DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 175

23 nov 1866 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Mes craintes étaient vaines et j’en suis heureux, mais je tremble toujours. – Le plus pressé, c’est l’approbation. – Faites-moi copier vos constitutions. – Chaillot. – Soeur Jeanne-Marie.

Informations générales
  • DR06_175
  • 2915
  • DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 175
  • Orig.ms. ACR, AD 1429; D'A., T.D. 23, n. 906, pp. 235-236.
Informations détaillées
  • 1 COLLEGE DE NIMES
    1 CONGREGATION DES EVEQUES ET REGULIERS
    1 CONSTITUTIONS DES RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 INJURES
    1 MENSONGE
    1 ORGUEIL
    1 PRESSE REVOLUTIONNAIRE
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 CHAILLOT, LUDOVIC
    2 DARBOY, GEORGES
    2 DEPLACE, CHARLES
    2 DU LAC, JEAN-MELCHIOR
    2 PELERIN, PAUL DE
    2 PEROUSE, JEANNE-MARIE
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 PITRA, JEAN-BAPTISTE
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 VANDERBRULE, MARIE-JOSEPH
    2 VERON, PAUL
    3 AUTEUIL
    3 BORDEAUX
    3 CARPENTRAS
    3 LARGENTIERE
    3 PARIS
    3 ROME
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, 23 nov[embre 18]66.
  • 23 nov 1866
  • Nîmes
La lettre

Je reçois votre lettre, ma fille, et je vous félicite bien sincèrement de ce que mes craintes ne se sont pas réalisées(1). Quant à moi pourtant, je tremble toujours. On veut dominer, on dominera, écrasant ce qui est au-dessous. Vous m’écriviez: « Ils mentiront(2) ». Croyez-vous que ce ne soit pas fait? En quoi êtes-vous une malhonnête femme(3)? Le plus pressé, c’est l’approbation. Pourriez-vous me faire envoyer le plus tôt possible copie de vos statuts approuvés par le gouvernement? L’évêque a la copie de vos Constitutions. Faites-les moi, je vous prie, copier en laissant une feuille blanche à chaque page. Il serait plus commode d’avoir un cahier relié. Quant à l’approbation de ces Constitutions, cela viendra plus tard, mais répétez bien que vous êtes sous la juridiction de la Sacrée Congrégation.

Du Lac m’en écrit de belles sur Chaillot, avec qui du reste il est brouillé. Le c[ardinal] Pitra est aussi furieux contre lui. Les journaux révolutionnaires en font l’éloge(4).

Paul de Pélerin(5) sort de chez moi, mais il ne m’a pas dit un mot des affaires de Soeur Jeanne-Marie; je ne lui en ai rien dit, non plus.

Adieu, ma bien chère fille. J’ai un peu mal à la tête et je m’arrête. Hélas! votre pauvre tête à vous a eu bien des tracas. Le P. Picard a dû vous dire mon opinion sur certains points de vos Constitutions, que les épreuves actuelles doivent vous faire bien préciser.

Mille fois vôtre, ma chère fille.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Deux heures après l'arrivée de Mère M.-Eugénie à Auteuil, le 22 novembre au matin, M. Deplace est venu de l'archevêché annoncer que l'acte prévu pour le lendemain était suspendu. M. Véron ne demandait plus qu'une chose, que la Soeur M.-Joseph revînt de Bordeaux. Dans ces conditions, on s'abstiendrait désormais de toutes autres démarches que celles qui avaient pour but l'approbation (lettre de Mère M.-Eugénie du 22 novembre). Aussi le P. Bailly avait-il été averti le jour même par télégramme de "tout arrêter, rien communiquer jusqu'à lettre de moi".
2. Dans sa lettre du 19 novembre.
3. Accusation portée contre Mère M.-Eugénie par l'archevêque lui-même devant l'abbé Deplace (lettre de Mère M.-Eugénie du 22 novembre).
4. "Le cardinal Pitra se plaint beaucoup de tous les mauvais tours qu'il joue aux réguliers [...] et je n'ai pas été peu surpris de [...] trouver son éloge dans je ne sais plus quel journal révolutionnaire italien" (Du Lac, 21 novembre). - Ecrivant de Rome au P. d'Alzon le 27 novembre, le P. Bailly sera beaucoup moins sévère sur le compte de Mgr Chaillot. Certes, ce dernier a ramené de Paris une grande admiration pour l'archevêque et pour M. Véron, mais de l'avis du P. Bailly, c'est la naïveté qui lui fait commettre bien des bévues.
5. Ancien élève du collège de l'Assomption. Substitut du procureur impérial à Carpentras, il devint en 1867 procureur impérial à Largentière (Ardèche).