DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 252

16 may 1867 Le Vigan GERMER_DURAND_CECILE

Les ravages de la grêle. – Je suis content des Oblates. – Votre mari ne va pas mal. – Angélina.

Informations générales
  • DR06_252
  • 3001
  • DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 252
  • Orig.ms. ACR, AL 158; D'A., T.D. 34, n. 124, pp. 263-264.
Informations détaillées
  • 1 DEFICITS
    1 ENERGIE
    1 INTEMPERIES
    1 MOINES
    1 OBLATES
    1 TRAVAIL MANUEL
    1 VACHES
    2 CHAUDORDY, ANGELINA
    2 GERMER-DURAND, EUGENE
    2 RAYNAUD, DAMES
    3 CAISSARGUES
    3 NIMES
  • A MADAME CECILE GERMER-DURAND
  • GERMER_DURAND_CECILE
  • Le Vigan, 16 mai [18]67.
  • 16 may 1867
  • Le Vigan
La lettre

Ma chère fille,

Merci de tous les détails que vous me donnez. Ici, nous avons eu aussi notre orage, mais un orage de grêle, tel que tout est abîmé. On ne sait plus où prendre de la feuille. Les prés sont hachés, les jardins dévastés comme si un régiment de cavalerie les eût traversés au galop. Ne parlons pas des vignes et des fruits; tout cela a disparu – pas plus que sur ma main. Aussi, me suis-je mis au travail des mains comme les moines; j’ai ramassé trois fagots de branches de mûrier. Les Pères en font autant. Qui sait si la grêle ne nous aura pas fait comprendre l’utilité des occupations manuelles? Ma pauvre échine pourtant, après trois quarts d’heure, a fini par demander grâce.

Les Oblates vont bien, et j’en suis content, mais avec notre ruine de quoi vivront-elles? Elles travailleront un peu plus. Toutefois nous avons eu une consolation, notre vache bretonne, qui est de couleur Oblate, c’est-à-dire blanche et noire, nous a donné un veau couleur Augustin, c’est-à-dire tout noir. Ce m’est une douceur de contempler ce jeune prétendant au noviciat, du moins par la robe.

Votre mari ne va pas mal. Il se croyait après-midi menacé d’une migraine, mais comme je finissais de ramasser mes fagots, il est venu, en allant prendre son lait(1), me reprocher de préférer m’occuper de mes petites bûches à la visite des Dames Raynaud qui sortaient de chez moi. En ramassant ma dernière branche, j’ai pensé que la Providence venait de m’encourager à la vie des champs.

Si vous voyez Angélina(2), demandez-lui si elle a reçu ma lettre que je lui ai écrite lundi et qu’elle a dû avoir entre les mains, au moment où vous retourniez de Caissargues à Nîmes. Je l’encourage à un peu d’énergie et à ne pas reculer d’une semelle, quand une fois elle a fait un pas en avant.

Adieu, ma chère fille. Mille fois vôtre en N.-S.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. "Nous allons deux fois par jour prendre le lait à la ferme et voir les *magnans*, puis en revenant nous faisons un tour dans les prés", écrivait le 9 mai M. Germer-Durand à sa femme. Hélas, depuis lors il n'y a plus à surveiller les magnans, les vers à soie, car il est clair désormais qu'ils ne donneront rien (voir *Lettre* 2996 et les larmes des Oblates).
2. Chaudordy.