DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 280

7 jul 1867 Le Vigan COURCY Marie-Gabrielle ra

Qu’on ne me fasse pas trop monter la moutarde au nez! – Marie arrivera jeudi soir et partirait pour Paris le lendemain.

Informations générales
  • DR06_280
  • 3035
  • DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 280
  • Orig.ms. AC R.A.; D'A., T.D. 35, n. 5, pp. 81-82.
Informations détaillées
  • 1 BAVARDAGES
    1 CO-FONDATRICE DES OBLATES
    1 COUVENT D'AUTEUIL
    2 ALCIBIADE
    2 CORRENSON, EMMANUEL-MARIE
    2 DES ROUSSEAUX, MARIE-PAULINE
    2 GERMER-DURAND, EUGENE
    2 GERMER-DURAND, MADAME EUGENE
    2 JEAN GUALBERT, SAINT
    3 PARIS
  • A SOEUR MARIE-GABRIELLE DE COURCY
  • COURCY Marie-Gabrielle ra
  • Le Vigan, 7 juillet [18]67.
  • 7 jul 1867
  • Le Vigan
La lettre

Merci des nouvelles que vous me donnez, ma bien chère fille. Elles me réjouissent le coeur, sauf les effets de la chaleur sur le prieuré et ses membres. Ici nous n’avons ni chaud ni froid, plutôt chaud que froid, quelquefois plutôt froid que chaud.

Vous me réjouissez l’âme en m’apprenant les paroles et déparoles de certaines gens. Ah! que l’on est aimable de parler et de déparler(1)! Alcibiade ne coupa la queue qu’à son chien; moi, j’aurais besoin d’un chien à queue coupée tous les quinze jours. Qu’on ne me fasse pas trop monter la moutarde au nez, car je ne déparlerai pas, mais je parlerai à rabattre bien des caquets. On voit dans la Vie de saint Jean Gualbert que ses moines ayant bâti, je ne sais plus où, un trop beau monastère, il se tourna vers un petit ruisseau desséché et lui dit: « Petit ruisseau, venge-moi de ce bâtiment ». Il partit, et le petit ruisseau s’enfla, s’enfla, roula des cailloux, des pierres qui renversèrent le couvent, et saint Jean Gualbert fut vengé. Je connais un petit ruisseau, que, sans être saint, je pourrais lâcher; mais je préfère avoir un chien. Procurez-moi, je vous conjure, un chien avec un couteau. Ah! pauvre queue, tu en verras de belles!

Tout de même Marie arrivera jeudi soir(2). Peut-être, à cause de ses parents, vous prierai-je de lui donner une chambre. Elle partirait vendredi, à 1 h. et demie du soir, pour arriver samedi soir à Paris.

Je n’y vois pas pour me relire. Adieu, chère fille. Tout vôtre et à vos Soeurs en Notre-Seigneur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Si Soeur Pauline(3) ne peut partir ce jour-là, écrivez ou télégraphiez.1. Ces "paroles et déparoles" concernent Marie Correnson (v. *Lettre* 3021, n. 1). Une lettre du 8 juillet d'E. Germer-Durand à sa femme le confirme: "Des lettres fréquentes viennent sans cesse apprendre au P. d'Alzon qu'on *parle et déparle* toujours à Nîmes au sujet de l'entrée aux Oblates de Marie Correnson." Les termes mêmes de la lettre montrent que M. Durand a reçu les confidences du P. d'Alzon.
2. C'est-à-dire le 11 juillet.
3. Soeur M.-Pauline devait accompagner Mère Emmanuel-Marie de Nîmes à Auteuil.