DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 107

30 jul 1866 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Jamais je ne me sens plus vôtre que lorsque je vous vois sur la croix. – Conduite à tenir envers M. Véron. – Soeur M.-Augustine.

Informations générales
  • DR06_107
  • 2844
  • DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 107
  • Orig.ms. ACR, AD 1413; D'A., T.D. 23, n. 884, pp. 212-213.
Informations détaillées
  • 1 ACCEPTATION DE LA CROIX
    1 AMITIE
    1 COLERE
    1 CONTRARIETES
    1 FRANCHISE
    1 HAINE
    1 POLEMIQUE
    1 RAPPORTS FINANCIERS
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 SAINT-SIEGE
    1 SUPERIEUR ECCLESIASTIQUE
    2 BEVIER, MARIE-AUGUSTINE
    2 DARBOY, GEORGES
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 VERON, PAUL
    3 AUTEUIL
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, 30 juillet [18]66.
  • 30 jul 1866
  • Nîmes
La lettre

Ma bien chère fille,

Ai-je besoin de vous dire que je ne me sens jamais plus vôtre que lorsque je vous vois sur la croix, et que je demande à Notre-Seigneur de me donner la moitié de vos peines? Je prie pour vous avec un coeur de père et de vieux ami(1). Je n’ai qu’une peur, c’est dans ma préoccupation de laisser apercevoir quelque chose. Ne pourriez-vous pas dire à M. Véron que la preuve que le Saint-Siège ne lui donne pas ce qu’il prétend(2), c’est que les autres évêques ont reçu des lettres analogues et que depuis longtemps l’évêque de Nîmes a lui-même répondu? Quant à demander la visite canonique par un autre que M. V[éron], ne pensez-vous qu’il vaut mieux le voir venir, laisser passer son feu, puis reprendre bonnement et lui dire la nette vérité, surtout sur Soeur M.- Aug[ustine]; lui assurer que depuis quelques années j’ai prévenu les Soeurs anciennes de sa future folie, qu’il peut me consulter sur son compte à titre de renseignement, qu’il verra ce que je répondrai? Ces hommes si furieux, quand ils ne peuvent mettre les gens à la porte, parce qu’ils sont chez eux, s’apaisent quelquefois, écoutent et changent d’impression, ce qui est leur manière de changer d’avis.

Dans tous les cas ceci vous prouve la nécessité d’une maison pour les infirmes de corps et d’esprit. D’autre part, vous voyez à quoi a abouti de traiter vigoureusement Soeur M.-Aug[ustine]. Je l’ai fait devant votre observation et j’ai eu tort de ne pas suivre ma ligne de conduite. Je vous aurais évité un surcroît de désagréments. Depuis, elle ne m’a pas écrit un mot, et je crois bien qu’elle ne m’écrira plus ou du moins de très longtemps.

Quand l’archevêque sera loin, si M. V[éron] n’est pas calmé, vous pourrez lui écrire, si cela est nécessaire. Quelque chose me dit que si vous faites un peu la bonne avec M. V[éron], après qu’il aura exhalé sa bile, les choses se raccommoderont.

Le mot manque de sincérité(3) vient de Soeur M.-Augustine. A votre place, je refuserais de parler d’elle et je prierais de consulter. Ce serait peut-être le forcer à ouvrir les yeux. Ne rien dire sur elle, attendre qu’on interroge et dire: « Consultez d’autres que moi ». Savez-vous qu’il est fort heureux que, pour le moment, on exige que le P. Picard soit tous les matins à Auteuil? Vous le voyez tous les jours puisqu’on le veut, sans qu’on puisse s’en fâcher.

Adieu et mille fois vôtre en Notre-Seigneur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. De son côté le 12 juillet, Mère Marie-Eugénie lui avait écrit : "J'ai eu plus de mal à garder mon âme en paix quand je n'étais pas d'accord avec vous que je n'en ai pour tous ces orages et que je n'en aurais si le monde entier s'en mêlait."
2. C'est-à-dire ne lui demande pas de renseignements sur l'ensemble de la congrégation.
3. "Il ne me reste plus qu'à constater le refus que vous avez fait de me transmettre l'état économique et financier de votre Congrégation, refus que vous attribuez *avec plus ou moins de sincérité* aux Vénérables Evêques dans les diocèses desquels vous avez des maisons" (M. Véron à Mère M.-Eugénie, 27 juillet).