DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 145

18 sep 1866 Nîmes PICARD François aa

Le rapport sur le Fr. Claude. – Le vin du P. Pernet. – En ce qui regarde Auteuil, le mal est plus grave que la supérieure ne le suppose. – Quelques conditions que je pose si on me veut pour fondateur. – Soeur M.-Caroline. – Usez de tout ceci avec prudence et délicatesse.

Informations générales
  • DR06_145
  • 2881
  • DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 145
  • Orig.ms. ACR, AE 227; D'A., T.D. 25, n. 227, pp. 180-181.
Informations détaillées
  • 1 BAVARDAGES
    1 CRITERES D'ADMISSION AU NOVICIAT
    1 CRITIQUES
    1 ESPRIT DE L'ASSOMPTION
    1 ESPRIT RELIGIEUX
    1 EXAMINATEURS DES RAPPORTS
    1 FONDATEUR
    1 MANQUEMENTS A LA VIE RELIGIEUSE
    1 NOVICIAT
    1 PRUDENCE
    1 REFORME DU CARACTERE
    1 REGLEMENTS
    1 RELATIONS DU PERE D'ALZON AVEC LES ASSOMPTIADES
    1 RETRAITE DES RELIGIEUX
    1 SUPERIEURE
    1 SUPERIEURE GENERALE
    1 VIN
    2 LHERISSON, CLAUDE
    2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
    2 PATY, MARIE-CAROLINE DE
    2 PERNET, ETIENNE
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    2 VERON, PAUL
    3 AUTEUIL
    3 LAVAGNAC
    3 MONTMAU
    3 PARIS
  • AU PERE FRANCOIS PICARD
  • PICARD François aa
  • Nîmes, 18 sept[embre 18]66.
  • 18 sep 1866
  • Nîmes
La lettre

Cher ami,

Voici le rapport du P. Hip[polyte] sur le Fr. Claude. Veuillez me donner au plus tôt l’avis des examinateurs. Veuillez dire au P. Pernet de modérer sa joie sur le vin que je lui donne. Ou il prendra les 28 hectolitres à Lavagnac et paiera le prix du port, des droits, etc.; ou bien il prendra la moitié et avec l’autre moitié il paiera ce qu’il faut payer. Je ne donne que le vin pris à Montmau, ce qui est un cadeau bien moindre et réduit ma générosité. S’il préfère que je lui donne le prix des 28 hectolitres, je les ferai vendre et il prendra son vin à Paris.

Parlons maintenant d’autre chose, malgré la retraite où je suis constamment dérangé. Ce que je vais vous dire est pour vous autant que pour la supérieure. Seulement, elle a tant de peine que je vous prie de lui ménager certaines choses.

1° Le mal est plus grave qu’elle n’a l’air de le supposer. Si elle l’a réellement vu, elle aurait pu m’en parler; si elle ne l’a pas vu à l’avance, réellement elle était un peu aveuglée.

2° Il faut, si elle me veut pour fondateur, poser quelques conditions dont voici quelques-unes.

3° Que la correspondance avec les supérieures se fasse plus régulièrement, ou par la supérieure g[énéra]le qui laissera d’autres occupations, ou par la secrétaire, ou par une assistante générale. Les retards à répondre font un mal incalculable et aigrissent de toute part.

4° Il faut que les lettres tant soit peu importantes soient transcrites, afin que l’on ne tombe pas dans certaines contradictions, dont j’ai quelques exemples.

5° Il faut s’occuper du noviciat, où, à ce qu’on m’assure, il y a bien des novices qui sont menées plus par l’enthousiasme que par la réalité. C’est une corde délicate, mais qu’il faut toucher pourtant.

6° Enfin, il faut inspirer l’amour de la Congrégation et non l’amour d’Auteuil, car voici ce qui arrive. Les novices qui prennent l’amour d’Auteuil, si elles sont envoyées en maison particulière, se considèrent comme des exilées, et d’autres qui n’ont pas pris cet amour n’en ont plus d’aucune espèce pour la Congrégation.

7° Enfin, il m’est évident qu’il y a bien des cachotteries que l’on aurait pu supprimer, soit en les écartant, soit en prenant quelques mesures énergiques.

On m’a répété de tout côté et sur tous les tons que [la] Soeur M.-Caroline faisait un mal affreux à la supérieure g[énéra]le par son mauvais caractère(1). Faites de tout ceci l’usage prudent que vous jugerez à propos et dites à la supérieure, supposé que vous vouliez lui communiquer mes observations(2), que je ne les lui adresse pas directement, de peur de lui faire de la peine inopportunément. J’acquiers du reste la certitude qu’il y a de bien mauvais esprits, de bien mauvaises langues, et surtout des gens bien méchants dans leur bêtise orgueilleuse, et que si M. Véron a tant de torts pour la forme, on lui a pour le fond fourni de bien singuliers renseignements.

Tout à vous en N.-S.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Dans sa réponse, le P. Picard prend vigoureusement la défense de Soeur M.-Caroline, louant son dévouement, son sens pratique, son activité. Elle a une excellente influence sur les enfants et - c'est un argument qui ne devait pas laisser le P. d'Alzon insensible - "c'est elle qui leur communique le mieux l'esprit de l'Assomption, cet esprit de franchise et de dévouement qui fait des âmes fortes" (20 septembre).
2. C'est là une commission bien pénible, répondra le P. Picard. "Puisque vous me laissez juge de l'opportunité, permettez-moi d'attendre, je craindrais d'écraser ou de jeter dans des anxiétés plus nuisibles qu'utiles en ce moment." Cependant, ajoute-t-il, avant d'avoir reçu votre lettre nous étions entrés dans vos vues. Et il expose les conclusions auxquelles Mère M.-Eugénie et lui-même étaient arrivés sur les divers points évoqués par le P. d'Alzon. Cela dit, il estime qu'il vaut mieux laisser chacun tirer les conséquences des faits "sans poser une sorte d'ultimatum comme vous paraissez le faire dans votre lettre".