DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 257

18 may 1867 Le Vigan CHAUDORDY_ANGELINA

Vous êtes capable de devenir parfaite et vous y êtes appelée dans l’humilité, l’obéissance, la prière, la pénitence et l’amour. – Travail et esprit de pauvreté. – Laissez-vous porter à tout ce que Dieu veut. – Occupez-vous beaucoup des Oblates à Nîmes.

Informations générales
  • DR06_257
  • 3005
  • DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 257
  • Orig.ms. ACR, AM 50; D'A., T.D. 37, n. 15, pp. 26-27.
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 ENFANTEMENT DES AMES
    1 EXERCICE DE L'OBEISSANCE
    1 FRANCHISE
    1 HUMILITE
    1 LUTTE CONTRE LA TENTATION
    1 MORTIFICATION
    1 OBLATES
    1 PROGRES DANS LA VIE SPIRITUELLE
    1 RESPONSABILITE
    1 SEVERITE
    1 TRAVAIL
    1 VERTU DE PAUVRETE
    1 VERTU DE PENITENCE
    1 VIE DE PRIERE
    1 VIE SPIRITUELLE
    2 CHAUDORDY, NOEMI
    2 CHAUDORDY, VALENTINE
    3 NIMES
  • A MADEMOISELLE ANGELINA CHAUDORDY
  • CHAUDORDY_ANGELINA
  • Le Vigan, 18 mai 1867.
  • 18 may 1867
  • Le Vigan
  • *Mademoiselle Angélina Chaudordy*.
La lettre

Puisque vous êtes contente de ma lettre, ma chère enfant, il faut que je continue à vous dire ce que je pense. Quelque humiliée que vous ayez été du portrait que je vous ai fait de votre chère petite personne, vous avez dû remarquer deux choses: d’abord, que je vous crois très capable de devenir parfaite, quand vous le voudrez énergiquement(1); ensuite, qu’après tout si sous ma rudesse il n’y avait pour vous une profonde affection, je ne me serais pas occupé de vous comme je l’ai fait, surtout lorsque pendant longtemps il a fallu aller au-devant de quelqu’un, très intéressant sans doute, mais qui n’y mettait pas beaucoup du sien. Mais ce n’est pas là où je veux venir.

Comprenez-vous bien ce que vous me dites, quand vous me demandez d’être entièrement le père de votre âme? Certes, ce titre m’impose des devoirs et je les accepte avec bonheur, mais il vous en impose aussi et de très grands. Une nouvelle vie doit commencer pour vous. A quoi bon ces rapports plus intimes, si vous ne devez pas devenir une sainte? Mais alors, ma fille, n’est-ce pas indispensable de profiter de ce que ma correspondance a pu vous faire de bien, pour vous décider à laisser vos habitudes de mutisme? Je vous le demande à deux titres: comme le père de votre âme, pour ce qui me concerne, et, de votre côté, comme preuve de sincérité à avancer. Je n’ose pas ajouter que, puisque vous voulez faire pénitence, voilà tout d’abord une excellente mortification. Mais ne revenons plus là-dessus, puisque j’espère que c’est une chose convenue et que désormais vous me parlerez comme tout le monde.

Puisqu’il faut vous parler carrément, eh bien, attaquons votre paresse et qu’il soit convenu que vous vous souviendrez un peu plus de la punition du péché : « Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front »; rien n’est plus pénitent que le travail, surtout quand il est accompagné de l’esprit de pauvreté. Je crois que ce sont choses auxquelles vous vous connaissez peu jusques à présent. Souvenez-vous de ce que je vous ai dit bien souvent, que je ne vous crois pas appelée à une vie très active, mais à une vie très parfaite dans l’humilité, l’obéissance, la prière, la pénitence et l’amour. Vous êtes faible, vous avez besoin d’être portée. Le père de votre âme se charge de cette mission avec bonheur, mais il faut que vous vouliez vous laisser porter à tout ce que Dieu veut, et il veut énormément de vous.

Les Oblates vont bien. Occupez-vous beaucoup d’elles à Nîmes, je vous en prie. Adieu, mon enfant. Mille choses aimables à vos soeurs(2). Ce que je disais à Valentine est chez moi une profonde conviction. Qu’elle ne l’oublie pas.

Je suis à vous, ma chère enfant, et en N.S. avec toute la tendresse du vrai père de votre âme.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Le 1er juin à la réunion du Tiers-Ordre des dames, le P. d'Alzon proposera Angélina comme postulante, et elle sera admise à l'unanimité (CE 24, pp. 20-21).
2. Valentine et Noémi.