DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 312

2 aug 1867 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Mère M.-Madeleine. – Conversations à Nîmes et au Vigan. – Devons-nous être plus vos pères que vos frères ou plus vos frères que vos pères?

Informations générales
  • DR06_312
  • 3070
  • DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 312
  • Orig.ms. ACR, AD 1445; D'A., T.D. 23, n. 939, pp. 265-266.
Informations détaillées
  • 1 CHAPITRE GENERAL
    1 CONCILE DU VATICAN
    1 CONGREGATION DES AUGUSTINS DE L'ASSOMPTION
    1 CONVERSATIONS
    1 EMPLOI DU TEMPS
    1 FONDATION DES ASSOMPTIONNISTES
    1 RELATIONS ENTRE RELIGIEUX
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 PETER, MARIE-MADELEINE DE
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    2 VITTE, PIERRE-FERDINAND
    3 EMS
    3 LONDRES
    3 ROME
    3 VIGAN, LE
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, 2 août 1867.
  • 2 aug 1867
  • Nîmes
La lettre

Ma chère fille,

La distribution des prix m’a empêché de vous écrire, comme je l’aurais voulu, et cependant je voulais vous remercier de la manière dont vous voulez bien revenir sur la Mère Marie-Madeleine. Franchement, pour deux mois, je n’en ai pas un grand besoin. Avec les combinaisons que je rumine, elle eût pu m’être utile, si c’eût été pour un temps plus long; mais pour si peu, je n’en vois pas la nécessité et je ne vous en remercie pas moins.

Dois-je vous avouer que les heures que nous passons avec quelques-uns de nos religieux, ce que nous y disons, les encouragements que nous y puisons, diminuent mes regrets d’être ici? Ces conversations vont se renouveler, au Vigan, entre le P. Picard, le P. Vincent de Paul, le P. Hippolyte et moi, et la tournure qu’elles prennent, le bon effet que j’en attends me fait croire que Dieu bénit le grand sacrifice que je fais, en n’allant pas aux eaux avec vous. Redire ce que nous disons serait impossible, mais bien des aspérités s’adoucissent, l’idée de la fondation à Londres, dans un an ou deux, par le P. Picard ou le P. V[incent] de Paul prend à merveille. Les questions pour le futur Chapitre se préparent, les combinaisons pour ma présence à Rome pendant le concile arrivent à un résultat; et quand nous ne ferions pas ce que nous nous sommes proposé, il est sûr que nous ferons ou ne ferons pas, beaucoup plus en connaissance de cause.

Permettez-moi de vous faire une question, sur laquelle vous réfléchirez à Ems et sur laquelle vous me répondrez à loisir. Etant donné que les deux Assomptions doivent se soutenir réciproquement, quelles doivent être, selon vous, la nature précise de ces relations? Remarquez: 1° qu’il est possible qu’une fois vos idées exposées, dans des conversations subséquentes nous puissions les modifier de concert. Remarquez: 2° que, selon toute apparence, le P. Picard devant me remplacer un jour, il sera facile de s’entendre avec lui plus qu’avec tout autre. Mais il faut commencer à réfléchir très sérieusement à ces choses-là. Devons-nous être plus vos pères que vos frères ou plus vos frères que vos pères? Quels moyens d’éviter les inconvénients? En causant avec le P. Picard plusieurs idées me sont venues en tête, mais nous les discuterons(1).

Adieu. Midi va sonner. Priez pour moi et croyez que je me figure par la pensée un certain Ems, où je vous suis bien souvent avec mon coeur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Mère M.-Eugénie répondit le 9 août: "Depuis assez longtemps la question que vous me faites se résoud pour moi de la manière que je l'ai traitée dans le mémoire dont le P. Picard doit avoir plusieurs exemplaires: pour la sécurité de l'avenir et pour la force de la Congrégation, je voudrais que vous fussiez plutôt nos Pères que nos Frères; vous avez toujours été d'un autre avis, je vois des savants et des hommes graves tels que le P. Vitte très opposé à cette organisation en général et pour toutes les Congrégations. Je voudrais bien entendre vos raisons et vous donner les miennes."