DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 126

21 aug 1866 Le Vigan REGIS Eulalie

Je ne crois pas les Oblates plus sévères pour vous que le plus doux des ordres dès que vous aurez une santé quelconque. – Je veux bien vous faire faire sur-le-champ un noviciat, et vous serez une Soeur parfaite quand vous ne voudrez plus ordonner aux gens de vous faire pratiquer l’obéissance comme vous l’entendez. – Le départ pour Nîmes des filles de Bulgarie.

Informations générales
  • DR06_126
  • 2861
  • DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 126
  • Orig.ms. ACR, AM 300; D'A., T.D. 37, n. 52, pp. 284-285.
Informations détaillées
  • 1 ABANDON A LA MISERICORDE DE DIEU
    1 CRITERES D'ADMISSION AU NOVICIAT
    1 DESIR DE LA PERFECTION
    1 EPREUVES
    1 NOVICIAT
    1 OBLATES
    1 PRATIQUE DE L'OBEISSANCE
    1 SANTE
    1 SEVERITE
    1 VOILE
    2 ARNAL DU CUREL, MADAME
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 CORRENSON, EMMANUEL-MARIE
    2 FRANCOIS DE SALES, SAINT
    2 JEANNE DE CHANTAL, SAINTE
    3 BULGARIE
    3 NIMES
    3 ROCHEBELLE, FAUBOURG DU VIGAN
  • A MADEMOISELLE EULALIE DE REGIS
  • REGIS Eulalie
  • Le Vigan, 21 août 1866.
  • 21 aug 1866
  • Le Vigan
  • *Mademoiselle*
    *Eulalie de Régis*
    *Lirac par Roquemaure*.
La lettre

Ma bien chère fille,

Je prévoyais votre troisième lettre, qui est la bonne. Saint François de Sales a fait un Ordre pour les filles de petite santé, mais non pour les filles de nulle santé. Pour ces dernières, un de mes anciens précepteurs avait voulu faire une Congrégation, où l’on ne se lèverait jamais avant 8 heures. Pourrez-vous passer un an de noviciat à vous lever à 5 h., à vivre tout le jour avec des Soeurs en conférence, à faire une heure d’oraison à genoux, sans appui, à briser votre volonté du matin au soir, à obéir sans aucune arrière-pensée de volonté propre? Alors, allez aux filles de sainte Chantal, dont nous célébrons aujourd’hui la fête. Quant aux Oblates, je ne les crois pas plus sévères pour vous que le plus doux des Ordres, dès que vous aurez une santé quelconque.

Remarquez, chère fille, que je ne demande pas mieux que de vous faire faire sur-le-champ un noviciat(1). Dès que vous serez à Nîmes, nous le commencerons si vous le voulez. Nous en ôterons toute austérité, nous n’y mettrons que ce qui concerne la perfection intérieure. Le voulez-vous? J’ai, quant à moi, la conviction que vous serez une Soeur parfaite, dès que vous ne voudrez plus ordonner aux gens de vous faire pratiquer l’obéissance, comme vous l’entendez. J’ajoute que vous devez vous mettre toute entière entre les mains de Dieu, vaillante ou non, et que Dieu sait bien ce qu’il peut tirer d’une patraque.

J’ai annoncé aux filles de Bulgarie leur départ pour Nîmes; elles sont dans le ravissement, et leur satisfaction me donne l’espoir qu’elles feront bien. Elles ne seront pas plus formées dans un an à Rochebelle. C’est la conviction de Mme Arnal; c’est aussi la mienne. Le P. V[incent] de P[aul] sera ici demain. Je pense que ces bonnes filles seront à Nîmes, vers le 1er septembre. Le voile noir a été annoncé et essayé, ce matin. Ces bonnes filles sont enchantées. Elles ont eu déjà avec moi deux réunions à part. Cela leur fait du bien, et elles montrent tant d’ouverture de coeur, tant de confiance, qu’il me semble bien difficile de ne pas en faire quelque chose, avec de la bonne volonté. Mme Arnal les accompagnera. Un certain nombre d’autres filles vont venir combler à Rochebelle le vide fait par les partantes, et réellement je me demande où on les logera, si cela continue ainsi. Prions bien et Dieu pourvoira à tout.

Adieu, ma fille. Je ne suis pas très vaillant. Priez pour moi. Votre père bien tendrement dévoué, malgré vos épines et vos sécheresses.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Le même jour, le P. d'Alzon propose à Marie Correnson "un petit noviciat secret".