DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 277

3 jul 1867 Le Vigan MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Nous pourrions partir ensemble le 1er août. – Un legs de Mlle de Régis. – Le Dr Pleindoux est furieux. – L’état présent de l’Eglise. – Marie Correnson s’est posée ici admirablement. – M. de Saint-Priest. – Je compte toujours sur la Mère Marie-Madeleine. – Soeur M.-Emmanuel.

Informations générales
  • DR06_277
  • 3031
  • DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 277
  • Orig.ms. ACR, AD 1439; D'A., T.D. 23, n. 930, pp. 254-256.
Informations détaillées
  • 1 AFFRANCHISSEMENT SPIRITUEL
    1 AUTORITE DE L'EGLISE
    1 AUTORITE PAPALE
    1 CAUSE DE L'EGLISE
    1 CO-FONDATRICE DES OBLATES
    1 CONCILE DU VATICAN
    1 CONCILE OECUMENIQUE
    1 INFAILLIBILITE PONTIFICALE
    1 LACHETE
    1 LEGS
    1 MISSION DE BULGARIE
    1 POUVOIR TEMPOREL DU PAPE
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 REVOLUTION ADVERSAIRE
    1 SAINT-ESPRIT
    1 SAINT-SIEGE
    1 SAINTS
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    1 VOYAGES
    2 ARNAL DU CUREL, MADAME
    2 CORRENSON, EMMANUEL-MARIE
    2 EVERLANGE, MARIE-EMMANUEL D'
    2 MERODE, XAVIER DE
    2 PETER, MARIE-MADELEINE DE
    2 PIE IX
    2 PLEINDOUX, AUGUSTIN
    2 REGIS, EULALIE DE
    2 ROBERNIER, MARIE-CHARLOTTE DE
    2 SAINT-PRIEST, CHARLES DE
    2 THIERS, ADOLPHE
    3 ANGLETERRE
    3 AUTRICHE
    3 ETATS-UNIS
    3 FRANCE
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 PRUSSE
    3 ROCHEBELLE, FAUBOURG DU VIGAN
    3 ROME
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Le Vigan, 3 juillet [18]67.
  • 3 jul 1867
  • Le Vigan
La lettre

Ma chère fille,

Il me semble que si vous ne devez pas partir avant moi, le meilleur sera que nous partions ensemble de Paris, le 1er août(1). Vous me ferez voir ce que vous voudrez, à moins que ce ne soit pour le retour. Je pars de Nîmes le 31, je suis à Paris le 1er. Partez de cette idée, à moins toutefois que les 19.000 francs que Mlle de Régis me laisse pour les missions de la Bulgarie ne me soient pas versés, car dans ce cas je suis réduit à rester à Nîmes.

Veuillez dire à Soeur M.-Charlotte que je dirai, un de ces jours, la messe pour elle. Le Dr Pleindoux est furieux(2), mais il a peu d’influence et se protestantise tous les jours un peu plus.

Voici mon appréciation sur l’état présent de l’Eglise. La puissance morale du Saint-Siège est allée sans cesse s’augmentant. Les nominations épiscopales que l’on fait mettront les peuples en défiance. D’autre part, plus le pouvoir temporel sera affaibli, plus l’Eglise aura le droit se renfermant dans la sacristie, comme l’on dit, de traiter les questions d’ordre purement spirituel, par conséquent de définir l’infaillibilité du Pape, qui eût rencontré de bien autres difficultés, quand les princes avaient plus de relations avec l’Eglise. Ce ne sera ni l’Autriche, ni la Prusse, ni l’Angleterre, ni les Etats-Unis qui pourront dans l’état actuel s’opposer à cette définition. Ce serait la France tout au plus. Mais la France n’ayant plus ses troupes à Rome et ne se posant plus nulle part comme puissance catholique, malgré tous les désirs de M. Thiers, personne ne pourra empêcher le torrent du Saint-Esprit de fondre sur les membres du concile. Les catholiques applaudiront, mais l’infaillibilité définie, c’est alors que les conciles seront inutiles, que la puissance du Pape se transformera aux yeux du monde entier; et si Dieu veut nous donner encore quelques beaux jours, c’est alors que nous en serons les témoins. Je redoute de grands malheurs révolutionnaires, mais je salue la génération des saints qui se prépare et qui sera formée surtout par ceux qui ont été le plus dévoués à la cause de l’Eglise.

Marie Correnson s’est posée ici admirablement. Il est possible que nous ayons à Rochebelle la soeur d’un médecin qui a cinquante ans, que je connais depuis dix ans pour une excellente personne. Sa soeur est visitandine; elle pourrait elle-même aller à la Visitation, elle préférerait une Congrégation moins minutieuse. Elle a une dot.

Je n’ai donné aucune espérance à M. Charles de Saint-Priest(3), qui me fatigue autant qu’il vous a fatiguée, mais qui fatigue bien plus Mgr de Mérode, son cousin. Je compte toujours sur la Mère M.-Madeleine, au moins pour six mois. Je vous ai écrit sur Soeur M.-Emmanuel, ses mensonges sont fabuleux. Elle se faisait donner du vin de tout côté. Qu’en faisait-elle? Que fait-elle de toutes ses liqueurs pour les dents? Les Soeurs disent ne lui avoir jamais vu faire d’autre oraison que la culture de sa mâchoire. On n’en finirait pas si l’on voulait tout dire, et il est fort heureux qu’elle soit partie, sans se douter qu’elle ne reviendrait pas. Est-il vrai qu’elle ait plus de douze pantalons de flanelle? Les Soeurs, dans les derniers temps, ne travaillaient plus que pour elle. Mais ceci doit être exagéré. Ce qui est sûr, c’est qu’elle quêtait partout, mais pour elle. Mme Arnal la croit plus méchante que folle. Moi, je la crois surtout faible et incapable de s’arrêter devant une bouteille de vin.

Notes et post-scriptum
1. Pour aller pendre les eaux à Ems.
2. De la décision de sa petite-fille, Marie Correnson, d'entrer chez les Oblates.
3. Qui était venu demander au P. d'Alzon d'intervenir auprès de Mère M.-Eugénie pour qu'elle reçoive gratuitement une jeune fille à Auteuil (lettre de Mère M.-Eugénie du 30 juin).