DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 163

9 nov 1866 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Je ne puis me rendre à Lyon. – Le P. Vincent de Paul est à vos ordres. – Votre lettre à l’archevêque est parfaite et doit conclure votre justification. – Le séjour à Auteuil étant devenu impossible, visitez vos maisons. – Pendant ce temps, un travail se fera à Auteuil, et de tout ceci résultera la nécessité de déterminer que la supérieure générale en tant que telle dépend immédiatement du Saint-Siège. – Ne venez pas ici tout de suite.

Informations générales
  • DR06_163
  • 2903
  • DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 163
  • Orig.ms. ACR, AD 1424; D'A., T. D. 23, n. 900, pp. 229-230.
Informations détaillées
  • 1 COMMUNAUTE RELIGIEUSE
    1 CONSTITUTIONS DES RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 ERECTION DE MAISON
    1 MEMOIRE
    1 NOMINATIONS
    1 PREDICATION DE RETRAITES
    1 PRIEURE DE NIMES
    1 PRUDENCE
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 SAINT-SIEGE
    1 SUPERIEUR ECCLESIASTIQUE
    1 SUPERIEURE
    1 SUPERIEURE GENERALE
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 BONALD, LOUIS-JACQUES-MAURICE DE
    2 DARBOY, GEORGES
    2 SERRES, LOUIS-AMBROISE-GUSTAVE DE
    2 TOUJOUZE, THERESE-MAYLIS
    2 VANDERBRULE, MARIE-JOSEPH
    2 VERON, PAUL
    3 AUTEUIL
    3 BORDEAUX
    3 LYON
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 ROME
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, 9 nov[embre 18]66.
  • 9 nov 1866
  • Nîmes
La lettre

Ma chère fille,

Un détail de santé m’empêche de venir à Lyon aujourd’hui(1). Lundi j’ai l’adoration à l’Assomption, mardi une retraite(2). Je ne suis libre que le 23, car j’ai pris jour pour le 22 avec plusieurs personnes. Mais si vous ne pouvez venir, le P. V[incent] de P[aul] est tout à vos ordres, soit pour aller vous trouver, soit pour aller à R[ome]. Que je vous plains, ma chère fille, et que je prie pour vous!

Votre lettre à l’archevêque me semble parfaite et doit être la dernière pièce du Mémoire(3). Mon opinion est que vous devez conclure là votre justification. Le P. Vincent de Paul partant avec ce Mémoire, une supérieure particulière nommée à Paris, vous déclarant qu’il est impossible de rester à Auteuil en face de Soeur M.-Joseph, ou l’on cédera à l’archevêché ou vous aurez le droit et de vous tenir loin et de demander l’érection d’un second noviciat. Votre absence de Paris ne m’effraie pas outre mesure. Plusieurs fondateurs se sont trouvés en situation semblable. M. Véron voudrait-il par hasard vous empêcher de visiter vos maisons? Ceci passerait toute permission. Faites donc vos visites, mettant du temps partout.

Pendant ce temps il se fera un travail à Auteuil. Vous comprenez que la vie n’y sera pas douce par la force des choses, et, quant à moi, je prévois que Soeur M.-Joseph ne sera pas renvoyée, mais demandera de sortir(4), et après elle quelques autres. Ce sera impossible autrement. Quant à une nouvelle modification de vos règles dans le sens V[éron], je n’en ai pas la moindre peur. Il est évident que de tout ceci il résultera un bien, c’est qu’il faudra mettre dans vos règles que la supérieure g[énéra]le dépendant comme religieuse de tous les évêques, dans les diocèses de qui elle réside pour les maisons qu’elle visite ou dans lesquels elle séjourne, comme supérieure g[énéra]le relève immédiatement du Saint-Siège, afin d’éviter les ennuis qu’elle aurait avec l’évêque de la maison particulière, si celui-ci voulait à propos de cette maison trop peser sur le gouvernement général. Je suis sûr que dans les circonstances présentes cela sera parfaitement compris à Rome.

Je crois que, pour revenir au Mémoire, il est très utile de le dater de Lyon(5). Le P. V[incent] de P[aul] dira que vous vous y êtes retirée, votre séjour à Paris étant impossible. Adieu, ma chère fille. Croyez que je pense sans cesse à vos préoccupations si douloureuses, bien que la position me semble toujours excellente.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Je crois qu'il serait imprudent que vous vinssiez ici immédiatement, mais après quelques jours passés à Lyon, rien ne peut l'empêcher(6). Il est étonnant comme une certaine lenteur me semble indispensable.1. Mère M.-Eugénie était arrivée à Lyon le 7 novembre au soir et désirait voir le P. d'Alzon afin d'arrêter avec lui ce qu'elle devait demander au cardinal de Bonald, archevêque de Lyon, concerné lui aussi par l'affaire Véron, puisqu'il avait une communauté de Religieuses de l'Assomption dans son diocèse.
2. Le mardi 13, commence la retraite aux Enfants de Marie du Prieuré de Nîmes. Elle doit durer jusqu'au 21.
3. Il s'agit de la lettre du 6 novembre à Mgr Darboy. M. Véron l'ayant obligée à rappeler Soeur M.-Joseph de Bordeaux, Mère M.-Eugénie annonce qu'elle va s'absenter pour s'occuper de celles des maisons de province qui peuvent avoir besoin de sa présence. De cette façon elle échappera à "ce qu'il y a de faux dans la position d'une Supérieure générale vis-à-vis d'une fille peu vertueuse qu'on lui a ôté le droit de gouverner", de même qu'aux emportements prévisibles de M. Véron. - M. Véron avait reproché à Mère M.-Eugénie d'avoir envoyé cette religieuse à Bordeaux "d'une manière subreptice et contraire aux lois de la discipline religieuse" (29 octobre). Aux protestations de Mère M.-Eugénie datées du 1er novembre, il avait répondu le lendemain par une lettre plus violente encore.
4. Elle resta dans la congrégation et y mourut centenaire en 1938.
5. Les copies que nous avons entre les mains ne comportent ni date, ni destinataire, ni signatures, mais un exemplaire de ce Mémoire conservé à Auteuil porte la mention suivante: "Nous certifions que les lettres rapportées dans ce Mémoire sont parfaitement conformes aux originaux déposés à l'archevêché de Lyon, ainsi que les discours, conversations qui ont été entendus et recueillis par plusieurs religieuses, qui ont attesté l'authenticité par leur signature. Lyon, à l'archevêché, 18 novembre 1866. de Serres, vic. gén." (communication de Soeur Thérèse Maylis, archiv. de la congrégation des Religieuses de l'Assomption).
6. Mère M.-Eugénie quitta Lyon pour Nîmes le 11 novembre et y rentra le 14. Le 16, elle écrivit au P. d'Alzon: "J'ai fait un fameux sacrifice de ne pas rester à entendre vos sermons. Le premier m'avait donné bien envie de profiter des autres." Mère M.-Eugénie a donc assisté le 13 au prieuré à l'ouverture de la retraite aux Enfants de Marie.