DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 236

11 apr 1867 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Dieu veut que nous enlevions de nos vertus tout élément humain. – Vous et moi devons tendre vers une grande préoccupation de Dieu. – L’amour de l’Eglise, de N.-S. voilà la préoccupation où s’épureront foi, espérance et charité. – La méditation de la Passion. – Je crains que vous ne succombiez à ce que vous faites. – Le christ offert à Monseigneur.

Informations générales
  • DR06_236
  • 2985
  • DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 236
  • Orig.ms. ACR, AD 235; D'A., T.D. 23, n. 922, pp. 248-249.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DU CHRIST
    1 CAREME
    1 CHARITE THEOLOGALE
    1 CRAINTE
    1 CRUCIFIX
    1 EPREUVES SPIRITUELLES
    1 ESPERANCE
    1 EVEQUE ORDINAIRE DU DIOCESE
    1 FOI
    1 PASSION DE JESUS-CHRIST
    1 PREDICATION DE RETRAITES
    1 PREDICATIONS DE CAREME
    1 PURIFICATION
    1 SERVICE DE L'EGLISE
    1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
    1 SOUSCRIPTION
    1 VERTUS
    1 VIE DE PRIERE
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    1 ZELE APOSTOLIQUE
    2 COURCY, MARIE-GABRIELLE DE
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 REGIS, EULALIE DE
    3 MARSEILLE
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, 11 avril 1867.
  • 11 apr 1867
  • Nîmes
  • Evêché|de Nîmes
La lettre

Je reviens, ma chère fille, à votre lettre du 8. Vous avez été, me dites-vous, au commencement du Carême comme sans foi, sans espérance, sans amour. Mais cela ne viendrait-il pas de ce que Notre-Seigneur veut transformer en vous ces vertus? Je vous disais, hier, que la seule terreur de Mlle de Régis était le sentiment de la pureté de Dieu. En effet, toutes nos vertus sont si pleines d’alliage. Il faut les renouveler, en séparer tout élément inférieur, y faire triompher l’élément divin, et, de l’élément humain, rien que ce qui est nécessaire pour la sainteté d’une volonté très pure et d’un amour très ardent. Or, vous le savez mieux que moi, tout cela ne s’acquiert que par la souffrance et une certaine destruction de toutes les misères que nous mêlons au peu de bien dont nous sommes capables. Je crois que nous devons tendre à simplifier notre vie.

J’écris au P. Picard pour lui dire que j’ai grande envie de renoncer à un carême promis à Marseille, ainsi qu’aux retraites pastorales. J’en ai deux pour cette année, mais j’ai envie de les supprimer. Je me sens poussé à m’occuper de moi et des vocations de nos jeunes gens. Il me semble qu’avec de la prière et du zèle on peut en trouver. Or, il me semble que vous êtes dans une situation tout à fait analogue. Dieu veut que vous vous déchargiez de bien des choses et que vous vous occupiez plus rapidement des affaires, afin de vous occuper davantage de lui. C’est une grande préoccupation de Dieu, vers laquelle, ce me semble, vous et moi devons tendre. L’amour de l’Eglise, de Notre-Seigneur, voilà la préoccupation, où la foi, l’espérance, la charité s’épureront et se transformeront.

Je suis bien aise que, sans nous être entendus, la méditation de la Passion vous ait fait du bien, comme à moi(1). Chez moi, il est vrai, c’est moins la pensée des détails que le sentiment de l’ensemble de Jésus souffrant qui m’a fait du bien. Je vous avoue que, sous ce rapport, ce carême m’a été utile, et je n’ai qu’un regret, c’est de n’en avoir pas mieux profité.

Je désire vous savoir bien portante; je crains que vous ne succombiez à ce que vous faites. Nous nous préparons à offrir à Monseigneur un christ de 4.500 francs. Voulez-vous y joindre votre souscription personnelle? Peut-être sera- ce d’un bon effet. Peu importe ce que l’on offre, les noms seuls lui seront présentés. J’ai autre chose à vous dire, mais le temps me manque. Soeur M.-Gabrielle est bien fatiguée de ses dents. Ne la laissez pas se tuer.

Mille fois vôtre, ma fille.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Je me suis résolue il y a quelque temps de détourner les yeux de cette terrible grandeur et sainteté de Dieu [...] et de n'adorer quelque temps que mon Dieu *Sauveur*. En méditant ainsi la passion de N.S. j'ai fini par trouver un grand bien, et c'est par là que je crois être mieux, c'est que je sens plus le trésor que j'ai en J.C. souffrant pour moi. La confiance, l'amour me reviennent là, et depuis un peu de temps j'ai souvent été très unie dans l'oraison au Coeur aimant de N.S. Je lui demande de se répandre en moi pour me donner sa patience, son obéissance, son amour, et la disposition de souffrir parfaitement pour lui tout ce qu'il m'enverra et je m'appuie sur la Croix de N.S. d'une façon que je n'avais pas comprise, avec une espérance plus intime et plus forte, puisée dans l'amour de Jésus pour mon âme et dans l'infinie richesse de son offrande." (Mère M.-Eugénie au P. d'Alzon, 8 avril).