DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 148

25 sep 1866 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Pas de démission! – L’archevêque finira par voir qu’il y a abus de pouvoir. – Demandez l’érection de deux noviciats. – Soeur Marie du Saint-Sacrement. – Me laisserez-vous la Mère M.-Madeleine? – Cette épreuve sera salutaire pour vous-même et pour la congrégation. – Si je ne pouvais aller à Rome, le P. Picard devrait le faire.

Informations générales
  • DR06_148
  • 2885
  • DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 148
  • Orig.ms. ACR, AD 1421; D'A., T.D. 23, n. 896, pp. 225-226.
Informations détaillées
  • 1 AUTORITE RELIGIEUSE
    1 CONGREGATION DES EVEQUES ET REGULIERS
    1 CONTRARIETES
    1 CRITIQUES
    1 ERECTION DE MAISON
    1 LACHETE
    1 NOMINATIONS
    1 NOVICIAT
    1 ORGUEIL
    1 PATIENCE
    1 SUPERIEUR ECCLESIASTIQUE
    2 CHAILLOT, LUDOVIC
    2 COURCY, MARIE-GABRIELLE DE
    2 DARBOY, GEORGES
    2 FAUDOAS, SAINT-FRANCOIS
    2 GOUY, MARIE DU SAINT-SACREMENT DE
    2 PEROUSE, JEANNE-MARIE
    2 PETER, MARIE-MADELEINE DE
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 ROUSSEAUX, MARIE DU SACRE-COEUR
    2 SAINT-JULIEN, MARIE-GONZAGUE
    2 SERRES, LOUIS-AMBROISE-GUSTAVE DE
    2 SVEGLIATI, STANISLAS
    2 VERON, PAUL
    3 AUTEUIL
    3 BORDEAUX
    3 LYON
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 ROME
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • [Nîmes, le] 25 septembre [18]66.
  • 25 sep 1866
  • Nîmes
La lettre

Ma chère fille,

Avant tout ne donnez pas votre démission. Ce serait folie. Une Congrégation n’est pas un gouvernement constitutionnel. De grâce, restez. L’évêque a appelé tous les procédés dont on use une infamie, mais il faut savoir résister par la patience. L’archevêque doit voir qu’à la fin il y a un abus de pouvoir par trop exorbitant(1). Donc il donnera raison tôt ou tard à qui de droit. Figurez-vous que la lettre de l’archevêché pour Saint-Maur a été adressée à Chaillot, et non à la supérieure ou à Svegliati qui en est très courroucé(2).

Plus j’y pense, plus je suis convaincu que vous devez demander l’érection de deux noviciats, et, à votre place, je me dépêcherais de faire ma demande. Lyon ou Nîmes, c’est le mieux, et plutôt Lyon que Nîmes. Vous pourriez aussi prendre Bordeaux. Si vous n’avez pas loué l’ancien bâtiment, je vous conjure d’y réfléchir.

Soeur Marie du Saint-Sacrement nous a fait un de ces coups, comme elle en fait quelquefois, d’après ce que vous m’avez dit. Me laissez-vous la Mère M.-Madeleine? Je le désirerais bien.

Adieu, ma chère fille. Je prie et fais prier pour vous. Je demande à Dieu que vos forces physiques se soutiennent. Au fond, cette épreuve rendra la supérieure plus sainte et la Congrégation plus fervente. Des misères seront coupées à la racine, les mauvaises têtes mises à leur place, le gouvernement sera plus expérimenté et Dieu glorifié, croyez-le bien. La Mère M.-Gonzague fait l’admiration de Soeur M.-Gabrielle par l’énergie de ses lettres(3).

Mille fois vôtre, ma fille.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Le P. Picard croit devoir renoncer à venir à Nîmes. Au fait, si la santé de l'évêque m'empêchait d'aller à Rome, il faudrait le réserver pour ce voyage. Je ne vous demande plus de me délivrer de Soeur M. du Sacré-Coeur; je la préfère à Nîmes plutôt qu'à Auteuil. Nous la supporterons, mais vous devriez bien nous laisser Soeur Jeanne-Marie. Je vous quitte pour l'office.1. La veille, Mère M.-Eugénie avait écrit au P. d'Alzon qu'elle était obligée d'envisager sa démission "seule ressource qui nous reste si l'on me rend le gouvernement de la congrégation impossible". En effet les exigences de l'abbé Véron, notamment en ce qui regarde les "obédiences", dépassent toutes les bornes, et ses procédés despotiques ("le pacha Véron", dit de lui dans une lettre au P. d'Alzon l'abbé de Serres de Lyon) deviennent intolérables. Mère M.-Eugénie a d'ailleurs écrit à Mgr Darboy, le 23 septembre, pour lui expliquer dans quel embarras elle se trouve par suite de la prétention de M. Véron de contrôler la mutation des religieuses, au moins au départ de Paris. Cette démarche n'eut pas l'heur de plaire au supérieur ecclésiastique qui le fit bien sentir à Mère M.-Eugénie lors de sa visite du 22 septembre (2 TE1, pp.117-125). Le 27 septembre, après avoir raconté la scène au P. d'Alzon, elle écrit cependant : "il s'est apaisé et je crois qu'il en avait reçu l'*ordre*".
2. L'avis que Mgr Darboy devait adresser à la Congrégation des Evêques et Réguliers au sujet de la congrégation de Saint-Maur a été transmis à Mgr Chaillot qui est tout acquis à l'archevêque de Paris, et non à la supérieure générale, Mme de Faudoas [l'édition - t.VI, p.150 - a *Fandoux*], ou au prosecrétaire, Mgr Svegliati.
3. Mère M.-Gonzague est supérieure à Bordeaux et Mère M.-Gabrielle à Nîmes.