DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 245

13 may 1867 Le Vigan CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Demandez à Dieu de vous faire comprendre quand vous devez manifester votre désir de vous consacrer à lui. – Je voudrais votre avis sur une maison pour les Oblates et sur les Soeurs à envoyer à Andrinople dans dix-huit mois. – Vous devez quitter les vôtres dans les meilleurs termes. – Etudes. – D’ici à la Pentecôte, la lumière se fera sans doute.

Informations générales
  • DR06_245
  • 2995
  • DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 245
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 404; D'A., T.D. 29, n. 70, pp. 78-80; QUENARD, pp. 56-59.
Informations détaillées
  • 1 CADRE DE LA VIE RELIGIEUSE
    1 CATECHISME
    1 CHOIX
    1 CO-FONDATRICE DES OBLATES
    1 COMPTABILITE
    1 CONCILE DE TRENTE
    1 CONTRAT D'ACHAT
    1 DECISIONS DU CHAPITRE
    1 ENSEIGNEMENT DE LA LITTERATURE
    1 GRAVITE
    1 HISTOIRE DE L'EGLISE
    1 IMMEUBLES
    1 IMPRESSION
    1 LUTTE CONTRE LE MONDE
    1 MISSION DE BULGARIE
    1 NOVICIAT
    1 OBLATES
    1 PARENTE
    1 PREMIERS RUDIMENTS
    1 SAINT-ESPRIT
    1 SUPERIEURE
    1 TIERS-ORDRE FEMININ
    1 TRAVAIL DE L'ETUDE
    1 VETEMENT
    1 VOEUX DE RELIGION
    2 ARNAL DU CUREL, MADAME
    2 BALMELLE, COLOMBE
    2 BERNASSAU, MARGUERITE
    2 BRUN-VILLARET, FELICITE
    2 CHAUDORDY, ANGELINA
    2 COMTE, ANTOINE-THEODORE
    2 CORRENSON, AUGUSTINE
    2 CORRENSON, HENRI
    2 CORRENSON, MADAME CHARLES-LOUIS
    2 COULOMB, LOUISE
    2 DALMIER, NATHALIE
    2 DAMENNE, LOUISE
    2 EVERLANGE, MARIE-EMMANUEL D'
    2 MERIGNARGUES, ISABELLE DE
    2 PETER, MARIE-MADELEINE DE
    2 REGIS, EULALIE DE
    2 SALZE, THERESE
    2 SARRAN, VALERIE
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    2 VILLARET, VERONIQUE
    3 ANDRINOPLE
    3 NIMES
    3 ROCHEBELLE, FAUBOURG DU VIGAN
    3 VIGAN, LE
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Le Vigan, 13 mai [18]67.
  • 13 may 1867
  • Le Vigan
La lettre

J’aurai, je l’espère, une lettre de vous, ma chère petite Mère, avant trois heures, mais je veux vous dire combien il importe que vous demandiez à Dieu de vous faire comprendre quand vous devez manifester votre dessein de vous consacrer à lui. Il y a des décisions à prendre, sur lesquelles je tiendrais à vous consulter. Par exemple, on me propose d’acheter pour les Oblates une maison qui serait seulement trop belle, mais qui se donnerait à si bon marché que ce serait réellement une affaire d’or. Le P.Hip[polyte] y pousse, Mme Arnal m’en parle depuis 18 mois. Après avoir hésité, je crois bien qu’il faudra en finir par là; pourtant je voudrais votre avis. Je voudrais bien qu’il vous fût possible de faire, dans le courant de l’été, un voyage pour voir de cette maison ce qu’il vous serait possible d’en visiter, afin de prendre ensuite un parti.

Autre chose, il faut préparer de loin les Oblates qui dans dix-huit mois partiront pour Andrinople. J’en voudrais prendre sept, si c’était possible. Je voudrais appeler à Nîmes celle qui devra être supérieure, mais je voudrais vous consulter sur tout cela, et, quoique vous ne connaissiez pas encore bien ces novices de Rochebelle, il me paraît important que vous ayez sur une aussi grave question votre voix au chapitre.

Jusqu’à présent mon choix pour la supérieure d’Andrinople est fixé sur Soeur Valérie, fille que la Mère M.-Madeleine aimait beaucoup, que Soeur M.-Emmanuel aime moins; mais ce qui prouve qu’elle sait commander, c’est qu’elle a été contre-maîtresse pendant trois ans dans des filatures, et elle est entrée à Rochebelle à 20 ans. On vient de lui donner la direction du travail des vers à soie. C’est là que je l’observe. Elle est sérieuse, très pieuse, très laborieuse, intelligente et a une bonne santé, mais je voudrais que vous eussiez pu la voir. Je la ferai venir à Nîmes, mais vous ne pourrez pas comparer avec Soeur Louise, Soeur Marguerite et Soeur Colombe, qui me donnent aussi à réfléchir. Je ne parle pas de Soeur Véronique, dont la santé est bien rétablie, mais que nous ne pouvons envoyer de longtemps loin du Vigan. Il me semble qu’il faut réserver Soeur Thérèse pour supérieure à Nîmes, au défaut de Soeur Nathalie. Soeur Félicité est venue me faire toutes ses excuses de sa conduite à Nîmes, et me dire combien elle désirerait y retourner.

Soeur M.-Em[manuel], après avoir été très majestueuse, est devenue de l’amabilité la plus parfaite et ne redoute qu’une chose, d’avoir à quitter Le Vigan. Le P. Hippolyte rentre et m’annonce que la plupart de nos vers à soie sont perdus. A la garde de Dieu! Mais j’en reviens à vous.

Il me paraît de plus en plus nécessaire que vous preniez la place que vous devez occuper un jour; seulement, je prie Dieu de nous faire comprendre quand vous devrez vous déclarer.

Votre lettre m’arrive. J’y réfléchis bien. Je crois que vous devez quitter les vôtres dans les meilleurs termes et je crois la chose possible. Il me semble qu’en lançant de temps en temps un mot qui fera réfléchir, vous préparerez le grand coup. Nous verrons si je ne devrais pas parler à Mme votre mère ou à M. Conte. Il me semble impossible que Dieu ne fasse pas tourner les choses pour le mieux, quand le moment sera venu. Je ne pense pas qu’Henri fût retiré, mais quand même? Ou on le mettrait dans une maison chrétienne, et son coeur resterait bon; ou on le placerait dans un lycée, et je crois bien qu’il n’y resterait pas. Le meilleur est de mettre toutes les formes possibles de l’affection et du respect, de votre côté. Allez plus lentement, mais avancez.

Vous avez, si votre santé vous le permet, à vous occuper d’études: 1° le catéchisme du concile de Trente; 2° un peu d’histoire ecclésiastique; 3° de la grammaire; 4° un peu d’arithmétique et de tenue des livres. Voyez-vous toute la besogne que je vous donne!

Vous pouvez, il me semble, donner tous les jours un peu plus à connaître votre projet, soit par votre sérieux, soit par les impressions que vous a produites la mort de Mlle de Régis et dont vous parlerez, soit par la sévérité que vous apporterez de plus en plus à votre toilette.

Prions, prions beaucoup. Il me semble que d’ici à Pentecôte la lumière se fera pour vous et les vôtres(1). Le P. Hippolyte et Madame Arnal étaient dans mon cabinet quand votre lettre est arrivée; je leur ai fait votre commission.

Adieu, ma chère enfant. Mille bonjours à Augustine. Isabelle doit être à Avignon. Angélina m’écrit pour me demander de faire partie du Tiers-Ordre(2). Prévenez-en Louise Coulomb.

Mille et mille fois vôtre.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Et que vous pourrez les quitter dans les meilleurs termes. - La Pentecôte tombait le 9 juin cette année-là.
2. Augustine Correnson, Isabelle de Mérignargues, Angélina Chaudordy.