DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 292

14 jul 1867 Le Vigan CHAUDORDY_ANGELINA

Soeur Emmanuel-Marie. – Le monde et l’éternité. – La vie d’Oblate vous conviendrrait-elle?

Informations générales
  • DR06_292
  • 3048
  • DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 292
  • Orig.ms. ACR, AM 51; D'A., T.D. 37, n. 16, pp. 27-28.
Informations détaillées
  • 1 CHOIX
    1 CO-FONDATRICE DES OBLATES
    1 ETERNITE
    1 FORMATION A LA VIE RELIGIEUSE
    1 IDEES DU MONDE
    1 ILLUSIONS
    1 OBLATES
    1 PRIERE AU SAINT-ESPRIT
    1 QUATRIEME VOEU DES OBLATES
    1 REFLEXION
    1 SUPERIEURE GENERALE
    1 VOEU D'OBEISSANCE
    2 CHAUDORDY
    2 CORRENSON, EMMANUEL-MARIE
    2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
    3 LAFOUX
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 REMOULINS
  • A MADEMOISELLE ANGELINA CHAUDORDY
  • CHAUDORDY_ANGELINA
  • Le Vigan, 14 juillet [18]67.
  • 14 jul 1867
  • Le Vigan
La lettre

Je ne sais, ma chère enfant, si vous serez encore à Lafoux(1), quand cette lettre y arrivera, supposé que vous deviez aller mercredi à Nîmes; aussi je ne veux que vous écrire deux mots. Je viens d’envoyer votre lettre pour Marie à Paris, où elle est depuis hier soir. C’était convenu qu’elle passerait quinze jours au milieu de ses filles, et puis qu’elle irait se former auprès de la supérieure g[énéra]le de l’Assomption aux fonctions de supérieure. Au mois de septembre elle reviendra, et, si alors on vous permet de faire une retraite, vous pourrez voir comment cette petite Mère s’est portée admirablement. Pour moi, j’en suis fort ravi et édifié.

Je suis très content que vous vous soyez un peu frottée avec le monde. C’est un tout petit monde, sans doute, que celui de Lafoux, mais enfin cela vous fait sortir de vos habitudes, et, quand vous y rentrerez, vous verrez quel bien cela vous aura fait. Si vous devez vous établir un jour, vous le ferez avec connaissance; si, au contraire, ce qui vous apparaîtra vous dégoûte, eh bien, Dieu reprendra ses droits. Observez beaucoup, voyez bien ce qui est solide et ce qui est chimère là où vous vivez, et puis regardez l’éternité.

Vous savez avec quel bonheur je vous recevrais chez les Oblates. Mais êtes-vous faite pour ce terrible voeu d’aller aux Missions étrangères, dès qu’on vous y enverra? Supposé que vous vous fassiez religieuse, M. votre père ne vous préférera-t-il pas à l’Assomption? Je vous soumets toutes ces pensées, parce que je ne veux influer en rien sur votre détermination, si ce n’est au point de vue de votre éternité. Vous aimez Marie comme une soeur, saurez-vous lui obéir au besoin comme à une supérieure? Pesez tout cela et demandez au Saint-Esprit ses lumières. La vie d’Oblate est nécessairement laborieuse. Ma chère Angélina saura-t-elle assez surmonter son amour du far niente pour être une édification à nos pauvres filles? Voyez, pesez, priez. Je ne vous détourne pas, je veux que vous puissiez réfléchir après l’ouverture que vous me faites.

Adieu, chère enfant. A mercredi, je l’espère. Venez un peu de bonne heure, si vous le pouvez. Nous causerons même avant la messe.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Localité du Gard, commune de Remoulins.