DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 299

23 jul 1867 Nîmes CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Votre grand-père. – Votre vie sera un enfantement perpétuel des âmes qui vous seront confiées. – Angélina. – Nous aurons un noviciat distingué. – Nos filles ont un bien bon esprit.

Informations générales
  • DR06_299
  • 3055
  • DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 299
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 405; D'A., T.D. 29, n. 85, pp. 97-98; QUENARD, pp. 75-76.
Informations détaillées
  • 1 ACCEPTATION DE LA CROIX
    1 ANGOISSE
    1 ASSOMPTIONNISTES
    1 BON EXEMPLE
    1 CO-FONDATRICE DES OBLATES
    1 ENFANTEMENT DES AMES
    1 ENSEIGNEMENT
    1 INCONSTANCE
    1 MISSIONS ETRANGERES
    1 NOVICIAT
    1 PARENTS
    1 SUPERIEURE
    1 SUPERIEURE GENERALE
    1 TENUE RELIGIEUSE
    1 VIE SPIRITUELLE
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    2 BARNOUIN, HENRI
    2 CHAUDORDY, ANGELINA
    2 CHAUDORDY, MADAME
    2 COMPAND, ALEXANDRINE
    2 CORRENSON, AUGUSTINE
    2 COURCY, MARIE-GABRIELLE DE
    2 EVERLANGE, MARIE-EMMANUEL D'
    2 MERIGNARGUES, ISABELLE DE
    2 MERIGNARGUES, MADAME DE
    2 PETER, MARIE-MADELEINE DE
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 PLEINDOUX, AUGUSTIN
    2 THIBON, LOUIS
    3 AUTEUIL
    3 IRLANDE
    3 LAFOUX
    3 NIMES
    3 VIGAN, LE
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Nîmes, 23 juillet [18]67.
  • 23 jul 1867
  • Nîmes
La lettre

Ma bien chère enfant,

Je venais de recevoir votre lettre, au moment où j’aperçus Augustine dans le parloir. Je la fis entrer et je lui en lus quelques passages. Je lui racontai la visite de votre grand-père à Mme de Mérignargues et sa conversation avec Isabelle, qui me la répéta tout chaud. Il est considérablement apaisé, et, quoiqu’il ait dit qu’il ne voudrait pas que nous pussions nous rencontrer, parce que nous serions l’un et l’autre dans une position fausse, en ce moment, la manifestation que j’ai faite à Monseigneur, dimanche dernier, dans la cour de l’évêché(1), me donne une puissance morale très grande, et dont il est obligé de tenir compte aux yeux du public.

Quant à vous, ma pauvre enfant, je comprends votre angoisse. C’est des supérieures surtout qu’il a été dit: Tu enfanteras dans la douleur. Votre vie va être un enfantement perpétuel des âmes qui vous seront confiées et il faudra leur donner comme une nouvelle vie au pied de la croix. C’est ainsi que vous serez réellement Marie de la Compassion.

Voilà un lorgnon que l’abbé Thibon vous offre et que je compte vous apporter. J’ai parlé d’Angélina pour pouvoir montrer que je dis tout. Mais que je croie qu’elle vienne jamais, excepté par dépit des tracasseries de sa mère, c’est une tout autre question. Figurez-vous que depuis votre départ, trois fois elle m’a promis de m’écrire de Lafoux, et deux fois elle n’a tenu sa promesse qu’à la dernière extrémité. Une autre fois, elle ne m’a pas même écrit. Il faut prendre les gens comme ils sont.

L’abbé Barnouin me promet des filles instruites et capables. Je suis sûr qu’avec un peu d’effort, nous aurons au bout de quelque temps un noviciat distingué. Je constate, par comparaison avec les Soeurs de Besançon et le Refuge, la supériorité de tenue et de bon ton des Oblates, uniquement parce qu’elles ont eu sous les yeux la Mère Marie-Madeleine et la Mère M.-Emmanuel. Or, tout cela est très nécessaire pour les missions étrangères. La Mère M.-Gabrielle, dans le voyage qu’elle va faire en Irlande, m’a promis de voir si elle ne pourrait pas me trouver une fille capable d’enseigner l’anglais. Les nouvelles que je reçois du Vigan sont bonnes. Celles de Nîmes sont excellentes. Réellement nos filles ont un bien bon esprit. La bonne Soeur Alexandrine l’a bien un peu étroit quelquefois, mais je la retourne d’importance et elle prend très bien la chose.

Je ne sais vraiment ce que je dois faire: descendre rue François Ier ou à Auteuil. Je trouve qu’après tout, puisque je dois voir la supérieure générale et vous pendant un mois, c’est bien le moins que je donne vingt-quatre heures à mes religieux, d’autant plus que vous qui n’aurez pas grand’chose à faire, vous pourrez très bien me faire une petite visite.

Adieu, chère enfant. Mille fois à vous en N.-S.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. "La cour d'entrée de l'évêché n'a pas désempli depuis 4 heures du soir jusqu'à 7 heures. Une paroisse succédait à l'autre..." (*Semaine religieuse de Nîmes*).