaines critiques, dont sont l’objet toutes les oeuvres qui commencent?

4° Consentirez-vous à ne pas trop vous heurter avec certains caractères peu aimables, que vous rencontrerez sur vos pas?

5° Si quelques personnes de votre condition s’unissaient à vous, accepteriez-vous de les commander tout doucement, tout bonnement, et surtout surnaturellement?

6° Vous sentez-vous la force d’avoir un vrai coeur de mère? (question essentielle).

7° Vous résoudrez-vous à enfanter l’oeuvre dans toutes les douleurs, qu’il est facile de prévoir?

8° Les séparations probables ne vous effraient-elles pas?

9° La vie dure, pénible, qui vous sera peut-être un jour imposée, n’est-elle pas au-dessus de votre nature?

10° Votre volonté est-elle capable de devenir assez immuable, avec la grâce de Dieu, pour porter et affermir toutes les volontés chancelantes qui vous environneront?

11° Acceptez-vous de devenir une vraie sainte et de vous établir si fortement dans l’ordre surnaturel que rien ne se présente à vous qu’à ce point de vue?

12° Voulez-vous enfin être un apôtre et communiquer aux autres l’esprit apostolique?

Je ne vous dis pas: « Voulez-vous être mon aide? », il y aurait là un côté humain et il me semble que, tout en restant sur la terre, nous devons tout bâtir dans le ciel. Ceci est une grande et solennelle chose pour vous, et, quand je résume de mon mieux toutes nos conversations précédentes, que je cherche à fixer certains points fondamentaux, croyez bien que j’éprouve une profonde émotion en songeant que je pose les jalons de la vie future d’une enfant autant aimée et à qui pourtant je ne propose qu’une couronne d’épines et les clous de la croix. Mlle D[oumet] est ici. C’est une belle nature, qui a eu le malheur d’être trop gâtée par une mère qui l’adore, mais qui finira par se tourner entièrement du côté de Dieu, sans que je puisse voir encore bien clairement par quel chemin il serait possible qu’elle vînt aux Oblates; mais je ne veux pas qu’elle ait un certain n° 1, que je réserve à une autre.

Adieu mon enfant. Que Notre-Seigneur vous conduise à devenir parfaitement son instrument pour ce qu’il peut vouloir de vous, quoi que ce soit qu’il veuille, pourvu que nous le sachions.

Votre père

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
Je serai à Nîmes le 25 au matin. Mille choses à notre carmélite(3).1. Le ms a *de l'Incarnation*. Nous corrigeons par rapprochement avec la *Lettre* 2858.
2. Cette fois la question est posée...
3. Sa soeur Augustine, qui désire entrer au Carmel.